« Personne ne l’aime » et serait « inapte» à battre Trump mais, pas de bol, sa courbe décolle… Le nouvel élan que connaît la campagne de Bernie Sanders inquiète les centristes du parti démocrate. « C’est la panique générale et globale », estime John Mason, professeur de sciences-politiques à l’Université William-Patterson (New Jersey). Placée derrière Elizabeth Warren depuis plusieurs mois, la candidature du sénateur du Vermont a connu un spectaculaire rebond ces deux dernières semaines.
Plusieurs enquêtes d’opinion lui accordent la pôle-position dans l’Iowa et le New Hamsphire, les deux premiers Etats à voter. Dans les sondages nationaux (
https://www.realclearpolitics.com/epolls/2020/president/us/2020_democrat…), il se rapproche de Joe Biden et se montre « compétitif » dans les projections de duels avec Donald Trump. On vous parlera souvent de sondages dans le cadre de cette chronique, non par tropisme particulier pour eux mais car ils font partie intégrante du débat. Lorsqu’un sondage Emerson place Bernie Sanders (51-49) que Joe Biden (50-50) face au président sortant, cela sape l’un des arguments principaux de l’ancien vice-président – si ce n’est le principal – est qu’il est le seul à pouvoir défaire Donald Trump lors de l’élection générale du 3 novembre prochain.
« L’establishment vient juste de prendre conscience que le train a déjà quitté la gare et qu’il prend de la vitesse», reprend John Mason. Les réactions se sont avérées plutôt désordonnées et contre-productives. Ainsi Hillary Clinton a-t-elle ouvert le feu la semaine dernière en confirmant au Hollywood reporter, magazine spécialisé dans l’industrie du cinéma, ce qu’elle déclare dans un documentaire qui lui est consacrée (« Hillary »), diffusé à partir de mars sur Hulu : « Il a été au Congrès pendant des années, il n’avait qu’un seul sénateur pour le soutenir. Personne ne l’aime, personne ne veut travailler avec lui, il n’a rien fait », déclare-t-elle. Coincé au Sénat par la procédure d’impeachment, Sanders a sobrement commenté : « La secrétaire (d’Etat) Clinton a le droit d’avoir son opinion. Mon travail aujourd’hui est de me concentrer sur le procès.»
Le problème s’est réglé sur Twitter. Le hashtag ILikeHim (‘Je l’aime ») est devenu en quelques heures la tendance mondiale. Puis une indiscrétion de Fox News prête à Barack Obama une saillie sur le fait que Sanders serait « inapte » politiquement et psychologiquement à battre Trump. L’ancien président pourrait, dans les jours qui viennent, faire une déclaration officielle L’ancien président pourrait, dans les prochains jours, faire une déclaration officielle qui mettrait fin à la neutralité qu’il observe depuis le début de la campagne.
Jusqu’où ira ce naissant « Tout sauf Sanders » ? « Il est très intéressant de constater qu’Elizabeth Warren est devenue une sorte d’alternative raisonnable à Sanders (le New York Times et le Des Moines Register lui ont apporté leur soutien, NDLR), pointe John Mason. C’est un nouvel indice de l’effondrement du néo-libéralisme au sein du parti démocrate. »