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SOURCE : Huffington Post
Les syndicats CGT, FO, SUD de l’Insee dénoncent la “volonté du gouvernement d’enfreindre” le principe d’indépendance de la statistique publique.
Les résistances à la réforme des retraites du gouvernement sont parfois insoupçonnées. Après le rapport sévère du Conseil d’État, le courrier alarmant de deux députés LREM sur le financement du nouveau système ou la future commission d’enquête parlementaire sur la sincérité de l’étude d’impact du projet … voilà que c’est au tour de l’Insee de se faire entendre.
Les syndicats de l’Institut national de la statistique et des études économiques refusent effectivement d’établir le nouvel indicateur demandé par le gouvernement pour calculer les retraites. Ils accusent, dans un communiqué publié le 13 février et que vous pouvez retrouver ci-dessous, le gouvernement de vouloir faire porter à “l’Insee une responsabilité qu’il n’a pas à prendre.”
Laquelle? “Construire un indicateur dont le seul but est de baisser le niveau des retraites.”
Pour tout comprendre, retour la semaine passée. Le 7 février en commission spéciale à l’Assemblée nationale, le secrétaire d’État aux retraites, Laurent Pietraszewski a indiqué que l’Insee sera chargé d’établir un nouvel indicateur… selon des modalités fixées par décret en Conseil d’État.
Quid de l’indépendance de l’Insee?
Un coup de canif dans le principe d’indépendance de la statistique publique, selon les organisations syndicales. “La méthodologie de cet indicateur échappe ainsi aux statisticiens et économistes de la fonction publique. Le gouvernement ne semble pas connaître la loi n° 51-711 du 7 juin 1951 sur l’obligation, la coordination et le secret en matière de statistiques qui affirme l’indépendance de l’Insee en matière de conception, de production et de diffusion statistique”, peut-on lire dans le communiqué.
Les syndicats estiment ainsi que l’Insee n’a pas ”à répondre aux commandes du gouvernement”, qui plus est concernant une réforme contestée qui touchera toute la société.
Mais le texte ne s’arrête pas là. Il reprend les arguments déjà affichés par l’opposition et estime que dans son mode de calcul, bien qu’encore obscur, le nouvel indicateur sera “moins favorable aux futures pensions.” Pourquoi? Car contrairement à ce qu’avait annoncé le gouvernement, le calcul ne se fera pas uniquement en fonction de l’évolution des salaires.
L’opposition soulevait déjà le problème
Un “lièvre”, selon les mots de Jean-Luc Mélenchon, déjà soulevé lors des discussions à l’Assemblée nationale. À gauche comme à droite, les oppositions s’étaient effectivement accordées pour dénoncer l’impréparation et les incertitudes du gouvernement. En cause justement l’adoption, sans débat, de cet amendement transformant le calcul de la valeur du point, un enjeu pourtant central parce que de cette valeur, dépend le futur montant des pensions.
Le texte initial prévoyait de s’appuyer sur “revenu moyen par tête.” L’amendement prévoit désormais un calcul sur la base notamment, du “revenu d’activité moyen”, une donnée inconnue et surtout censée être plus large que le simple salaire.
“Vous fondez un élément central de votre dispositif sur un agrégat dont vous-mêmes vous êtes en train de nous dire ‘oui, ben on va voir quoi’”, s’était par exemple indigné le député socialiste Boris Vallaud, alors que les responsables LREM expliquaient compter sur le futur travail de l’Insee. Visiblement ce n’est pas gagné.