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SOURCE : NPA
Benjamin Griveaux a donc jeté l’éponge dans la course à la mairie de Paris, dans laquelle il était largement distancé, dans les sondages, par Anne Hidalgo et Rachida Dati, entre autres en raison de la candidature dissidente de Cédric Villani. Un renoncement qui s’est certes fait dans des circonstances particulières, suite à la publication de messages et d’images relevant du domaine privé, un procédé pour le moins sordide, mais qui participe nénamoins d’une dynamique plus large de déstabilisation et de fragilisation du pouvoir.
Leur empathie et la nôtre
Jusqu’à preuve du contraire, Benjamin Griveaux n’a, dans « l’affaire » qui a précipité sa chute, rien commis d’illégal ou de répréhensible, dans la mesure où la personne destinataire de ses messages, photos et vidéos aurait été, selon l’homme qui les a mises en ligne, Piotr Pavlenski, consentante : « Clairement, malgré nos relances, il [Pavlenski] n’indique aucun comportement, à ce stade, susceptible d’être inapproprié, voire de relever de harcèlement sexuel. »1 C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont fait que Mediapart, contacté en début de semaine par Pavlenski, a refusé de publier les « informations » de ce dernier : « Ces messages et ces vidéos ne sont rien d’autre qu’une atteinte manifeste à la vie privée, ou de la pornodivulgation (le terme officiel pour “revenge porn”). […] Et cela n’a absolument rien à voir avec les enquêtes que Mediapart a publiées depuis bientôt dix ans sur les violences sexistes et sexuelles, ou sur les comportements jugés inappropriés de personnes en position de pouvoir. »2 Un point de vue que nous ne pouvons, au vu des informations pour l’instant disponibles, que partager.
Rien de politique donc, et rien de très reluisant, dans la révélation de ces vidéos et photos. Mais le moins que l’on puisse dire est que l’on a du mal à éprouver de l’empathie pour le candidat d’une majorité présidentielle qui joue à fond la carte de la « peopolisation », en faisant de la vie privée un argument de vente politique, et qui, surtout, mène depuis plus de deux ans et demi une politique détruisant nos droits, nos libertés, nos vies. Que le procédé consistant à rendre publiques des images privées soit dégueulasse ne rend pas Griveaux sympathique, et nous ne mêlerons pas nos voix à ceux qui proclament leur « soutien » ou leur « solidarité » avec le représentant d’un pouvoir qui insulte chaque jour les salariéEs et les chômeurs, qui détruit méticuleusement les services publics, qui brise des vies par ses contre-réformes ultra-libérales, qui veut nous faire travailler jusqu’à la mort, qui blesse, qui mutile, qui soutient les flics tueurs, qui persiste dans une politique climaticide, qui participe à des sales guerres, qui vend des armes à des dictatures… la liste n’est pas exhaustive.