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SOURCE : Arrêt sur images
“Est-ce que c’est compréhensible que le gouvernement dise, on ne va pas y passer cent ans, allez hop, 49.3 !”
demande ce matin Léa Salamé à son invité, Laurent Berger. “Allez hop !
” De fait, le gouvernement et les oppositions sont engagés dans une compétition pour faire porter à l’autre la responsabilité du “passage en force” de la réforme. Le gouvernement en martelant le chiffre des 40 000 amendements déposés par l’opposition. Et l’opposition en multipliant les vidéos d’extraits du débat parlementaire, montrant combien un débat approfondi est nécessaire, pour préciser les multiples flous du projet.
“Allez hop !” :
Salamé rejoint ainsi le choeur de l’info continue qui, depuis trois jours, anticipe joyeusement la décision gouvernementale de faire passer la réforme des retraites sans vote ni débat, avec l’article 49.3 de la constitution, à grands coups de “la question n’est pas de savoir si, mais quand”
(voir notre montage).
Car ils savent, tous. D’où savent-ils ? Mystère. Mais ils savent. De deux choses l’une, soit les présentateurs détiennent l’information de source sûre, Edouard Philippe en personne leur a glissé, croix de bois croix de fer, que le gouvernement allait déclencher le 49.3. Soit ce n’est pas le cas, ils ont simplement intégré l’impatience du gouvernement, cette hâte d’en terminer avant les Municipales, ils la reprennent dans leur voix, et ils sont alors dans l’anticipation autoréalisatrice. Si le gouvernement finit en effet par faire passer sa réforme sans vote, le choc en sera atténué, apparaissant comme le déblocage naturel d’une situation bloquée, d’une “occlusion parlementaire”, selon le terme élégant du macroniste Mounir Mahjoubi.
Je dis bien “si”
le gouvernement déclenche le 49.3, et non “quand”. Car contrairement aux apparences, cet épilogue serait tout sauf une fatalité naturelle. Six députés macronistes néo-frondeurs, et deux apparentés (écouter ici le député LREM du Vaucluse Jean-François Cesarini), ont publié voici quelques jours un appel pour que l’Assemblée consacre au débat le temps nécessaire (évalué à sept semaines). Sept semaines, pour un sujet aussi essentiel que la réforme des retraites, cela n’apparait pas déraisonnable. Sous le quinquennat Hollande, les députés “frondeurs” squattaient les plateaux et les articles. Etrangement, sous Macron, on ne les laisse pas troubler le cours naturel des fatalités météorologiques.