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SOURCE : Paris luttes
Quand les syndicats et partis confisquent nos luttes, la défaite est au programme. Se réapproprier les luttes par des assemblées générales décisionnaires c’est se donner la capacité de vaincre.
En raison des dizaines de jours de grève cumulés par plusieurs de ses membres, le comité de lutte et de grève des territoriaux de Fontenay-sous-Bois a cessé la grève reconductible.
Pour autant, nous comptons bien ne pas abandonner le combat. C’est pourquoi, nous avons décidé d’opter pour la grève perlée, c’est-à-dire 1 à 2 journées de grève hebdomadaire. Cela nous permet de proposer et mener des actions, d’organiser des assemblées générales et des réunions publiques.
Dans cette optique, nous appelons l’ensemble du personnel communal à participer aux prochaines actions et mobilisations qui consisteront à créer l’unité des secteurs public et privé dans la grève interprofessionnelle.
Cet appel ne peut se lancer sans quelques réflexions et mises en perspectives, alors que le mouvement de lutte contre le projet de destruction de nos retraites s’est amorcé… il y a presque 3 mois !
Tout d’abord, nous tenons à relever que la grève des agents RATP et cheminots de l’hiver 2019/2020 a été historique par sa durée et son intensité. Cela ne fut possible qu’en raison de la forte implication des grévistes dans les Assemblées générales, lesquels avaient initialement poussé les organisations syndicales à déposer des préavis de grève pour la journée du 13 septembre 2019 (suivie à environ 90%), préambule au grand mouvement qui allait suivre.
Nous déplorons que cette combativité massive, survenue dans le secteur stratégique des transports, n’ait pas été imitée par le reste du salariat, notamment dans les raffineries et les ports, malgré les effets d’annonce d’organisations syndicales.
A l’opposé de ce schéma d’appropriation de la grève par les salariés eux-mêmes, nous avons assisté à un déballage de « journées de mobilisation » et même une « trêve de noël » proposées par les syndicats, souvent par corporation et secteur, sans que ne se tiennent d’Assemblées générales décisionnaires où l’on puisse débattre et voter des actions.
Malgré des actions locales coordonnées par la base, notamment sur des blocages, cette configuration a empêché l’unification des grévistes de tous les secteurs, laissant finalement les agents de la RATP et les cheminots s’épuiser puis interrompre la lutte, faute de financement, notamment. À cet égard, on ne peut que regretter l’absence de volonté des centrales syndicales de soutenir conséquemment les grévistes, malgré les dizaines de millions d’euros qu’elles perçoivent annuellement en provenance de l’État et du patronat (source : rapport PERRUCHOT).
La lointaine journée de mobilisation nationale programmée au 31 mars par l’intersyndicale accentuera, à n’en pas douter, la dynamique de la défaite.
Il est donc curieux d’entendre des lamentations sur la « destruction du contrat social » que porte le projet de réforme des retraites, au moment où les appareils censés défendre les intérêts des travailleurs n’ont pas pris la peine, de préparer, soutenir et amplifier une riposte à la hauteur de cette attaque historique. D’ailleurs, cette conduite provoque des remous significatifs au sein de plusieurs organisations syndicales.
Ces données d’ordre général, ajoutées à la féroce répression étatique contre le mouvement social, sont autant de facteurs explicatifs des hésitations voire du refus de rejoindre la lutte en cours que nous opposent les non-grévistes.
Dans ces conditions, étendre et durcir la grève est plus que nécessaire, d’autant que le gouvernement n’hésitera pas à recourir aux ressorts les plus antidémocratiques de la Ve République tels que l’article 49,3. Mais cela ne peut se faire sans clarifier ouvertement le rôle et la fonction des forces en présence, les causes de l’échec en germe du mouvement de lutte actuel, les possibles voies par lesquelles il pourrait triompher.
En se penchant sur le passé, on observe que les luttes victorieuses ont toujours pu s’appuyer sur une forte intervention des grévistes, en particulier dans les assemblées générales. La grève des cheminots de 1986 en témoigne.
C’est dans cette logique de coordination et de construction d’une force collective que l’appel en commun des territoriaux de Paris et de Fontenay-sous-Bois a été voté (appel ci-joint) et proposé aux territoriaux des assemblées générales de Bobigny et d’Ivry-sur-Seine. C’est aussi dans ce même esprit que le comité de grève et de lutte a élaboré et a diffusé le document (ci-joint) expliquant clairement l’ultime mise en œuvre de la destruction de la fonction publique.
Aussi, nous invitons nos collègues et au-delà, tous les salariés, à se mobiliser dans l’unité. Cela n’est possible que s’ils se saisissent de leur lutte dans le cadre d’Assemblées générales décisionnelles, en dehors des logiques bureaucratiques qui n’ont fait que montrer leur inefficacité.
La caisse de grève gérée par le comité de grève et de lutte est permanente afin d’aider à ancrer le mouvement dans la durée. N’hésitez pas à l’alimenter et à nous contacter si vous désirez en bénéficier.
Un préavis a été prolongé jusqu’au 31 mars 2020, il protège les agents qui veulent faire grève. Nous vous rappelons que les assemblées générales comptent comme heure d’information syndicale. A très bientôt.