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SOURCE : Huffington post
La distanciation sociale semble avoir un effet sur le coronavirus, mais il faut plusieurs jours, sans doute plus d’une semaine, pour en tirer profit.
Retarder, ralentir, écrêter la courbe épidémique provoquée par le nouveau coronavirus Sars-Cov2. C’est le but des multiples mesures de confinement annoncées depuis quelques jours en France par le gouvernement. C’est ce qu’a précisé Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, samedi 14 mars, juste après l’annonce de la fermeture des commerces non essentiels.
En attendant, malgré la fermeture des écoles, des restaurants et magasins, l’épidémie de Covid-19 continue d’exploser en France. Sur France Inter, lundi 16 mars, Jérôme Salomon a rappelé que si les Français ne respectent pas les consignes, la courbe ne risquait pas de s’aplatir.
Mais au bout de combien de temps ces mesures sont censées produire leurs effets? Le coronavirus Sars-Cov2 étant nouveau, on pourrait se demander s’il fonctionne comme de précédents virus. Et s’il faut du recul pour avoir des certitudes scientifiques, nous n’avons pas le temps.
Il existe pour autant des indices si l’on regarde ce qu’il s’est passé en Chine, en Corée du Sud et en Italie. Ces éléments peuvent nous donner une idée de l’impact des mesures de distanciation sociale et de confinement sur la courbe épidémique.
Chine et Corée en miroir
Deux pays semblent avoir réussi à contrôler (pour l’instant) l’épidémie de Covid-19. Depuis plusieurs jours, la Corée du Sud enregistre environ 100 nouveaux cas par jour seulement. Pour la Chine, c’est même en dessous de 50.
Les deux pays ont utilisé des stratégies bien différentes pour lutter contre le coronavirus Sars-Cov2 (plus d’informations sur la Chine ici et sur la Corée du Sud là), mais elles ont eu le même effet: beaucoup de dépistages, un suivi des infectés important et un confinement de la population (volontaire en Corée du Sud). Dans les deux cas, quand ces mesures ont été prises, le nombre quotidien de nouveaux contaminés a fini par baisser quelques jours plus tard (entre 8 et 11 environ).
Ce graphique montre l’évolution du nombre de cas confirmés en Chine (avec, en barre transparente, les dates où des mesures de confinement ou distanciation ont été prises):
Voici le même graphique pour la Corée du Sud:
Un délai inévitable
Évidemment, rien ne permet d’affirmer avec une certitude absolue que cette baisse est directement due aux mesures de distanciation sociale. Mais ce délai de quelques jours observé entre la prise des mesures et les effets est assez logique. Quand l’OMS est revenue de sa mission d’observation en Chine, elle a publié un rapport très complet sur la gestion de l’épidémie de Covid-19. Ce qui lui a permis de créer un graphique plus élaboré.
Grâce aux données chinoises, les chercheurs ont pu analyser l’évolution du nombre de nouveaux cas recensés chaque jour. Ce sont les colonnes orange. Ils ont ensuite pu extrapoler quand les symptômes des patients ont commencé. Ce sont les colonnes bleues.
Que peut-on dire de ce décalage? Que le 23 janvier, alors que la Chine compte moins de 700 cas recensés officiellement, Wuhan est mise en quarantaine et des mesures drastiques sont prises.
Sauf qu’à ce moment, des milliers de personnes sont en réalité déjà contaminées. C’est suite aux dispositions prises par Pékin que le nombre de cas nouveaux quotidien, en bleu, commence alors à baisser.
C’est logique: le virus se transmet en moyenne à deux ou trois personnes par infecté. Si l’on réduit les contacts, on réduit le risque que le virus se propage.
Il semblerait donc assez logique que ce décalage soit également à l’œuvre dans tous les pays touchés. Et l’Italie peut nous donner une petite idée.
Le double exemple italien
Si l’on fait le même exercice que pour la Corée du Sud et la Chine, le cas de l’Italie semble montrer que rien ne bouge pour l’instant. Malgré de premières mesures locales de confinement dès le 23 février.
Mais la réalité est plus subtile. C’est ce que nous apprend ce graphique, issu d’une étude traitant de l’impact démographique sur la pandémie de Covid-19, mise en ligne dimanche 15 mars. En vert, le nombre de cas (cumulé) déclarés à Lodi, l’une des premières provinces touchées. En rouge, le même chiffre, mais pour la province de Bergame.
“Au 13 mars, la province de Bergame la plus touchée (2368 cas) avait largement dépassé la province de Lodi (1133 cas) où le foyer a commencé et où les mesures de confinement ont été introduites en premier”, expliquent les auteurs, qui rappellent que “les interventions de distanciation sociale” ont démarré le 23 février à Lodi.
Il a par contre fallu attendre le 8 mars pour que des mesures similaires soient prises à Bergame. Ces informations fournissent “certaines preuves empiriques du potentiel des interventions d″aplatissement de la courbe’”, estiment les auteurs de l’étude.
C’est pour cela qu’il faut agir vite et fort pour contenir le virus.