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SOURCE : batiactu
RAPPEL A L’ORDRE. Muriel Pénicaud, ministre du Travail, s’en est vertement prise aux entreprises du BTP qui décident de fermer leur activité du fait de la mise en confinement. Elle qualifie cette attitude de “défaitisme”, alors que le pays traverse sa crise la plus grave depuis la seconde guerre mondiale.
Des entreprises “défaitistes” ?
Elle est revenue plus longtemps sur le secteur du Bâtiment. “On nous explique qu’il est impossible d’y travailler parce que l’on monte à deux dans une camionnette et qu’il y est impossible d’y respecter la distance sanitaire minimale : mais pourquoi pas prendre deux voitures pour se déplacer ?” Puis, sur chantier, la ministre invite à travailler différemment de manière à ne pas être “côte-à-côte”. “Les entreprises doivent faire une réunion avec leurs salariés de manière à trouver des solutions pour continuer l’activité”, demande-t-elle, regrettant une attitude qu’elle n’hésite pas à qualifier de “défaitisme”. “Les entreprises qui sans avoir discuté et réfléchi avec leurs équipes, se retirent, sont défaitistes.”
Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment(FFB), est intervenu sur France info ce même 19 mars pour rappeler la complexité de la situation. Il a formulé une nouvelle fois sa demande d’un arrêt de dix jours des chantiers, pour mieux tenir compte de la protection des salariés notamment. “Il y a deux problèmes”, a-t-il assuré. “Nos gars ne veulent pas y aller parce qu’ils ont entendu le discours du président de la République : ‘Restez chez vous !’. Et deuxièmement, on a des sujets très techniques et précis dans notre secteur pour éviter le fameux ‘un mètre’.” Avant de citer plusieurs exemples concrets : “Comment fait-on pour porter des charges lourdes ? Comment fait-on quand on a cinq ou six personnes dans une camionnette pour aller sur un chantier ? Comment fait-on dans les cantonnements ? Et tout ça sans masque…”
Sur BFM Business, le 18 mars, Jacques Chanut avait aussi estimé que c’était un “scandale” d’imaginer que des entreprises du bâtiment tentaient de profiter du système exceptionnel d’activité partielle. “Il ne faut pas que l’inquiétude de nos entreprises se transforme en colère. Nous avons vraiment besoin que la pression redescende et que tout le monde se mette autour d’une table, même virtuelle, afin que nous définissions ensemble les conditions permettant à nos compagnons de revenir sur les chantiers, et ce en toute sécurité.”
Réaction de Patrick Liébus, président de la Capeb : “Ces propos sont scandaleux”
Contacté par Batiactu, le président de la Capeb Patrick Liébus estime les propos de Muriel Pénicaud “scandaleux”. “Cela témoigne d’un mépris profond, et je pèse mes mots, pour ces artisans et ces salariés qui travaillent dans le bâtiment et n’ont jamais rien demandé.” Il s’indigne également du fait que la Capeb soit visée nommément, alors même que les trois organisations, avec la FFB et la FNTP, étaient sur la même longueur d’ondes. “La filière mobilisée va réagir à ces propos”, nous assure-t-il. “Pourquoi les artisans devraient aller travailler à l’heure où certaines usines sont fermées, où les travaux de Notre-Dame sont stoppés, ceux du Grand Paris express suspendus, à l’heure où dans certaines communes on interdit d’aller travailler ? La Capeb ne va pas en rester là par rapport à ce qui vient d’être dit par la ministre.”
Le patron des artisans du bâtiment soupçonne l’État de ne pas vouloir dépenser trop d’argent sur le chômage partiel. “S’ils se sont trompés dans leurs calculs financiers par rapport à ce qu’ils ont promis, et qu’ils comptent sur les bons petits soldats du bâtiment pour aller au front, en prenant des risques inconsidérés pour leur santé mais aussi pour la santé de leurs clients…”