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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale
Si le plan de Macron est que, comme le disent des tweets macroniens, « le corps social se resserre autour de la figure présidentielle », hé bien nous n’en sommes pas là.
Le matin suivant la proclamation de l’« état de guerre » par Macron, Agnès Buzyn, en larmes (et peu importe de savoir si ces larmes auraient été les mêmes avec un autre résultat aux municipales) déclare sans ambages à propos des municipales qu’« on aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade. » et qu’elle avait alerté Macron le 10 janvier, et écrit à Philippe qu’il fallait reporter les municipales le 30 janvier. Donc, qu’elle-même, Macron et Philippe mentaient sciemment depuis des semaines.
Ainsi commençait la soi-disant « guerre » de Macron contre le virus. A qui fait-il la guerre en vérité ? On le savait déjà, mais le projet de loi dit d’urgence sanitaire adopté mercredi en conseil des ministres l’indique clairement : aux salariés, actifs, chômeurs et retraités. Oui, nous passons à l’économie administré. Non, l’économie étatisée barricadée derrière ses frontières n’est fondamentalement pas différente du « libéralisme ». Dans les deux cas, il s’agit de reproduire la domination capitaliste.
Que contient ce projet de loi ?
Il donne au premier ministre pleins pouvoirs pour restreindre « la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion », permet des réquisitions, des mises aux arrêts – pardon, des confinements – à domicile, et donne tout latitude aux préfets pour les mesures d’application : plus besoin de recourir à l’article 16, nous y sommes. Elle accorde aux entreprises, mais pas aux gens, la suspension des « charges », loyers, factures de gaz et d’électricité. Elle permet aux patrons de modifier comme ils veulent les « conditions d’acquisition des congés payés » – le flou de cette formule supprime de facto le droit aux congés payés conquis en juin 1936 – et la répartition des RTT. Le tout est présenté comme provisoire mais Macron lundi soir a affirmé qu’après la crise, on ne serait plus comme avant …
Ces mesures ont-elles un rapport avec la lutte contre l’épidémie ?
Partout, les salariés obligés de travailler sans mesure de sécurité protestent, font grève sous la forme du droit de retrait. La Fédération des patrons du bâtiment elle-même, de nombreux petits patrons n’y tenant plus eux-mêmes, annonce des fermetures. La ministre Pénicaud « scandalisée », voyez-vous ça, la tance pour son« manque de civisme » !
Pire encore : voila le gouvernement qui menace les entrepreneurs en BTP de ne pas leur payer le chômage partiel promis à tous les patrons ! Ils veulent forcer les patrons du BTP à mettre leurs salariés en danger ! Et ils prétendent diriger la lutte contre le virus ?
Le MEDEF s’affole : « les entreprises ne sont plus en mesure de poursuivre leur activité sous la pression des salariés ». Merci, M. Martin (président du MEDEF) pour la clarté de ces propos : la pression des salariés, c’est la lutte contre l’épidémie. Macron, lui, « exhorte les entreprises et les salariés à poursuivre leurs activités » (titre deLibération) : Macron lutte contre les salariés, pas contre l’épidémie. Et l’État-patron de même : honte et infamie, M. Dussopt, l’auteur de la loi de destruction des statuts de la fonction publique, annonce que la journée de soi-disant « carence » punissant d’un jour de salaire tout arrêt maladie s’applique aussi au coronavirus !
Au fait, Macron lundi soir avait annoncé d’un ton martial que tous les personnels soignants auraient des masques à la date de … hier soir. Inutile d’en dire plus … et même à Mulhouse, même dans le Haut-Rhin, médecins et infirmiers « vont au front tout nus », comme le décrit le coordinateur des médecins du Haut-Rhin, Didier Kleimberg.
Par contre, ils nous font la morale : ce seraient les « comportements » des Français qui diffuseraient l’épidémie. Ils s’opposent aux mesures pour aider les personnes isolées, les vieux, les handicapés, les migrants, les prisonniers, et favorisent autant de foyers d’infection. Le préfet de Paris Lallement ose plastronner : « Vous me connaissez ! Vous allez voir ! ». Il a mis en scène une descente à Belleville. Des violences policières, notamment contre des femmes n’ayant pas le « pass Castaner », se sont déjà produites. C’est intolérable.
A trois jours du confinement général, la tension monte. Le peuple respecte et fait respecter le confinement. La lutte contre l’épidémie est menée par la population, par les associations, les sections syndicales, les salariés usant de leur droit de retrait, et, en première ligne, nos camarades les personnels soignants. Le sabotage de la lutte est conduit par le pouvoir exécutif qui prétend l’avoir déclenchée alors qu’il l’a retardée et qui prétend rogner les libertés et les droits au lieu de stopper le virus. Il n’y a toujours ni masques ni tests alors que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) exhorte à développer les tests, choix refusé par les autorités françaises depuis le début !
Le monde du travail est en train de réaliser le confinement, pas parce que Macron l’a ordonné mais contre lui. Toutes les infamies, toutes les vilenies, de ce pouvoir, doivent être comptabilisées et exposées au grand jour. Cela va avec la lutte contre l’épidémie. En effet M. Macron, il n’y aura pas de retour à la case départ.
19-03-2020.