AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : A l'encontre
Par Jane Slaughter
Les conducteurs de bus de Detroit (Michigan) réunis en assemblée ont décidé mardi 17 mars 2020 qu’ils ne reprendraient pas le travail sans que soient en place des mesures de précaution.
Dans la ville entière, le service des bus a été interrompu en raison de la «pénurie de chauffeurs», comme l’ont formulé des responsablesmunicipaux.
Le syndicat des conducteurs a apporté son soutien à ces salariés et à leur débrayage: en 24 heures leur grève a permis la victoire de toutes leurs revendications.
Glenn Tolbert, président du Local 26 du Syndicat uni des transports (SUT, Amalgamated Transit Union-ATU), a raconté à Labor Notes sa tournée en ville ce matin pour vérifier si la direction a bien tenu ses engagements.
«Les usagers entrent et sortent par les portes arrière des véhicules», explique-t-il «et n’ont que très peu d’interactions avec les chauffeurs».
Glenn Tolbert explique que la fermeture lundi de toutes les cantines publiques a été le détonateur du débrayage. Les chauffeurs se voyaient privés d’accès aux toilettes, aux douches ou aux lave-mains.
Les chauffeurs se sont rassemblés à l’aube dans les deux grands terminaux de bus. Selon le vice-président Willie Mitchell: « Certains chauffeurs craignaient la saleté des véhicules et ne voulaient pas reprendre le travail avant l’amélioration de la propreté. Après discussion, ils ont décidé de ne pas reprendre le travail. Ils nous ont appelé et ont demandé que nous soutenions leur mouvement. Et c’est ce que nous avons fait.»
Nettoyage
Mike Duggan, le maire de Detroit [démocrate, il est à la mairie depuis 2014, une ville déclarée en faillite en 2013], s’est rendu sur les deux terminaux pour prendre connaissance des plaintes des chauffeurs. La municipalité a garanti que des sanitaires seraient disponibles en recourant à des toilettes mobiles avec désinfectant pour les mains si nécessaire (une résistance s’exprime déjà due à la crainte que de telles installations ne soient pas propres).
Des équipes de nettoyage seront embauchées et des protocoles de nettoyage adéquats élaborés: «Renouvellement des chiffons dans chaque bus, désinfection des points de contact élevés [poignées de soutien, barres transversales] avec un désinfectant optimal.» Des gants et des lingettes désinfectantes seront mis à disposition des chauffeurs au début de chaque relève et des masques «à la demande et dans la mesure de leur disponibilité».
«La grève a pris les usagers au dépourvu», s’est excusé Glenn Tolbert «mais la grève était pour eux! L’action de notre section syndicale est un exemple pour les conducteurs de bus dans le pays entier. Nous avons reçu des prises de position de partout et d’aussi loin que Washington.» (Article publié, le 20 mars 2020, par le site de Labor Notes qui organise depuis des années un réseau de syndicalistes combatifs à l’échelle des Etats-Unis; traduction rédaction A l’Encontre)
Jane Slaughter a été rédactrice, durant de nombreuses années, du bulletin Labor Notes. Elle est membre de la section de Detroit des Democratic Socialists of America (DSA)