Vaccins, chloroquine, remdesivir… Où en sont les recherches pour trouver des remèdes contre le coronavirus ?

AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.

SOURCE : France info

Lundi, un professeur marseillais a affirmé avoir obtenu des résultats positifs avec un médicament contre le paludisme et les Etats-Unis ont lancé le premier essai clinique d’un vaccin.

Alors que le nombre de victimes du coronavirus Covid-19 continue d’augmenter, et que la France est entrée dans un confinement plus strict que jamais, mardi 17 mars, la recherche scientifique est plus scrutée que jamais. Des scientifiques du monde entier sont lancés dans une course contre la montre pour trouver un traitement contre le virus, et un vaccin dans un second temps.

Il n’existe pour l’instant aucun traitement ou vaccin agréé contre le Covid-19 (bien qu’on puisse tout de même en guérir). Mais deux étapes qui semblent prometteuses ont été franchies lundi : à Marseille, un professeur a affirmé avoir obtenu des résultats positifs avec un traitement contre le paludisme à l’usage controversé ; à Seattle (Etats-Unis), le premier essai clinique d’un possible vaccin a débuté. Mais on reste loin d’une solution miracle pour combattre la pandémie. Franceinfo vous résume quels sont les principaux projets en cours.

Un premier vaccin testé aux Etats-Unis

C’est manifestement le projet de vaccin le plus avancé à ce jour. Les Instituts nationaux de santé américains ont annoncé lundi l’ouverture d’un premier essai clinique à Seattle du mRNA-1273, développé par Moderna. “Le premier participant a reçu le vaccin expérimental aujourd’hui”, ont-ils ajouté. Au total, 45 patients participeront à cet essai pendant environ 6 semaines, tous volontaires, âgés de 18 à 55 ans et en bonne santé.

Cette étape a pour but d’étudier l’impact de l’injection de différentes doses dans le tissu intramusculaire de la partie supérieure du bras, et de surveiller l’apparition d’éventuels effets secondaires (douleurs ou fièvre). Ce n’est qu’un début : d’autres phases de test seront nécessaires et les autorités américaines estiment que, si tout se passe bien, il faudrait tout de même entre un an et un an et demi pour que le vaccin soit disponible.

Les créateurs de ce vaccin ont également expliqué son principe : ne pas injecter la totalité du virus mais simplement une substance appelée “messager ARN”, qui suffirait à déclencher une réponse immunitaire du corps humain.

Un autre expérimenté à partir d’avril

La société de biotechnologie américaine Inovio Pharmaceuticals affirme que son propre projet de vaccin est presque aussi avancé. “Nous prévoyons de commencer les essais cliniques aux Etats-Unis en avril”, promettait son président J. Joseph Kim début mars. Le premier essai devrait impliquer 30 volontaires. L’entreprise veut ensuite étendre “rapidement” ses essais “en Chine et en Corée du Sud, où l’épidémie touche le plus de gens”. Et se dit capable, si les tests sont concluants, de livrer “un million de doses d’ici la fin de l’année”.

Le vaccin d’Inovio fonctionne sur un principe similaire de celui de son concurrent Moderna, si ce n’est qu’il utilise l’ADN plutôt que l’ARN, c’est-à-dire un maillon plus en amont de la chaîne. Les deux entreprises espèrent que leurs méthodes novatrices permettront une élaboration plus rapide que pour les vaccins classiques, qui utilisent le virus tout entier. Mais elles n’ont jusqu’ici jamais produit un vaccin mis sur le marché.

Elles font toutes deux partie d’un groupe de six entreprises financées pour trouver un vaccin au coronavirus Covid-19 par la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI), une fondation recevant des dons d’acteurs privés mais aussi d’Etats. Les quatre autres projets sont à un stade moins avancé.

Un projet franco-américain moins avancé

Le groupe pharmaceutique français Sanofi travaille aussi sur la question. Il est, cette fois, associé au ministère américain de la Santé. Mais les délais annoncés sont nettement plus longs : le vice-président exécutif et responsable de Sanofi Pasteur, David Loew, a estimé pouvoir disposer d’un candidat vaccin “dans moins de six mois” et potentiellement entrer en essai clinique “dans environ un an à un an et demi”. Sanofi utilise une autre méthode, une “technologie de recombinaison de l’ADN”, qui consiste à combiner l’ADN du virus avec l’ADN d’un virus inoffensif afin de créer une nouvelle entité cellulaire, et provoquer une réponse immunitaire. C’est déjà comme cela qu’est élaboré le vaccin de Sanofi contre la grippe.

Un traitement à la chloroquine prometteur

A Marseille, l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée infection teste depuis le 9 mars le traitement des malades du Covid-19 avec de la chloroquine (ou plus exactement d’hydroxychloroquine). Avec des résultats encourageants, rapporte France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur. Sur 24 patients volontaires testés, “il n’y a plus que 25% de porteurs” du virus après six jours, a affirmé Didier Raoult, directeur de l’IHU, lundi, dans une vidéo YouTube. Les autres sont donc en voie de guérison. Le professeur explique que ce groupe a été comparé avec un groupe de patients à Nice et Avignon, qui n’a pas reçu de chloroquine, et comptait toujours 90% de porteurs du virus après la même durée.

Ces résultats sont d’autant plus prometteurs que la chloroquine est un médicament peu onéreux, couramment utilisé contre le paludisme. En février, un essai mené sur plus de 100 malades de plusieurs hôpitaux en Chine avait déjà montré des signes d’efficacité, selon une étude cependant publiée (dans la revue BioScience Trends) de façon préliminaire, c’est-à-dire sans avoir été validée par un comité d’experts scientifiques. L’étude marseillaise, elle, va être “envoyée à un journal” pour validation, a assuré Didier Raoult lundi.

Les résultats chinois avaient été accueillis en février avec un enthousiasme mitigé : “Aujourd’hui, la communauté scientifique n’est pas très convaincue. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas s’y intéresser”, avait commenté le numéro 2 du ministère de la Santé français, Jérôme Salomon. Outre le manque d’évaluation de l’étude par des pairs, certains pointaient les importants effets secondaires potentiels de la chloroquine : “affections du système immunitaire, affections gastro-intestinales, nausées, vomissements, troubles au niveau hépatique voire hématologique…” énumérait le pharmacologue Jean-Paul Giroud. Il ne faut “pas toucher à la Nivaquine”, nom sous lequel elle est généralement vendue, “sans avis médical”, avertissait le médecin généraliste Christian Lehmann.

La chloroquine n’avait pas été retenue parmi les quatre traitements testés dans un essai clinique national en France, lancé le 11 mars. Le ministre de la Santé Olivier Véran a estimé mardi que ces résultats “intéressants” de l’IHU devaient être soumis aux “processus de validation” scientifiques. Et il a annoncé avoir donné son feu vert à “un essai plus vaste (…) sur plus de patients”, qui serait mené par “d’autres équipes” que celle de Didier Raoult. Dans la foulée, le laboratoire français Sanofi s’est dit prêt à offrir des millions de doses d’hydroxychloroquine aux autorités françaises.

Une dernière phase de tests pour le remdesivir

“Il n’y a pour l’instant qu’un seul médicament dont nous pensons qu’il pourrait avoir une réelle efficacité. Et c’est le remdesivir”, expliquait le 25 février un responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Bruce Aylward. Cet antiviral produit par la firme américaine Gilead a été testé en Chine avec des résultats prometteurs, et utilisé aux Etats-Unis mais aussi en France, à Bordeaux, pour guérir le tout premier cas de Covid-19 annoncé dans le pays. L’équipe médicale française qui l’avait employé l’a qualifié de “prometteur” car il “agit directement sur le virus pour empêcher sa multiplication”. La dernière phase d’essais cliniques a été lancée en Asie début mars, avec de premiers résultats attendus en avril.

Le remdesivir se modifie à l’intérieur du corps humain pour ressembler à l’un des quatre éléments constitutifs de l’ADN, les nucléotides. L’objectif est qu’il soit incorporé dans le virus quand celui-ci se réplique, et ajoute à celui-ci des mutations non désirées qui pourraient le détruire. Ce nouveau médicament n’a pas été crée pour lutter contre le Covid-19, mais contre Ebola : il n’avait alors pas prouvé son efficacité, et n’est pour l’instant autorisé pour le traitement d’aucune maladie.

 


Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut