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SOURCE : NPA
« Je crois qu’on ne peut pas dire qu’il y a eu un défaut d’anticipation de cette crise, bien au contraire. » Ainsi s’exprimait, le 23 mars, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, sur l’antenne de C-News. Difficile, en l’entendant faire une telle déclaration, de ne pas se souvenir des propos d’une certaine Ndiaye Sibeth, le 4 mars sur France Inter : « On ne va pas fermer toutes les écoles de France. C’est comme quand il y a une épidémie de grippe en France, on ne ferme pas toutes les écoles ». Certes.
Il ne s’agit évidemment pas de faire ici le procès, facile au vu de la situation actuelle, de toutes celles et tous ceux qui ont pu relativiser le danger et l’ampleur de la crise à venir. Mais le moins que l’on puisse dire est que, du côté du gouvernement, se développe, depuis quelques jours, une propension à nier les évidences qui frise l’indécence. Pensent-ils vraiment que nous allons oublier leur impréparation, leurs atermoiements, leurs injonctions contradictoires ? Donald Trump, spécialiste des « vérités alternatives » serait-il devenu le modèle de la Macronie, qui semble désormais considérer pour acquis le fait que la répétition d’un mensonge le transformerait en vérité ?
Bien évidemment, le recours au mensonge en politique n’est pas nouveau. On pense ici, par exemple, à George Orwell, qui écrivait que « le langage politique est conçu pour donner aux mensonges des airs de vérité, rendre le meurtre respectable et faire passer pour solide ce qui n’est que du vent ». Bien avant lui, Machiavel écrivait à propos du pape Alexandre VI « [qu’]il n’y eut jamais d’homme qui affirmât une chose avec plus d’assurance, qui appuyât sa parole sur plus de serments, et qui les tînt avec moins de scrupule ».
Mais, dans la séquence actuelle, les mensonges du gouvernement sont d’autant plus visibles et choquants qu’ils sont démentis quotidiennement par des témoignages de personnels hospitaliers, par des drames, par des morts. La crise du coronavirus révèle un peu plus, dans toute son abjection, l’absence de toute humanité chez les petits soldats de la Macronie, prêts à tout, sans morale et sans honte, pour sauver leur pouvoir au service du capital. Une bande d’irresponsables et de menteurs qui, dans la continuité de leurs prédécesseurs, jouent avec nos vies pour préserver, coûte que coûte, les profits : nous n’oublierons pas, nous ne pardonnerons pas.
Julien Salingue