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SOURCE : NPA
Cet hiver, lors des épidémies, les soignantEs ne manquaient pas de masques, de gants, de solution hydro-alcoolique, enfin tout ce qui constitue un équipement de protection individuelle. Essentiel pour se protéger, celui-ci est indispensable pour assurer la qualité des soins en faisant barrière aux infections nosocomiales. Si les mesures d’hygiène n’étaient pas toujours respectées à l’époque, la cause en était le manque de soignantEs dans des services surchargés. Respecter ces consignes de sécurité prend du temps et la charge de travail des soignantEs ne le permet pas tout le temps.
Gouvernants irresponsables
Il y a quelques jours, le 18 mars, c’était l’anniversaire de la mobilisation du Collectif inter-urgences, élargie en octobre à l’ensemble des hospitalierEs par le Collectif inter-hôpitaux. Depuis des mois, les personnels de l’hôpital public alertent sur le risque de catastrophe sanitaire, du fait du manque de moyens. Les autorités sanitaires comme le président de la République ont fait la sourde oreille et opposé une fin de non-recevoir à la revendication d’embauches massives et d’ouvertures de lits, refus aussi de toute revalorisation de leur rémunération. Aujourd’hui, la réalité donne cruellement raison aux hospitalierEs. L’irresponsabilité est bien du côté des gouvernants.
Pour rappel, en 2009, pour faire face à la grippe A/H1N1, les hôpitaux avaient été inondés de masques FFP2, ceux qui protègent réellement. L’État affichait alors un stock de 600 millions de masques FFP2 et d’un milliard de masques chirurgicaux. Aujourd’hui, l’État ne possède aucun masque FFP2 : décision a été prise de ne constituer qu’une réserve de masques chirurgicaux. La responsabilité de la réserve des masques FFP2, les plus coûteux, a été transférée aux établissements de santé. Les budgets des hôpitaux soumis à l’enveloppe fermée de l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM), n’ont évidemment pas permis aux établissements de constituer des stocks.
Tous les protocoles sont revus à la baisse
Depuis le début de la crise du Covid-19, les hospitalierEs vont au « front » sans disposer de tous les moyens de se protéger. Tout manque, et maintenant les réactifs pour les tests diagnostiques de l’infection au virus sont comptés. Les hospitalierEs sont mis en danger par ces mêmes autorités qui ont organisé la pénurie et aujourd’hui modifient les pratiques en fonction des stocks. Tous les protocoles sont revus à la baisse, y compris les mesures d’éviction du personnel contaminé alors qu’en parallèle, le Directeur général de l’AP-HP commence à vouloir définir les personnels contaminés sur le lieu de travail et ceux en dehors… Sur quelles données ? On ne sait pas… mais ça sent déjà des accidents de service contestés….
Mise en danger physique mais aussi psychologique quand il s’agit de décider du sort des malades pour lesquels les places en réanimation ne sont pas en nombre suffisant. Et celles qui sont ouvertes en catastrophe dans les services vidés par la déprogrammation massive de tous les soins « non urgents » sont entourés de personnels formés à la va-vite aux gestes réanimatoires et à l’utilisation des machines.
Le rectificatif au projet de loi de finances, motivé par le « plan d’urgence » est doté de 6,25 milliards pour financer le chômage partiel et le fonds de solidarité en faveur des entreprises, mais rien de plus pour l’hôpital public, là où il faudrait 4 milliards pour le sauver. Les hospitalierEs n’oublieront jamais, l’heure des comptes viendra.
Un choc de solidarité
Un autre projet de loi, celui d’état d’urgence sanitaire, voté par l’Assemblée nationale dans la nuit de samedi à dimanche et instauré pour deux mois, permettra aux employeurs d’imposer les congés payés après un accord de branche, d’imposer les RTT et/ou les jours du compte épargne temps. Le jour de carence serait supprimé. Cet état d’urgence doit être déclaré par un décret en Conseil des ministres après son adoption. Tous les prétextes sont bons pour piétiner une fois de plus nos droits !
Des personnels de santé, syndicalistes, associatifs, scientifiques, habitantEs des quartiers populaires, citoyenEs engagés lancent un appel urgent. Pour combattre le Covid-19, il faut des mesures radicales et un choc de solidarité ! Comme l’arrêt immédiat et sans attendre de toutes les entreprises non essentielles au fonctionnement solidaire de notre société, des moyens immédiats et massifs pour la santé, la généralisation du port du masque et des pratiques de tests, l’ouverture immédiate et massive de lieux d’hébergements adaptés, la fermeture des centres de rétention, la sortie d’un maximum de personnes des prisons surpeuplées, l’ouverture de moyens d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales, la poursuite des soins psychiques sous les formes les plus appropriées…
CorrespondantEs