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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale
Le déluge par Léonard de Vinci
Publié dans New Politics le 23 mars 2020
Les États-Unis sont devant le déluge. Le coronavirus se propage, l’économie s’effondre, l’anxiété est partout. Les réponses du gouvernement fédéral et des États ont été lentes et indigentes, la réaction des employeurs a été inégale. Certains travailleurs sont en arrêt maladie, d’autres se mettent en grève, d’autres maintenant n’ont plus d’emploi. Les travailleurs et les communautés ont commencé à s’organiser, virtuellement, à distance, essayant d’imaginer comment se battre.
Ici, les cas de coronavirus ont commencé à augmenter de façon exponentielle. À ce jour (21 mars), nous avons 21 365 cas et 266 décès. Les Centres de contrôle des maladies infectieuses (CDC) estiment que dans le pire des scénarios, entre 160 millions et 214 millions de personnes aux États-Unis pourraient être infectées et qu’entre 200 000 et 1,7 million pourraient mourir.
Trois États – la Californie, New York et l’Illinois avec une population totale de 70 millions d’habitants – ont demandé à tous les résidents de rester à la maison, sauf s’ils ont une raison importante de sortir. Partout dans le pays, de nombreux états et villes ont fermé leurs écoles, ordonné la fermeture de tous les bars et restaurants, et de nombreuses entreprises de vente au détail et de fabrication sont également fermées. L’économie est en train de s’arrêter.
Le marché boursier américain est en chute libre et est maintenant en baisse de 35% par rapport à son sommet de février. Les économistes de Goldman Sachs prévoient que le PIB américain pourrait perdre 24% de sa valeur, trois fois plus que la baisse de 2008. Les États-Unis entrent dans une dépression. Un dirigeant prédit que les entreprises perdront quatre mille milliards de dollars.
Du jour au lendemain, des dizaines de millions de personnes sont aujourd’hui sans emploi et les demandes de chômage ont grimpé en flèche. Dans la classe ouvrière, certains – les emprisonnés, les pauvres, les sans-papiers, les sans-abri – ensemble, plus de 50 millions de personnes sont particulièrement en danger. Les États-Unis n’ont pas de système national de soins de santé et des dizaines de millions de travailleurs américains n’ont pas d’assurance maladie. Des millions de travailleurs américains n’ont pas d’arrêts de maladie payés, pas de congé pour raisons familiales et des millions de travailleurs précaires n’ont pas de jours de vacances.
L’administration du président Donald J. Trump a initialement mal géré la pandémie de coronavirus, n’ayant engagé aucune action pendant plus d’un mois, tandis que Trump lui-même a minimisé sa gravité et a offert des informations inexactes et déroutantes. Les agences de santé américaines tentent maintenant de rattraper le temps perdu, mais il y a un manque de lits d’hôpital et de fournitures médicales. Le gouvernement essaie de faire fonctionner les services essentiels – hôpitaux, électricité, réseaux d’eau, transports, magasins d’alimentation. Mais cela met de nombreux travailleurs en danger.
Alors que certains employeurs ont essayé de maintenir des salaires et payé des congés de maladie payés, d’autres patrons ferment les portes sans rien payer aux salariés.
Le Congrès américain a examiné trois projets de loi. Le premier, «The Coronavirus Preparedness Act», verse 8,3 milliards de dollars pour la recherche et développement en matière de vaccination, pour des masques et des équipements de protection pour les agences de santé, pour la mise en œuvre de programmes de santé par ces agences et pour des prêts aux petites entreprises. Le Congrès l’a adopté et Trump a signé la loi le 6 mars.
Le second, le «Families First Act», donne environ 100 milliards de dollars pour l’aide alimentaire aux enfants, les allocations de chômage pour les travailleurs licenciés, les fonds de santé pour les fonctionnaires des États et des collectivités locales, le test de dépistage gratuit du coronavirus pour ceux qui ne peuvent pas payer et les remboursements pour les entreprises qui accordent aux travailleurs des arrêts de maladie payés. Le Congrès l’a adopté et Trump l’a signé le 18 mars. La loi exclut cependant toutes les entreprises de plus de 500 salariés et toutes celles de moins de 50.
Il y a aussi un troisième projet de loi. Les Républicains ont proposé un paiement unique et progressif pouvant aller jusqu’à 1 200 $ aux contribuables américains gagnant moins de 99 000 $ par an. Le coût est estimé entre 750 milliards de dollars et deux mille milliards de dollars. Il comprend jusqu’à 50 milliards de dollars d’aide aux compagnies aériennes, 8 milliards de dollars aux sociétés de fret et 150 milliards de dollars aux autres entreprises touchées par le virus.
Certains travailleurs ont quitté leur emploi dans les usines automobiles, les bureaux de poste, les entrepôts alimentaires et autres lieux de travail pour exiger que leurs employeurs rendent les lieux de travail sûrs ou les ferment. Les enseignants ont exigé la fermeture des écoles, les infirmières se battent pour des conditions de travail sûres. Les réseaux communautaires ont commencé à s’organiser pour s’entraider, pour fournir de la nourriture aux personnes âgées, par exemple. Au niveau régional et même national, certains réseaux commencent à se former. Bien qu’une telle entraide soit précieuse, seul le pouvoir gouvernemental national peut faire face à une telle crise. La gauche est engagée à la fois dans l’entraide et dans l’exigence d’une action politique, mais dans chaque cas le défi est énorme.
La primaire démocrate est terminée pour l’essentiel, Joe Biden ayant remporté bien plus de délégués que Bernie Sanders. La compétition se déroulera entre le raciste réactionnaire Trump et le néolibéral Biden. Biden n’a pas grand-chose à dire sur le coronavirus ou la crise économique. La question est aussi de savoir comment les élections nationales devront se tenir en novembre, certains défendent le vote par correspondance. Personne n’y fait très attention aujourd’hui. La question du moment est la survie.