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SOURCE : Rouge midi
Nous sommes dans une période particulière qu’aucun d’entre nous n’avait imaginé…
Nous étions en plein combat contre Macron et son monde, nous résistions pied à pied à ses projets de foutre en l’air nos valeurs de solidarité nationale et de sécurité sociale et puis d’un seul coup, depuis le 15 mars, nous sommes à l’arrêt. Confinés ou pas, nous sommes réduits au silence, suspendus pour mener notre vie à des décisions d’incompétents qui n’ont rien vu venir, à des menteurs patentés qui disent tout et son contraire depuis 3 mois. Incompétents et en plus cyniques, qui tentent dans la période de donner un coup d’accélérateur à leur projet d’effacement de tout ce qui fait nos droits. La privation de libertés en plus !
Et ils espèrent y arriver, non pas parce que nous serions devenus un peuple de résignés, mais parce qu’ils manient l’arme de la peur au point de faire passer la pandémie actuelle comme le premier signe de la fin de notre civilisation, voire même de l’espèce humaine…
Cette peur qui tétanise des armées entières de combattantes et de combattants du progrès social, des cohortes de militantes et militants du bonheur, elle nous réduit au silence, hormis quelques moments d’applaudissements calfeutrés, et nous fait regarder des trains de licenciements et de reculs sociaux qui en d’autres temps auraient mis le feu au pays…
Pouvons-nous continuer ainsi et attendre que le roi nous donne l’autorisation de sortie ?
Nous rappelons-nous qu’une simple augmentation du prix du pain a suffi dans ce pays (et dans d’autres) pour initier une révolution ?
Nous sommes la veille du 1er mai, journée symbole s’il en est. Symbole parce que de Chicago à Fourmies, du 1er mai de 1936 qui préfigurera les grandes luttes de mai juin à celui de 2002 contre le fascisme, de ceux clandestins de 1941 au million de personnes du 1er mai 1945 à Paris le lendemain de la mort d’Hitler, de celui de 1946 au Japon dévasté par la guerre à celui de 1949 à Ramallah au lendemain de la Naqba, des morts du 1er mai 1950 à Soweto au 1er mai 1960 à Paris contre la guerre d’Algérie, de l’immense 1er mai parisien de 1968 à celui de Washington en 1971 pour la paix au Vietnam, depuis 1886, dans le monde entier, la classe ouvrière n’a jamais cessé de manifester bravant les interdictions et la répression parfois meurtrière et les arrestations.
Et nous y renoncerions cette année ?
Au nom de quoi ?
Au nom de l’union contre la pandémie ?
Il a bon dos le coronavirus contre lequel le gouvernement n’a au bout de 3 mois toujours pas encore mis en place les tests en nombre suffisants, ni fourni à la population des masques qui devraient être gratuits puisque c’est une question de santé publique !
Bien sûr je comprends la peur (ou la prudence) de celles et ceux qui manifesteront depuis leur fenêtre ou leur balcon.
Bien sûr les banderoles et les drapeaux accrochés aux façades seront autant de signes de résistance.
J’apprécie toutes les initiatives, quelles que soient leur forme, que prend la CGT (et d’autres) pour que cette journée ne soit pas passée sous silence.
En ce qui me concerne, et bien sûr en respectant les sacro-saintes règles de la « distanciation sociale », je serai dans la rue demain faisant miens les vers de Ferrat :
« En groupe en ligue en procession
Et même seul à l’occasion
Il est temps que je vous confesse
Je suis de ceux qui manifestent »
Et le document estampillé officiel par la royauté « Attestation-de-déplacement-dérogatoire », qu’en fais-tu me direz-vous ?
Mais tout est prévu ! Alinéa 4 : « déplacement impérieux pour l’assistance aux personnes vulnérables ».
Le 1er mai je manifesterai pour les personnes :
que le capitalisme a rendu « vulnérables » selon le terme royal,
dominées, discriminées, exploitées, précarisées, exclues de droits comme nous disons dans notre langue à nous.
Je manifesterai en pensant à celles et ceux d’Athènes, de Séoul, de Kobané, de La Havane et de Caracas, de Gaza ou de Soweto, contre les guerres coloniales, contre l’impérialisme et pour la solidarité internationale
Les 135€ éventuels ou toute autre forme de répression, qui dépendent aussi de notre nombre, pèsent peu au regard de l’histoire.
Camarades, à vos fenêtres ou dans la rue bon 1er mai de lutte !