Slovaquie : panique et discipline aux bordures de l’Union européenne

Source : Europe solidaire sans frontières

Avec seulement, à la mi-avril, 11 morts pour 5.45 millions d’habitantEs, et seulement 10 patientEs atteints du Covid-19 en soins intensifs, la Slovaquie a contenu la pandémie avec plus de succès que les pays d’Europe de l’Ouest. Les citoyens se demandent combien de temps la fermeture du pays peut résister à la pandémie. Économiquement, le pays est vulnérable. L’économie orientée vers les exportations se dirige vers une profonde récession, incluant l’industrie automobile qui domine la production industrielle. Les magasins sont fermés sauf les commerces alimentaires et les pharmacies. Les écoles ne rouvriront pas avant septembre. Les travailleurs slovaques en Europe de l’Ouest rentrent chez eux au chômage.

Décrivez l’état de la pandémie en Slovaquie. Combien de personne sont infectées ? Combien sont mortes ? A quoi s’attendent les experts dans les semaines à venir en terme de rapidité de l’extension des  contaminations?

11 personnes sont mortes: 2 par million d’habitants. C’est un des taux les plus faibles du monde. Six morts sont jusqu’à présent reliées à une seule maison de soin, où 55 des 93 habitants et 9 membres du personnel ont été testés positif. Des clusters locaux similaires existent également dans d’autres maisons de soins et parmi les Slovaques qui reviennent d’Europe de l’Ouest1. Beaucoup de travailleurs migrants sont Roms, et il y a un risque particulier de transmission au sein de cette communauté dans les ghettos Roms, dont certains manquent d’approvisionnement en eau et en électricité.

Les données relatives au test ne sont pas fiables, en raison du faible taux de test. Jusqu’à la semaine dernière, le système de santé réalisait 2 000 tests par jour, augmentés à 3 000 ces derniers jours2. Il y a 1 089 cas confirmés. Les tests sont seulement réalisés sur les personnes ayant de sérieux symptômes associés au Covid-19. Comme les résidents des maisons de soins ne sont pas testés, les infections sont indétectables jusqu’à l’hospitalisation ou le décès. Un récent cluster de 6 morts dans une maison de soins pour personnes âgées pourrait provoquer un changement dans la stratégie de test. Les administrateurs de santé dans la capitale de Bratislava ont promis de tester tous les résidents des maisons de soins avec une forte température.

Certains décès à l’extérieur des hôpitaux ne sont certainement pas comptabilisés, comme ailleurs en Europe. Mais de tels décès doivent être réduits, puisque le nombre total de décès de personnes âgées en mars 2020 est seulement 1% plus élevé qu’à la même période l’an dernier3.

Juste avant Pâques, le gouvernement a envoyé l’armée et la police mettre en quarantaine 6 des 800 ghettos Roms slovaques. Le gouvernement espérait trouver un taux de 10% d’infection, qui a été défini comme la limite pour mettre en quarantaine une zone résidentielle. Seulement quelques cas ont été détectés, mais ces communautés restent encerclées par la police. Des flics ont été filmés menaçant de tirer sur ceux qui tenteraient de s’échapper. Heureusement les seules « tentatives d’évasion » ratées jusqu’à présent ont été réalisées par des enfants, sans réponse violente. Le gouvernement insiste sur le fait qu’il va tester les ghettos restants et qu’il est prêt à les verrouiller. Ceux déjà verrouillés resteront comme ça: de nouveau tests n’y sont pas prévus, et aucun nouveau personnel de soin ou travailleurs sociaux n’y ont été envoyés. Les pauvres ghettos en quarantaine sont approvisionnés avec des tuyaux d’eau mais il n’y a aucune possibilité de collecter du bois de chauffage.

Le système de santé privé réalise 200-300 tests par jour, pour tous ceux qui souhaitent payer 70 euros (soit le salaire minimum pour un jour de travail). Quasiment aucune contamination n’a été détectée par les tests privés: ceux qui se font tester étant principalement adultes, en âge de travailler et en bonne santé, ils veulent être sûrs qu’ils ne vont pas contaminer leur proches plus âgés.

Les mesures de confinement ont ralenti le taux de contagion. Le gouvernement a envisagé mais rejeté une stratégie d’éradication du virus. A cause du faible taux de test, les autorités projettent une augmentation graduelle du nombre d’infections pendant les deux prochains mois le plus souvent via des transmissions communautaires non détectées. Avec jusqu’à présent la plupart des décès reliés à une seule maison de retraite médicalisée, le pire des scénarios serait une multiplication des clusters non détectés dans les maisons de retraites médicalisées et dans les ghettos Roms. Mais dans tous les cas, le système de santé fait face à un fardeau beaucoup plus faible que dans le reste de l’Europe de l’Ouest, grâce au faible nombre de cas. Il y a pour le moment seulement 10 patients atteints du Covid-19 en soins intensifs, parmi lesquels 3 reçoivent une assistance respiratoire.

Quelles sont les mesures prises actuellement par votre gouvernement pour contenir le virus et traiter les personnes infectées par le Covid-19. Y a-t-il un état d’urgence, les écoles sont-elles fermées, etc… ?

Le taux très bas d’infection en Slovaquie est le résultat d’un changement précoce et significatif dans les comportements publics, auxquels les politiciens ont également répondu. La population est devenue largement concernée avec la pandémie dans l’Italie proche et les autres pays, conduisant à une réduction spontanée de la socialisation.

Les Ecoles, les lieux de divertissement et la plupart des points de ventes ont fermé définitivement au début du mois de mars. On s’attend à ce que toute réouverture graduelle démarre avec les points de vente et les écoles. On s’attend à ce que les mesures de distance physique et les restrictions dans les lieux de divertissement se poursuivent jusqu’à ce qu’un vaccin soit disponible.

Le 11 mars, une période limitée « de situation exceptionnelle » a été déclarée. Cela donne au pouvoir exécutif et à la police des pouvoirs supplémentaires, moins difficile qu’un « état d’urgence ». Seul le parlement peut renouveler la « situation exceptionnelle » ou l’élever en « état d’urgence ».

Les salariés ont été conseillés mais pas tenus de suivre des mesures sanitaires. En fait, la plupart des inspections de lieux de travail ont été annulées alors que la fonction publique passe à un fonctionnement à distance.

Les frontières sont fermées, sauf pour les citoyens et les résidents permanents. Ceux qui traversent la frontière tous les jours pour le travail ou les études ont à l’origine été exemptés, également car le gouvernement autrichien a plaidé auprès de la Slovaquie pour faciliter le passage des milliers de slovaques qui travaillent en Autriche comme soignants et travailleurs sociaux. Ces exceptions ont été graduellement annulées et le passage de la frontière est maintenant difficile et prend beaucoup de temps. Un certificat de test du Covid-19 et un enregistrement 72h à l’avance sont exigés sauf pour les chauffeurs de camion, qui  passent entre 12h et 18h à la frontière. Cela a créé des pénuries et des goulots d’étranglement au sein de l’économie, qui est très intégrée au reste de l’Union Européenne.

Les citoyens et résidents permanents qui reviennent d’Europe de l’Ouest (où les taux d’infections sont significativement plus élevés) ont au départ été conseillés, puis obligés de s’auto-confiner à domicile. Avec une perception d’un manque d’auto-discipline, les autorités ont imposé une quatorzaine à l’hôtel (au tarif en vigueur) ou dans un camp gouvernemental (gratuit).

Les examens d’obtention de diplôme et les examens d’entrée vont se tenir virtuellement. D’autres examens de fin d’année ont été annulés. La plupart des écoles secondaires fonctionnent maintenant plusieurs heures par jour en ligne. Une large minorité d’élèves du secondaire a accès à un ordinateur et à une connexion haut débit à la maison, mais la plupart y ont accès par téléphone. La plupart des élèves qui n’ont accès ni à un téléphone ni à internet sont des Roms. La télévision publique diffuse de nombreuses heures d’enseignement à destination des primaires pour soutenir les parents et les élèves.

Dans la capitale Bratislava et dans d’autres villes, les autorités ont ouvert en urgence des centres d’hébergement pour les sans abris, avec test obligatoire. Les organisations caritatives subventionnées par l’Etat ont le plus souvent arrêté leurs opérations dans la première semaine de la crise.

Comment votre système de santé répond à la crise ? Quelles sont ses plus grandes faiblesses ? Quelles sont ses plus grandes forces ?

Les capacités en terme d’équipement, de management et de ressources humaines du système de santé n’ont pas encore été testées puisque le taux d’infection est resté extrêmement bas.

La motivation des travailleurs de la santé a été basse depuis des décennies à cause du sous-financement. Pendant les 30 ans du capitalisme, les oligarques ont graduellement pris le contrôle d’une partie du sytème de santé via les privatisations. Le niveau de soin de base a décliné, et les classes moyennes ont contracté des complémentaires santé. Les pots-de-vin et les « cadeaux » aux médecins et infirmières se sont répandus. La Slovaquie a dépensé moins de son PIB dans la santé que les autres pays de l’UE. Néanmoins, le nombre de lits d’hôpital est resté constant, et le personnel de santé est bien entrainé.

Les travailleurs de la santé ont énormément émigré vers l’Europe de l’Ouest pendant les 20 dernières années, en partie remplacés par des migrants ukrainiens majoritairement. Plus tôt cette année, l’ancien  gouvernement (populiste de gauche) a fait une proposition pour demander le remboursement du coût des études de ceux qui quitteraient le pays dans la première année qui suivrait l’obtention du diplôme.

La pénurie d’équipements de santé est liée à un manque de réserve stratégique. Le ministre de la santé s’est battu pour obtenir de nouveaux approvisionnements sur un marché saturé. Les pays de l’Europe de l’Ouest ont surenchéri à plusieurs reprises leur homologue slovaque sur le marché international. Comme les autres pays de l’Union Européenne, la Slovaquie a priorisé les producteurs locaux et restreint les exportations de matériel médical. La production locale de masques et de respirateurs semble adéquate, bien que les respirateurs locaux ne respectent pas les normes exigées antérieurement pour les unités de soins intensifs. Les oligarques ont promis de développer et de donner 100 000 tests gratuits à partir de la fin du mois d’avril4.

Les oligarques locaux ont manoeuvré pour éviter la coordination étatique de l’approvisionnement privé du système de santé, qui aurait été autorisé pendant la « situation exceptionnelle ». Le groupe d’oligarques J&T, qui occupait une position dominante dans le système de santé privé sous le gouvernement précédent, lutte maintenant pour construire une relation de coopération et de corruption avec le nouveau gouvernement. Leur offre officielle de soutien est une donation de 4 millions d’euros pour les équipements de protection individuelle et les ventilateurs.

Les maisons de santé sont totalement reconnues comme un point faible du système de santé. Les visites sont interdites depuis mi-mars, mais il n’y a eu aucune provision de nouveaux équipements de protections individuelles. Heureusement, de nombreux seniors slovaques vivent avec leurs enfants et leurs petits enfants, comme c’est commun en Europe de l’Ouest. Peu de la vieille génération est dépendante des soins collectifs qui sont associés au risque d’infection5.

Comment l’assurance chômage et l’assurance maladie font face à la crise ? Quels programmes spéciaux de protection sociale ont été mis en place en réponse au Covid-19 ?

Le gouvernement a adapté une régulation existante accordant à un parent d’enfant malade de moins de 12ans (ou enfants handicapés de moins de 18ans) une demande de congé maladie. La fermeture des écoles est maintenant une justification suffisante pour faire une telle demande, qui couvre jusqu’à la fin de l’Ecole (le 30 juin). Les parents (habituellement les mères) ont massivement utilisé cette mesure qui a été introduite pendant la période socialiste.

Les salariés et les travailleurs indépendants qui n’ont plus de travail car leurs lieux de travail ont reçu l’ordre de fermer peuvent être éligibles à un maintien de 80% de leur ancien revenu. Tout comme les salariés et les travailleurs indépendants en cas de perte de leur moyen de subsistance car leur entreprise auraient connu une baisse de chiffre d’affaires d’au moins 40% pendant la crise du Covid-19. Des aides peuvent être proposées aux employeurs qui maintiennent l’emploi dans des conditions similaires, probablement à travers un système d’activité partielle (heures de travail réduites à 70%, salaires réduits à 80%, dont chaque employeur paye 80% et le système d’assurance chômage prend en charge les 20% restant).

Les échéances de paiement pour les taxes, les cotisations sociales et les complémentaires santé pour les travailleurs indépendants et les petites entreprises ont été reportées pour plusieurs mois, pour simplifier leur problème de trésorerie.

Cependant, la plupart de ces mesures ne sont pas mises en place, car le gouvernement a été lent à introduire une régulation spécifique, et celles qui ont été validées jusqu’à présent dans les conditions d’application (toutes les taxes et cotisations antérieures doivent avoir être payées) et les conditions d’éligibilité et de mise en oeuvre sont exigeantes. Pendant la première semaine d’application, seulement 7% des demandes exigibles ont été traitées. Dans la moitié des cas, les demandes ont été rejetées car il manquait des documents ou pour des erreurs formelles. Pour les chanceux, 3,5% des demandes acceptées, l’argent n’a toujours pas été transféré.

Les travailleurs privés d’emploi vont continuer à être couverts par l’assurance maladie mais les travailleurs indépendants pourraient se voir exiger de payer leur cotisations même s’ils n’ont plus de revenu.

Dans quelques mois, les systèmes d’assurance chômage et maladie et probablement les assurances privées de complémentaires santé vont être insolvables. Le gouvernement va devoir emprunter des fonds pour renflouer les caisses de l’Etat, mais la dette accumulée de ces structures publiques et privées sera un débat dans les prochaines années. Privatisation des systèmes d’assurance publique ou nationalisation ou vente aux étrangers des fonds d’assurance privée ?

Les travailleurs migrants et transfrontaliers dépendent pour la plupart du système d’assurance du pays dans lequel ils travaillent. Beaucoup ont des difficultés à réclamer leurs prestations sociales.

Les propositions politiques de l’extrême droite et des partis conservateurs, mais aussi libéraux, sociaux-démocrates et des partis de gauche sont-elles applicables ?

« L’état d’exception » a été introduit dans les dernières semaines du gouvernement populiste de gauche du SMER-social démocrate sortant. La nouvelle coalition populiste de droite, conservateurs, libéraux et chrétiens fondamentalistes a été élue sur un programme anti-corruption. Jusqu’à présent, ils sont apparus comme inexpérimentés et incompétents, particulièrement le narcissique premier ministre Igor Matovic. Comme Donald Trump, il semble accro aux conférences de presse décousues et aux posts sur les réseaux sociaux tard dans la nuit insultant ceux qui remettent en cause ses décisions.

Matovic prétend être guidé par ses conseillers scientifiques, mais il est également obsédé par sa popularité personnelle. Pendant plusieurs semaines, il a tenté de renforcer le confinement dans le but d’éradiquer le virus. Il insiste maintenant sur un maintien indéterminé des mesures actuelles. Les libéraux dans sa coalition poussent pour un relâchement graduel des restrictions envers le commerce de détail et la facilitation des échanges avec les voisins de l’Union Européenne. La droite populiste et les chrétiens fondamentalistes ont évité d’exprimer des désaccords publics avec Matovic, et restent concentrés sur le fait d’occuper des positions clef. La droite populiste de Sme Rodina (nous sommes une famille) a manoeuvré pour le contrôle des marchés publics et de l’investissement. Les chrétiens fondamentalistes (une faction au sein du parti hétérogène OlaNo de Matovic) ont réussi à prendre des positions clef dans les ministères de la santé et de l’éducation. Leur agenda à moyen terme est de restreindre l’avortement, l’éducation sexuelle et la contraception et d’inverser ce qu’ils appellent « l’agenda du genre » ou la « culture de la mort ». A court terme, si l’accès aux procédures non urgentes est limité, ils vont manœuvrer pour retirer l’avortement de toute liste d’interventions médicales urgentes.

Dans l’opposition après 11 ans au pouvoir, Smer – social démocratie affiche une préoccupation pour les droits de l’homme et la vie privée, assez incohérente avec leur propre bilan. La Slovaquie a plus de policiers pour 100 000 habitants qu’aucun autre pays dans l’Union Européenne. Egalement dans l’opposition, les fascistes de L’SNS luttent pour se distinguer des autres partis, au parlement et dans les réseaux sociaux.

Comment les syndicats ont-ils répondu à la crise ? Particulièrement dans le secteur public, les syndicats de l’éducation et de la santé ?

Les syndicats du secteur privé sont faibles, avec seulement une poignée d’entreprises employant plus de 250 personnes. Le secteur de la production automobile qui domine le secteur des exportations a fermé temporairement et rouvre petit à petit. Beaucoup de fonctionnaires sont en « travail à domicile » mais sans ordinateur. Une proposition d’ouvrir les écoles pendant la pause estivale habituelle a été rapidement abandonnée. Les promesses de prestations sociales du gouvernement ont rassuré les travailleurs, malgré beaucoup d’inquiétude pour l’emploi à long terme.

Les grèves sont interdites dans le secteur de la santé pendant « la situation exceptionnelle ». Il n’y a pas de pression de l’opinion publique, via les réseaux sociaux par exemple, pour augmenter la rémunération des travailleurs de la santé. La population demande seulement que les travailleurs de la santé reçoivent des équipements de protection individuelle adaptés.

Amazon a mis en place plusieurs installations ces dernières années, notamment le centre européen de gestion des retours de marchandises et un centre d’appel multilingue. Malheureusement, ces lieux de travail ont été lents à rejoindre le mouvement de contestation des travailleurs d’Amazon de ces dernières semaines.

Les Slovaques qui fournissent les soins aux personnes âgées dans les familles autrichiennes ont commencé à s’organiser face aux échecs des systèmes d’assurance et des agences d’emploi privées. 50 – 60 000 travailleurs, majoritairement des femmes, ne peuvent plus réaliser leur alternance de deux semaines de garde dans les maisons de soins maintenant que la frontière est fermée. Ce travail de soin est la forme principale d’emploi dans des petites villes et des petits villages où les usines socialistes ont fermé.

Comment les mouvement sociaux (étudiant, féministe, écologique, immigré, indigène etc…) répondent-ils à la crise ?

La population, plutôt que les politiciens, peuvent s’attribuer la réponse rapide de la Slovaquie à la pandémie. Les politiciens ont répondu à la préoccupation populaire en fermant les écoles, les frontières et les lieux de travail. La Belgique et la Slovaquie ont fermé leurs bars et leurs restaurants à quelques jours d’intervalles. Mais la veille de la fermeture, les bars belges étaient remplis quand les bars slovaques étaient vides.  Les gens ont commencé à faire leur propre masque; à la mi-mars c’était la norme. Dans les transports et dans les commerces, on commençait à refuser ceux qui n’en portaient pas. Les politiciens et les figures publiques ont commencé à se montrer prudent, à ne pas apparaitre sans masque.

Le nombre de volontaires a augmenté, en partant d’un niveau très bas, et il y a de nombreuses initiatives locales pour supporter l’isolement des personnes âgées et d’autres groupes vulnérables. Il y a une augmentation du soutien de la société civile pour les femmes victimes de violence domestique.

Cependant, la dynamique dominante de la société civile est la panique et les préjugés. La police a demandé aux citoyens d’arrêter de les informer pour des voisins qui ne portent pas de masque, car les standards téléphoniques sont surchargés. Certaines personnes testées positives au Covid-19 sont harcelées par leurs voisins. Il n’y a pas de contrecoup positif sur le public (blanc) de la quarantaine des ghettos Roms, seulement des plaintes qu’une fois encore les « gitans » reçoivent un traitement de faveur.

Peux-tu discuter de l’impact de la crise du Covid-19 et comment tu penses que cela va impacter la politique nationale dans les semaines et les mois à venir ?

Le gouvernement de droite populiste a pris le pouvoir il y a un mois. La crise domine les manœuvres internes du gouvernement de coalition, qui doit encore produire un programme de gouvernement. Il n’y a toujours pas de proposition pour une reconstruction à moyen – long terme, derrière les promesses répétées « d’enfin s’attaquer à la corruption ».

Le gouvernement a promis d’introduire une application téléphone pour vérifier le respect du confinement. La police a jusqu’ici préféré émettre des avertissements plutôt que des amendes ou des arrestations. L’automatisation des contrôles pourrait conduire à une augmentation de la gamme et du nombre des amendes, et à un retour de bâton pour les libertés publiques d’une population dont la patience est à bout.

• 1.On estime que 0,4 million des 5,45 millions d’habitants ont migré au sein de l’Union européenne pour le travail et les études.
• 2.Le nombre total de tests, comprenant les tests des cliniques privées, au 17 avril 2020 = 39 864
• 3.l n’y a jusqu’à présent pas d’augmentation dans le taux global de décès. Les décès en Janvier 2020 étaient 2% plus bas que ceux de l’an dernier. En Février 8% plus bas, et en Mars, le premier mois pendant lequel des décès liés au Covid-19 pouvaient être attendus, le nombre total de décès était seulement 1% plus bas que l’an dernier. Pour ceux âgés de 60 ans et plus, les changements annuels de taux de décès étaient en Janvier -3%, Février -7%, Mars +1%. Source service de presse du ministère de l’Intérieur Slovaque, comme rapporté ici https://www.dalito.sk/umrtnost-na-sloven…
• 4.Le Premier ministre Igor Matovic, service de presse du gouvernement, 7 avril 2020.
• 5.Les maisons de retraites médicalisés ont 40 000 résidents et 25 000 travailleurs, d’après le rapport annuel du ministère du Travail de 2017.