⚡ Goodyear condamnée pour le licenciement abusif de 832 salariés de son usine d’Amiens-Nord

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SOURCE : Le Monde

Spécialisée dans la fabrication de pneus agricoles, l’usine avait fermé en janvier 2014, après un bras de fer de plus de six ans entre le personnel et la direction, entraînant la suppression de 1 143 emplois.

Manifestation des anciens employés de Goodyear à Paris, le 4 février 2016.

La direction de Goodyear a été condamnée jeudi 28 mai par le conseil de prud’hommes d’Amiens pour le licenciement abusif de 832 de ses anciens salariés de son usine d’Amiens-Nord, fermée en janvier 2014 et qui employait alors 1 143 personnes.

Le montant des dommages-intérêts devant être versés n’était pas immédiatement disponible. Le tribunal a néanmoins demandé une exécution provisoire de ce jugement, selon l’avocat des salariés, Fiodor Rilov. De son côté, la direction a fait savoir qu’elle prenait « acte » de ce jugement, ajoutant qu’elle se réservait « le droit de faire appel ».

Cette condamnation du géant du pneumatique pour « licenciement sans motif économique valide » a été saluée comme un « jugement historique, emblématique » auprès du Monde par M. Rilov :

« C’est le couronnement d’années de bataille et de lutte acharnée des salariés de ce site, qui avaient décidé de ne pas se laisser faire. (…) Pendant ces six années qu’a duré la procédure, beaucoup de gens leur ont dit qu’ils avaient tort de se battre, que ça n’en valait pas la peine. »

« Nous allons assister à une avalanche de licenciements, les multinationales vont se servir de la pandémie pour mettre en œuvre des plans de restructuration décidés en fait de longue date, utilisant le Covid-19 comme un prétexte, c’est lugubre (…). J’espère que ce jugement inspirera des milliers de salariés qui vont lutter dans les mois à venir contre ces licenciements injustes », a ajouté M. Rilov.

« Long, fastidieux, violent, compliqué »

« On est très heureux. Cela prouve que ça vaut le coup de se battre (…). Ç’a été long, fastidieux, violent, compliqué, mais au bout ça paie », s’est félicité pour sa part auprès du Monde Mickaël Wamen, ex-délégué CGT du site, figure de cette lutte. Et d’ajouter :

« J’en veux aux hommes et aux femmes politiques qui, depuis tout ce temps, auraient pu faire des lois pour interdire ces licenciements boursiers, sans motif économique. Parce qu’on a gagné, on va être indemnisé, mais Goodyear ne rouvrira pas pour autant ce site industriel. Les emplois, eux, sont perdus. »

Spécialisée dans la fabrication de pneus agricoles, l’usine Goodyear d’Amiens-Nord avait fermé en janvier 2014, après un bras de fer de plus de six ans entre le personnel et la direction. Sur les plus de 1 000 salariés de l’entreprise, 832 s’étaient lancés dans une procédure d’une ampleur inédite devant le conseil de prud’hommes, nécessitant notamment de délocaliser l’audience hors des murs du tribunal.

A l’audience dite de départage du 28 janvier, à laquelle environ 550 personnes avaient assisté, M. Rilov avait insisté sur les bénéfices d’exploitation mondiaux à l’époque du groupe Goodyear, d’un montant de 1,7 milliard de dollars.

Il avait considéré cette affaire comme « emblématique du refus des ouvriers de se laisser écraser à l’occasion du démantèlement de leur outil de travail pendant que leur employeur réalise des profits colossaux ».

 


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