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SOURCE : L'Humanité
L’Humanité, 11 juin 2020
Dans un contexte de mobilisation contre les violences policières et le racisme systémique, le département publie un sondage édifiant, montrant à quel point ses habitants se sentent persécutés.
Rendre compte de la réalité vécue par les habitants de Seine-Saint-Denis. C’est l’objectif de l’enquête menée auprès de 1 004 habitants de ce département, afin de connaître leur expérience et leur ressenti sur les discriminations dont ils peuvent être victimes. « Les résultats sont édifiants », constate Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, qui a commandé ce sondage auprès de l’institut Harris.
Quelques chiffres sont particulièrement marquants : près de six sondés sur dix estiment avoir été victimes de discriminations pendant les cinq dernières années ; les trois principales causes seraient la couleur de peau (80 % des sondés les considèrent comme régulières), la religion (74 %) et leur quartier d’habitation (74 %).
« Ce n’est pas vraiment surprenant, mais cela dit concrètement l’ampleur du phénomène, analyse l’élu. Cela montre au moins la réalité des faits et un sentiment diffus dans la population. La société française ne peut pas accepter cette situation. Si la réalité des discriminations se rappelle brutalement à nous tous à propos des affaires Adama Traoré, George Floyd, et de nombreuses autres victimes, cette enquête montre aussi à quel point ce phénomène est global dans la société et doit être combattu. »
« Il y a un grand sentiment d’injustice chez les jeunes »
Neuf jeunes (18-24 ans) sur dix pensent d’ailleurs que des personnes sont discriminées par la police ou la justice dans leur département. Mais, pour l’ensemble des habitants, c’est d’abord dans la recherche d’emploi et dans le monde du travail que ces discriminations se font le plus ressentir. « C’est particulièrement criant chez les jeunes. Il y a un grand sentiment d’injustice, dont celui de ne pas partir avec les mêmes armes que les autres, parce qu’ils viennent du 93. C’est pourquoi on se bat aussi pour la transparence de Parcoursup, parce qu’on a un sentiment que le lycée d’origine de l’élève est un élément déterminant dans les choix qui sont faits pour l’orientation des jeunes. C’ est un fait ressenti par les jeunes, et cela se confirme à nouveau dans la recherche d’emploi », détaille Stéphane Troussel. Il demande au gouvernement de mettre en place un « grand plan national de lutte contre les discriminations pour intervenir sur l’ensemble des sujets. Dans la police, bien sûr, mais aussi l’emploi, le logement, l’école, pour lesquelles des solutions existent. »
Les personnes interrogées estiment ainsi que l’éducation est le meilleur recours contre les discriminations (95 %). Elles attendent aussi des initiatives de la part des maires (92 %), de l’État (89 %), des associations (89 %), du Défenseur des droits (88 %) et du département (86 %). « C’est l’affaire de tous, conclut le président du conseil départemental. L’État doit donner une impulsion dans ce combat contre les discriminations mais nous avons tous un rôle à jouer. »