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SOURCE : Regards
Le projet d’annexion d’une partie de la Cisjordanie par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est en suspend. Pour quelles raisons ? Et pourquoi cette annexion ? Avec quelles conséquences ? Pour en parler, Dominique Vidal, historien et journaliste spécialiste du Proche-Orient, est l’invité de #LaMidinale.
ET À LIRE…
Sur l’annexion envisagée par Israël d’une partie de la Cisjordanie
« L’annexion d’une partie de la Cisjordanie est un sujet qui tient beaucoup à cœur Benjamin Netanyahu parce que la droite et l’extrême droite israélienne depuis qu’elles sont au pouvoir en 1977 ne rêvent que du Grand Israël – qui passe par l’annexion. »
« C’est près de la moitié de la Cisjordanie que Benjamin Netanyahu voudrait annexer. »
« La Vallée du Jourdain est un territoire pré-annexé et, d’un point de vue sécuritaire, déjà encadré. Pour les colonies, c’est plus complexe : si elles sont annexées, il faudra envoyer des soldats partout et l’un des responsables du ministère des finances a annoncé que cela allait coûter 17 milliards d’euros par an. »
« Il y a 250.000 colons à Jérusalem-Est et 450.000 ou plus en Cisjordanie. Mais la colonisation est différente de l’annexion. Par l’annexion, Israël plante le dernier clou dans le cercueil de la solution à 2 Etats. »
« Benjamin Netanyahu veut un Etat unique. »
« Les Israéliens ont peur que l’annexion ne provoque une troisième intifada et une rupture avec le monde arabe. »
« Une majeure partie de l’appareil militaire et sécuritaire israélien est contre l’annexion car ca ne peut provoquer que des ennuis. »
Sur les conséquences de cette volonté d’annexion dans la région
« Quand Donald Trump a élaboré son plan pour le Proche-Orient, il n’avait pas encore eu à gérer de manière catastrophique le Covid-19. »
« Le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, que certains considèrent comme un collabo, a résisté et a refusé le plan de Donald Trump (…) Et cette position ferme a fait bouger les Arabes, notamment la Ligue arabe par la voix du roi de Jordanie qui a menacé de rompre son traité de paix avec Israël et celle des Emirats arabes unis. »
« Le fait que les Palestiniens se battent oblige les Arabes à en tenir compte. »
« Les dirigeants arabes ont le derrière entre deux chaises : ils ont besoin de l’aide israélienne et américaine pour survivre mais ils doivent aussi faire face à leurs opinions publiques – avec une période de renouveau des révolutions arabes, en Algérie, au Soudan, en Irak ou au Liban. »
Sur le risque d’une troisième intifada
« La potentialité d’une troisième intifada fait peur à l’appareil sécuritaire israélien et à un grand nombre d’Israéliens. »
« Peut-être qu’il y aura une troisième intifada mais elle ne ressemblera vraisemblablement pas à la deuxième qui a été une catastrophe pour les Palestiniens. »
« S’il y a un mouvement, je pense qu’il sera différent, qu’il ne sera pas armé mais plutôt politique de masse. »
« Ce qui frappe aujourd’hui du côté palestinien, c’est l’attentisme. »
Sur le rapport entre les Etats-Unis et Israël
« Il y a une alliance profonde des Etats-Unis avec Israël qui est un relai de puissance comme l’Arabie Saoudite ou l’Iran auparavant. Les Américains cherchent à se retirer et donc à avoir des relais. »
« Chaque président américain fait à sa manière : la manière de Donald Trump, c’est la vulgarité, l’incapacité à comprendre les rapports de forces et à s’intéresser aux opinions. »
Sur la communauté internationale et le droit international
« La décision de la Cour européenne des Droits de l’Homme a légitimé le boycott comme un droit citoyen, c’est-à-dire que toute la campagne BDS [Boycott Désinvestissement Sanctions, réponse citoyenne et non-violente à l’impunité d’Israël] contre laquelle Israël et ses alliés se sont battus avec beaucoup de force, est validée. Et c’est un échec formidable. Il y a donc une peur que l’image d’Israël qui était déjà très dégradée dans le monde en prenne encore un coup. »
« L’annexion est un viol absolu du droit international et de toute une série de résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies – et notamment la résolution 242 qui date de novembre 1967 après la Guerre des six jours qui exigeait le retrait des territoires occupés. »
« Il y en a un que ça amuse beaucoup : Vladimir Poutine. Parce que si les Israéliens violent le droit international, dans le silence complice de la plupart des pays, il va vouloir que l’on lève immédiatement les sanctions provoquées par l’annexion de la Crimée. »
« On n’a pas de position commune de l’Union européenne dans la mesure où certains pays de l’UE sont proches d’Israël, notamment les pays dirigés par des populistes voire négationnistes antisémites. »
« Il faut reconnaître que les déclarations de Jean-Yves Le Drian lors de la Commission des Affaires étrangères du Sénat étaient assez fermes et amenaient à penser qu’on prendrait des mesures de rétorsion. »
« Jean-Yves Le Drian a même ajouté qu’il n’y aurait pas besoin de l’unanimité des pays de l’UE pour écarter Israël de toute une série de programmes commun. »
Sur les solutions envisagées
« La solution des 2 Etats est enterrée par Benjamin Netanyahu s’il la confirme. Et pour la solution à 1 Etat, il faut définir quel Etat… »
« L’Etat unique tel que Benjamin Netanyahu va construire est un Etat d’apartheid – et ce n’est pas un gros mot pour comparer avec l’Afrique du Sud mais il y aura un peuple qui aura tous les droits et l’autre aucun. »
« Il y a un Etat unique que l’on peut tout à fait souhaiter : binational comme les binationalistes juifs des années 30 l’avaient souhaité comme Martin Buber. Les deux peuples y auraient des droits égaux et tous les individus soient égaux et que les trois religions aient le même statut. »
« Il faut construire un nouveau rapport de force autour d’une nouvelle stratégie. »
« Il faut commencer à mener une bataille pour l’égalité des droits entre Israéliens et Palestiniens – on verra ensuite qu’elle en sera ensuite la traduction institutionnelle. »