Le populisme démocratique

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SOURCE : Zones subversives

Le populisme démocratique
Différents mouvements politiques sont qualifiés de populiste. Mais, derrière ce concept flou, c’est toute une tradition historique qui est enfouie. Le populisme entend renouveler la gauche radicale et améliorer la démocratie. Il semble important de se pencher sur les forces et les faiblesses de ce courant politique désormais incontournable. 

 

Le terme de populisme, à la mode dans les médias et les milieux intellectuels, reste particulièrement flou. Ce concept désigne des politiciens qui ne rentrent pas dans le moule du consensus mou. Des candidats d’extrême-droite comme d’extrême-gauche sont décrits comme populistes. Pourtant, leur programme sur les questions économiques et sociales comme sur l’immigration semble opposés. Leur peuplen’est pas le même. Le peuple souverain peut se distinguer du peuple national. Le terme de populisme reste idéologique. Il vise à minimiser le danger des partis fascistes et à discréditer la gauche radicale.

Mais le populisme désigne aussi une tradition radicale, contestataire et plébéienne ancrée à gauche qui resurgit durant les périodes de crise de la démocratie représentative. Le populisme veut rendre la démocratie libérale plus démocratique. Même si l’affaiblissement des contre-pouvoirs peut dériver vers des régimes autoritaires comme le Venezuela chaviste. Ensuite, le populisme s’appuie sur des mouvements sociaux hétérogènes qui regroupent les classes populaires et les classes moyennes précarisées.

Mais, une fois au pouvoir, le populisme peut dériver vers une forme de corporatisme étatique. Un leader charismatique doit fédérer les diverses demandes sociales, ce qui faire peut sombrer dans le fascisme. Enfin, le populisme s’appuie sur un peuple pluraliste opposé aux élites. Mais lorsque se peuple devient national et excluant, le populisme devient un nationalisme.Le sociologue Federico Tarragoni explore cette notion et sa réalité historique dans le livre L’esprit démocratique du populisme.

 

Couverture de l’ouvrage L'esprit démocratique du populisme

 

Théories du populisme

 

Le terme de populisme reflète surtout le conformisme de ceux qui l’utilisent. La moindre critique d’une autorité ou d’une institution est renvoyée au populisme. L’insulte doit permettre de faire rentrer dans le rang. Ensuite, cette notion vise à disqualifier plutôt qu’à comprendre. Le populisme de Trump triompherait à cause du « grand ressentiment » des classes populaires. Les causes sociales, comme l’appauvrissement de la classe ouvrière, sont éludées.

Le peuple apparaît comme un sujet politique. De la Révolution française jusqu’à la Commune de Paris, des révoltes sociales et démocratiques s’opposent aux régimes autoritaires. Les luttes sociales traversent l’histoire de France. Ce peuple en révolte peut désigner les exploités et les opprimés, aujourd’hui les ouvriers et les employés. Mais le peuple peut aussi se réduire à la notion essentialiste de communauté nationale.

 

Les politologues amalgament l’extrême-droite et l’extrême-gauche dans la notion de populisme. Pierre-André Taguieff, Dominique Reynié ou les chercheurs du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) rejoignent cette définition confusionniste. Le populisme est perçu comme une menace pour la démocratie. Au contraire, Chantal Mouffe considère le populisme comme un remède pour une démocratie en crise. Mais cette notion reste nébuleuse. Le populisme n’est pas un concept précis rattaché à des pratiques politiques. C’est un simple style.

Pour les politologues, le populisme s’apparente à une forme de démagogie. L’appel au peuple vise à la manipulation. Ces universitaires n’envisagent pas que l’appel au peuple peut aussi déboucher vers des mobilisations sociales. Ensuite, le populisme est considéré comme post-idéologique. Il ne s’inscrit pas dans l’opposition traditionnelle entre la droite et la gauche. Pour rajouter de la confusion, Pascal Pérrineau forge le concept de « gaucho-lepénisme ». Même si les études sérieuses montrent que l’électorat du Front national reste opposé à celui de la gauche. Le populisme est alors assimilé au nationalisme. Le dépassement du clivage gauche/droite relève du marketing électoral. Mais l’opposition entre les fascistes et les socialistes perdure.

 

Le populisme peut également désigner un pouvoir autoritaire dans un cadre légal démocratique. Karl Marx évoque le concept de bonapartisme, à partir de l’exemple de Napoléon III, pour décrire un régime autoritaire qui s’appuie sur le plébiscite et le soutien populaire. Antonio Gramsci évoque le concept de césarisme pour désigner le glissement autoritaire des régimes démocratiques. Les politologues préfèrent la notion confuse de populisme pour éviter de se poser la question de la réduction des libertés publiques et de la répression des mouvements sociaux dans les régimes démocratiques.

Les politologues observent que le populisme provient de la crise de la démocratie représentative. Mais les universitaires s’opposent à la participation populaire et aux conflits sociaux. Toute forme de critique à l’égard des professionnels de la politique est même considérée comme du populisme. Les politologues s’attachent donc à la défense du pouvoir et des élus contre un peuple jugé ignorant et incompétent.

 

 

Populismes historiques

 

Le populisme n’est pas un courant politique avec un programme précis et immuable. Mais il surgit au cours de moments contestataires. Le populisme russe des narodnikise développe au XIXe siècle. Ce mouvement attaque l’Etat autoritaire et réclame un régime démocratique. En Russie, le mouvement ouvrier reste peu développé. Le capitalisme demeure plus féodal qu’industriel. Les paysans composent la majorité des classes populaires. C’est sur ce peuple que les populistes veulent s’appuyer pour transformer la société.

La génération des années 1840, incarnée par Alexandre Herzen et Mikhaïl Bakounine, s’inscrit dans un socialisme romantique. Elle valorise l’auto-organisation et la culture paysanne contre la modernité capitaliste. En 1861, le régime tsariste permet une démocratisation pour éviter un soulèvement de la paysannerie. Les populistes poussent les paysans à s’organiser et à résister face à l’autorité du tsar. Mais ils subissent la répression du régime. La génération de Sergeï Netchaïev valorise davantage l’activisme et se tourne vers le terrorisme. Ce courant inspire Lénine et les bolcheviks qui veulent regrouper des révolutionnaires professionnels. Mais ils se méfient de la spontanéité des masses. Ils se tournent vers le nouveau prolétariat urbain plutôt que vers la paysannerie.

Le populisme russe insiste sur la capacité politique du peuple et valorise son autonomie. Les populistes veulent créer une alliance de tous les opprimés avec les femmes, les paysans et les prolétaires. Bakounine transforme cette position en véritable programme politique pour créer l’anarchisme. En 1848, il observe que les révoltes des peuples s’opposent au despotisme. Mais le populisme reste contradictoire. Ce sont des porte-parole qui doivent rendre le peuple conscient de son autonomie. Mais si le peuple est capable de s’auto-organiser, il n’a pas besoin de porte-parole. Ensuite, le populisme reste incantatoire. Il valorise la spontanéité mais sans se préoccuper du contexte politique dans lequel elle peut surgir. Au contraire, Rosa Luxemburg insiste sur la nécessité de relier organisation et spontanéité pour ne pas sombrer dans le volontarisme incantatoire. Karl Marx s’inspire des populistes russes. Il insiste sur l’importance de l’autonomie populaire à partir de l’exemple de la Commune de 1871.

 

Le populisme se développe aux Etats-Unis en raison de la faiblesse de la protection sociale. L’Etat-providence émerge uniquement après la crise de 1929. Le People’s Party (1877-1896) repose sur des petits fermiers ruinés. Mais il regroupe aussi des femmes et des Noirs. Ce populisme s’appuie sur le mythe du petit propriétaire terrien. La « république agraire » reste la base de la démocratie selon Jefferson. Ce populisme s’oppose à la modernisation industrielle. Les paysans s’allient avec les ouvriers au nom de la défense des « producteurs ». Mais les populistes ne remettent pas en cause le capitalisme comme mode de production. Ils s’opposent aux socialistes qui insistent sur la lutte des classes et veulent abolir le salariat. Le populisme se fond dans le Parti démocrate pour défendre la question sociale et l’intervention de l’Etat.

Le populisme repose sur un minimalisme idéologique. Il ne propose aucune vision claire de la société ni aucune stratégie de changement social. Il se contente d’agglomérer des groupes hétérogènes pour opposer le peuple aux élites. Le populisme émerge dans des périodes de crise économique mais aussi d’affaiblissement des organisations politiques. Le populisme se réduit à une apparition éphémère et inconséquente. Mais il prépare des changements profonds à venir.

 

 

Populisme en Amérique latine

 

En Amérique latine, le populisme est parvenu à perdurer et à s’institutionnaliser. Avec la crise des années 1930 et la faillite des politiques libérales, les populistes arrivent au pouvoir. Ils permettent la création d’un marché national, la nationalisation des ressources comme le pétrole et le gaz, la création de nouveaux droits sociaux pour les travailleurs, une politique éducative et culturelle à destination des classes populaires. Cependant, l’Etat-providence populiste reste clientéliste. Il cherche à fidéliser une partie des classes moyennes et populaires pour en faire un bastion électoral. Ces régimes n’hésitent pas à réprimer les marxistes et les mouvements sociaux.

En Argentine, le premier péronisme se déroule de 1946 à 1955. Des réformes économiques permettent de nombreuses nationalisations et le contrôle des exportations par l’Etat. Une politique d’industrialisation est mise en place. Le régime permet le droit de vote des femmes. Il favorise également la participation des classes populaires à travers des organisations locales, associatives, syndicales, féministes ou culturelles. Mais, à partir de 1948, le régime réprime les grèves ouvrières. Les syndicats doivent s’inscrive dans une logique corporatiste et de collaboration avec l’Etat. Péron est renversé en 1955 par un coup d’Etat militaire.

Au Brésil, Gétulio Vargas dirige le pays de 1930 à 1945. Il permet également des droits sociaux. Mais il impose immédiatement un contrôle sur les syndicats. En 1935, avec la menace d’une révolte populiste, Vargas installe une dictature qui s’appuie sur l’armée et limite les libertés civiles. Ce régime conserve une dimension sociale avec son Code du travail et ses nationalisations. Les classes populaires sont valorisées mais les inégalités sociales perdurent. Ce populisme autoritaire glisse vers le fascisme.

Au Mexique, l’expérience de Lazaro Cardenas (1934-1940) permet une réforme agraire. La gestion communautaire des terres reste encadrée par l’Etat. Le mouvement paysan autonome est alors démantelé. Le cardénisme resurgit avec le président Lopez Obrador élu en 2018. Sa politique de redistribution est placée sur le contrôle de l’Etat mais s’oppose à l’autonomie paysanne et au néo-zapatisme. D’autres expériences populistes se développent en Amérique latine en Bolivie (1952-1964), en Equateur (entre 1934 et 1972), au Guatemala (1944-1954), au Venezuela (1945-1948), en République dominicaine (1961-1963).

 

Le populisme connaît un important succès auprès des classes populaires qui gagnent davantage de libertés. Les travailleurs obtiennent des droits importants face aux patrons. Ce qui apparaît comme une liberté concrète pour des groupes sociaux dont les droits ont toujours été niés. Le populisme valorise l’égalité sociale, mais à partir d’un Etat qui repose sur la hiérarchie.

Le populisme resurgit dans le Vénézuela d’Hugo Chavez à partir de 1998, dans la Bolivie d’Evo Morales à partir de 2005 et dans l’Equateur de Rafael Correa entre 2006 et 2017. Ces nouveaux populismes accèdent au pouvoir après une vague de luttes contre l’augmentation des prix des produits de première nécessité. Ces mouvements sociaux attaquent les populismes classiques qui mènent une politique néolibérale.

Le nouveau pouvoir intègre les quartiers populaires et les indigènes qui portent les mouvements sociaux et ont été délaissés par le populisme classique. Une forme de démocratie participative s’appuie sur des communautés qui restent conçues comme un relais du pouvoir. La gestion clientéliste de la rente pétrolière est confiée à ces comités locaux. Ces populismes deviennent dépendants des fluctuations du prix du gaz ou du pétrole. Ils s’appuient sur un Etat qui devient de plus en plus autoritaire pour réprimer la contestation.

 

 

Populisme de gauche en Europe

 

Le populisme surgit dans des périodes de crise. La démocratie représentative se recroqueville autour du pouvoir d’une petite élite dirigeante. Le néolibéralisme provoque des crises économiques et augmente les inégalités sociales.

Le populisme s’appuie sur une mobilisation sociale avec des individus issus de différentes positions sociales et identités culturelles. Mais le rassemblement de groupes sociaux hétérogènes peut déboucher vers des divisions. C’est alors le leader charismatique qui doit maintenir l’unité du mouvement.

Le populisme au pouvoir valorise la participation des classes populaires. Il permet également le développement de droits sociaux. Mais le populisme au pouvoir peut devennir autoritaire. Il affaiblit les médiations collectives entre l’Etat et la société. L’Etat devient le seul représentant du peuple et se permet alors de réprimer violemment les mouvements sociaux.

 

Le populisme se développe dans l’Europe du Sud dont la situation actuelle rappelle celle de l’Amérique latine des années 1990. La crise de 2008 provoque unappauvrissement de la population. En Grèce, des émeutes éclatent dès 2008. Mais c’est en 2011 qu’un mouvement d’occupation émerge. En Espagne, dans un contexte d’expulsions de logement, le mouvement du 15-M demande une « démocratie réelle ». En France, la lutte contre la Loi travail de 2016 débouche vers le phénomène Nuit debout. Ces mouvements sociaux regroupent des classes populaires et des jeunes diplômés en situation de précarité. Ils dépassent le cadre national et se réfèrent aux mouvements Occupy. Ils contestent le néolibéralisme à travers une opposition entre le peuple et les élites.

En Grèce, Syriza refuse la qualification de populiste. Ce parti-mouvement émerge en 2013, dans un contexte d’essoufflement des luttes sociales et du mouvement de la place Syntagma. Cette coalition de groupuscules de la gauche radicale ne se structure pas autour d’un clivage de classe. Syriza oppose le peuple démocratique aux élites traîtresses. Arrivé au pouvoir en 2015, ce parti ne met pas en œuvre sa politique sociale promise. Il prend même un virage autoritaire avec la répression des grèves en 2018. La droite conservatrice revient au pouvoir en 2019.

 

En Espagne, le modèle Podemos semble le moins raté. Ce parti-mouvement accompagne toutes les luttes sociales depuis 2012. Podemos rejette l’opposition droite-gauche pour préférer le clivage entre le peuple et la caste. Une démocratie participative s’appuie sur des cercles locaux qui élaborent leurs revendications. Mais ce sont les « intellectuels organiques » du parti qui fédèrent les diverses demandes. Pire, Podemos évolue vers une centralisation autoritaire. Après une percée électorale et la conquête de mairies, la dynamique semble s’essouffler.

La France insoumise ne s’appuie pas sur les mouvements sociaux. Son leader Jean-Luc Mélenchon adopte la stratégie populiste après Nuit debout. Il tient à se démarquer des partis de gauche. Mais son parti adopte une ligne nationaliste de gauche inspirée par l’économiste Frédéric Lordon. La France insoumise s’appuie moins sur des dynamiques locales et des mouvements sociaux que sur la personnalisation politique à travers son leader. Ce qui révèle une dimension autoritaire voire bonapartiste.

 

Jean-Luc Mélenchon dans la cuisine de François Ruffin.

 

Populisme et social-démocratie

 

Federico Tarragoni propose un éclairage bienvenu sur un populisme qui fait l’objet d’une compilation d’essais confus et biaisés idéologiquement. Ces livres en disent davantage sur leurs auteurs que sur le phénomène qu’ils prétendent étudier. Federico Tarragoni définit les contours théoriques du populisme. Surtout, il sort de la posture surplombante de la philosophie politique pour se pencher sur la réalité historique du populisme. Sa démarche sociologique devient un support indispensable pour penser ce phénomène. C’est uniquement à partir d’une définition claire du populisme qu’il est possible d’émettre une position politique pertinente.

Federico Tarragoni reste d’ailleurs très objectif dans sa description du populisme. Le sociologue ne cherche pas à masquer son attachement à la version démocratique du populisme. Mais il n’hésite pas à montrer les forces et les faiblesses des différents mouvements populistes. Federico Tarragoni critique pertinement le danger d’une dérive autoritaire, à travers des régimes clientélistes une fois que les populistes prennent le pouvoir.

Les exemples en Amérique latine montrent le risque d’une répression des mouvements sociaux. La version de Chantal Mouffe et de Jean-Luc Mélenchon reste centrée sur la figure du leader charismatique. Ce qui peut se révéler dangereux une fois que les populistes arrivent au pouvoir. Federico Tarragoni va même plus loin. Il pointe le risque d’un parti populiste qui reste focalisé sur la gestion de l’appareil d’Etat plutôt que sur les mouvements sociaux et les dynamiques qui émergent dans la population.

 

En revanche, il devient plus difficile de suivre Federico Tarragoni sur l’interclassismeassumé. Le populisme vise à agréger différentes classes sociales. Les cadres, les petits patrons, les ouvriers et les employés sont englobés dans la même catégorie de peuple. Les élites se composeraient uniquement de 1 % de la population. Les rapports sociaux et les hiérarchies qui traversent le monde du travail sont donc effacés.

Une analyse de classe insiste au contraire sur les intérêts divergents des différents groupes sociaux. Une employée peut difficilement se solidariser de son patron ou de son supérieur hiérarchique sans renoncer à la défense de ses intérêts propres. La mode du populaire masque mal la défense des intérêts de la petite bourgeoisie intellectuelle au nom d’un prétendu intérêt général. Le mouvement des Gilets jaunes, exemple supposé de populisme, renonce rapidement à sa dimension inter-classiste. Les actions de blocage économique attirent dès le début le rejet des petits patrons. Les cadres n’ont globalement pas participé à cette révolte sociale.

Federico Tarragoni insiste d’ailleurs sur la démarche du populisme qui s’oppose à la lutte des classes. Ces expériences historiques se distinguent du socialisme et du mouvement ouvrier. Le populisme ne remet pas en cause l’exploitation et le capitalisme. Il revendique uniquement davantage de démocratie et vise surtout les élites politiques, plutôt que les élites économiques. Il attaque essentiellement la haute-bourgeoisie d’Etat uniquement pour sa domination politique. Les luttes sociales sont alors éloignées des entreprises et ne passent pas par des mouvements de grève. Leur traduction politique ne peut que se réduire à une prise de pouvoir d’Etat pour changer les élites actuelles par des élites supposées plus vertueuses. La réorganisation de la production depuis la base n’est jamais envisagée.

 

Federico Tarragoni se dévoile clairement. Pour le sociologue, le populisme doit avant tout permettre de renouveler la social-démocratie. Ce n’est pas un mouvement révolutionnaire qui vise à remettre en cause la logique capitaliste et l’exploitation. Le populisme se contente de redistribuer les richesses sans s’attaquer à la cause des inégalités sociales. Federico Tarragoni ne répond pas à l’impasse de la social-démocratie. Le débat sur l’Europe reste un leurre. Depuis la crise de 2008, les Etats restent dirigés par une bourgeoisie attachée à maintenir son taux de profit. Toute volonté de changement par un gouvernement de gauche se heurte à l’inertie voire à l’hostilité de la haute administration.

Ensuite, l’objectif du retour au plein emploi devient illusoire en raison des mutations du monde du travail, davantage précaire et mécanisé. L’Etat n’est plus un outil qui permet de changer la société. Plus que jamais, les institutions restent l’outil au service de la seule classe dirigeante. Seule une multiplication des luttes sociales peut permettre d’attaquer l’ordre capitaliste et de s’appuyer sur des structures autonomes pour réorganiser la société.

 

Source : Federico Tarragoni, L’esprit démocratique du populisme, La Découverte, 2019

 

Articles liés :

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Pour aller plus loin :

Vidéo : Le populisme peut-il être démocratique ?, émission diffusée sur France Culture le 21 novembre 2019

Vidéo : Les populistes de gauche à l’assaut du Parti démocrate, émission diffusée sur Mediapart le 11 février 2020

Radio : La vague populiste est-elle un signe de vitalité démocratique ?, émission diffusée sur RCF le 12 février 2020

 

Federico Tarragoni : « Le populisme a une dimension démocratique radicale », publié sur le site de la revue Ballast le 7 novembre 2019

Federico Tarragoni, La « menace populiste » : l’éternel retour du même (peuple) ?, publié sur le site de la revue Mouvements le 9 février 2015

Le populisme : un projet transformateur ?, publié sur le site millénaire 3 le 28 novembre 2016

Federico Tarragoni, Le populisme est-il vraiment un risque politique pour les démocraties ?, publié sur le site The Conversation le 16 novembre 2017

Federico Tarragoni, Du populisme « par le haut » au populisme « par le bas ». Les apports d’une enquête de terrain à la redéfinition d’un concept flou, publié sur le site de la revue Idées d’Amériques n°14 en 2019

Federico Tarragoni, « La révolution bolivarienne a impulsé la politisation des classes populaires, mais… », publié sur le site Révolution Permanente le 3 mars 2019

Federico Tarragoni, Débat. «Populaire ou populisme?» A propos de l’ouvrage d’Eric Fassin: «Populisme, le grand ressentiment», publié sur le site A l’encontre le 12 juillet 2017

Articles de Federico Tarragoni publiés sur le site La Vie des Idées

Articles de Federico Tarragoni publiés sur le site de la revue Projet 

Articles de Federico Tarragoni publiés dans le portail Cairn


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