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SOURCE : NPA
Sous la pression des récentes mobilisations et de l’opiniâtreté de la famille Traoré, « l’affaire » Adama Traoré a connu de nouveaux développements au cours des dernières semaines. Les preuves s’accumulent qui démontrent, pour qui en doutait encore, que la « version officielle » n’était qu’un mensonge, et que les gendarmes ont bel et bien tué Adama Traoré, comme l’affirment ses proches et ses soutiens depuis quatre ans. Dans un tel contexte, la mobilisation du 18 juillet à Beaumont-sur-Oise prend un relief tout particulier.
Cela fait désormais quatre ans que la famille d’Adama Traoré se bat contre les mensonges, les intimidations, les pressions, pour faire valoir la justice et pour obtenir la vérité sur la mort d’Adama Traoré lors de son interpellation par des gendarmes, le 19 juillet 2020 à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise). Quatre ans de combat acharné contre la violence et l’impunité érigées en système, contre l’institution policière et les ministres de l’Intérieur successifs, contre le déni de justice et les injonctions au silence. Quatre ans de lutte, dans la dignité.
Une mobilisation aux racines profondes
Les récentes mobilisations du 2 juin au TGI de Paris et du 13 juin place de la République, ainsi que les manifestations qui se sont déroulées dans de nombreuses villes aux quatre coins de la France, se sont inscrites dans une vague internationale de mobilisation contre le racisme et les violences policières consécutive à la mort de George Floyd à Minneapolis. Ce qui ne signifie nullement qu’elles ne sont pas profondément ancrées en France : le cas d’Adama Traoré est en effet symbolique de ces dizaines de morts imputables à la police et à la gendarmerie, qui ne sont pas une suite d’incidents ou de « bavures » mais bien l’expression d’une domination et d’une violence systémiques.
Contrairement à ce que voudraient nous faire croire certains, ce qui est en cause n’est pas « seulement » les mauvais comportements de certains, mais un système de domination et d’oppression. Il existe un racisme institutionnel en France, qui s’exprime tout autant dans les politiques criminelles à l’égard des migrantEs et des sans-papiers que dans la pratique systématique des contrôles au faciès, souvent à l’origine des crimes policiers. Et c’est contre ce racisme institutionnel que des dizaines de milliers de personnes se sont levées, au premier rang desquelles les « premierEs concernéEs », pas contre des idées dangereuses ou des comportements individuels intolérables.
Le rendez-vous du 18 juillet à Beaumont-sur-Oise a donc un double enjeu : exprimer notre soutien à la juste et admirable lutte du Comité Adama pour la vérité et la justice ; poursuivre la construction du rapport de forces contre un système de répression et de domination dont la dimension raciale/raciste est l’un des piliers. Un rendez-vous incontournable, duquel aucune force de la gauche sociale et politique ne devrait penser qu’elle peut être absente. Comme nous le disait Youcef Brakni, du comité Adama, il y a quelques semaines : « Quand un jeune homme meurt, le jour de ses 24 ans, tué par des gendarmes, ou quand d’autres, en moto, sont percutés, finissent écrasés… tout le monde devrait être révolté, et la révolte devrait être le mot d’ordre de toutes les organisations, politiques, syndicales, associatives. »