Les bacheliers des quartiers difficiles sont pénalisés pour les études supérieures

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SOURCE : Les Echos

Selon une étude du Céreq, les étudiants ayant obtenu leur bac dans un lycée de quartier prioritaire accèdent moins fréquemment aux études les plus sélectives et font face à une insertion professionnelle plus difficile.

Les jeunes ayant obtenu leur bac dans un lycée de quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) ont des scolarités plus courtes et moins prestigieuses que les autres. C’est le constat que dresse le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), à l’issue d’une enquête réalisée en 2016 en partenariat avec l’Agence nationale de la cohésion des territoires sur un échantillon de jeunes ayant obtenu le bac en 2013.

Surreprésentation de la filière professionnelle

Les jeunes résidant en QPV, davantage scolarisés dans des lycées «défavorisés» où «le niveau scolaire est plus faible» intègrent majoritairement la filière professionnelle. Selon les chiffres publiés par le Céreq, 38% des bacheliers en QPV en 2013 sont titulaires d’un bac pro, contre 23% pour ceux issus des autres quartiers des mêmes agglomérations (AQUUE). «Les pratiques d’orientation des lycées ne sont pas neutres : les bons élèves auront les mêmes préconisations d’orientation, mais on dirige plus les étudiants vers le bac professionnel», explique Thomas Couppié, chercheur au Céreq et auteur de l’étude.

Le nombre important de bacheliers professionnels explique par ailleurs le relativement faible taux d’engagement dans les études post-bac (70% contre 77% pour les bacheliers des AQUUE). Pourtant, les élèves des quartiers difficiles en bac professionnel ont davantage tendance à poursuivre leurs études vis-à-vis des autres bacheliers de cette filière. Le résultat, selon le Céreq, d’une «insatisfaction plus prégnante à l’égard de l’orientation à l’entrée du lycée.»

Aiguillés en priorité vers ces filières, les jeunes, souvent «confrontés à des difficultés d’accès aux stages et aux contrats d’apprentissage» voient dans la poursuite des études une façon de «s’armer en vue de leur future entrée sur le marche du travail». Elle serait également, notamment pour les ceux issus de l’immigration, synonyme d’une «forte espérance d’ascension sociale.»

Des études moins prestigieuses

Lorsqu’ils poursuivent des études supérieures, les jeunes issus des QPV postulent moins souvent aux filières jugées élitistes (écoles d’ingénieurs, de commerce…), et priorisent les formations de proximité. Par exemple, les sections de technicien supérieur (BTS, IUT) concentrent 45% des bacheliers des QPV, contre 32% des autres étudiants. Ils sont également plus nombreux sur les bancs des universités. La résultante d’une «autocensure» en termes de candidature, mais aussi d’une orientation par défaut à la suite d’un refus en filière sélective.

Mais «la formation des jeunes en QPV, bac plus souvent professionnel ou technologique, les prépare moins bien aux formations générales que sont les licences», pointe le Céreq. De sorte que près d’un jeune sur deux issu des QPV échoue à l’université. Un problème qui pourrait, selon Thomas Couppié, être endigué grâce à «la généralisation de l’orientation en BTS sur avis favorable du conseil de classe» et à un meilleur accompagnement. Près de 34% des jeunes issus de quartiers prioritaires engagés dans un cycle d’études supérieures sortent sans diplôme, contre 20% pour les sondés des autres quartiers.

Des emplois moins qualifiés

Moins nombreux à atteindre les diplômes des niveaux les plus élevés, les jeunes issus des quartiers prioritaires occupent plus fréquemment des postes d’employés ou d’ouvriers (à hauteur de 45% contre 35 pour le reste de la population interrogée). L’étude, qui signale que «leurs trajectoires professionnelles sont plus erratiques», met l’accent sur l’insatisfaction générée par l’occupation de postes globalement moins qualifiés : 35% des bacheliers des QPV occupant un emploi salarié s’estiment utilisés en-dessous de leur niveau de compétence. Ce qui conduit le Céreq à dénoncer «le bilan mitigé de plusieurs décennies d’éducation prioritaire au regard des inégalités scolaires massives.»

Colette Aubert


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