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SOURCE : INSEE
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Article de Libération
Article des Echos
Article de La Tribune
Résumé
Une économie diminuée
L’épidémie de covid-19 s’inscrit dans la durée
Sur le plan épidémiologique, le scénario d’une épidémie ponctuelle, qui aurait disparu à la faveur de l’été, semble écarté. Après une accalmie, la circulation du virus rebondit, en France comme dans beaucoup de pays. A côté des « gestes barrières », les mesures d’endiguement plus restrictives et qui affectent plus directement l’activité économique (fermetures de bars, de restaurants, de salles de sport, etc.) sont, à ce stade, davantage ciblées territorialement et sectoriellement qu’au printemps. Le transport aérien de voyageurs reste quant à lui très affecté, comme depuis le début de la crise sanitaire.
Les enquêtes de conjoncture sont teintées d’inquiétude, en particulier dans les services
En septembre, la poursuite de l’amélioration du climat des affaires en France tient surtout, dans la plupart des secteurs, à l’amélioration du jugement sur la production passée, tandis que les perspectives d’activité pour les trois prochains mois sont en retrait, selon les chefs d’entreprise interrogés dans les enquêtes de conjoncture. En particulier, dans les services, le solde d’opinion relatif à l’activité future n’a pas encore retrouvé sa moyenne de longue période, alors que c’est le cas dans l’industrie.
La confiance des ménages n’a quant à elle pas rebondi depuis avril dernier. L’indicateur qui la synthétise reste tout de même plus élevé que pendant la grande récession de 2008-2009, mais les inquiétudes relatives au chômage atteignent des niveaux comparables. De plus en plus de ménages considèrent qu’il est opportun d’épargner.
Les prévisions pour la fin de l’année deviennent plus incertaines
Comme depuis le début de la crise sanitaire, c’est l’évolution de l’épidémie qui devrait en grande partie conditionner celle de l’activité économique des tous prochains mois. Le ciblage plus fin des mesures d’endiguement devrait toutefois amoindrir leur impact économique, notamment par rapport au confinement général du printemps dernier. Les signaux mobilisables pour prévoir l’activité du quatrième trimestre 2020 sont seulement partiels à ce stade :
- Les enquêtes de conjoncture pointent des perspectives d’activité en retrait, mais il est difficile de traduire quantitativement ce message qualitatif émis en septembre, compte tenu de la singularité de cette situation potentiellement très évolutive d’ici la fin de l’année ;
- La plupart des données à haute fréquence mobilisées au printemps dernier ont été utiles pour suivre des mouvements soudains et de grande ampleur, mais se prêtent moins à l’évaluation de mesures de restrictions ciblées et localisées. Les montants agrégés de transactions par carte bancaire, ainsi que certains indicateurs de requêtes sur les moteurs de recherche, suggèrent tout de même un ralentissement de la consommation des ménages en septembre.
Le risque d’une pause, voire d’une rechute
Après le vif rebond associé au déconfinement (+ 16 % prévu au troisième trimestre, après – 13,8 % au deuxième et – 5,9 % au premier), l’activité économique pourrait ainsi marquer le pas en fin d’année sous l’effet de la résurgence de l’épidémie. Dans un scénario où, au quatrième trimestre, les services les plus affectés (hôtellerie-restauration, services de transport, activités récréatives et de loisirs) reviendraient, après une embellie durant l’été, à leur niveau d’activité de juin dernier et où l’investissement resterait, par attentisme, à un niveau proche de celui du troisième trimestre, la croissance serait nulle en fin d’année.
Dans ce cas de figure, le PIB français resterait, en fin d’année, 5 % en deçà de son niveau d’avant-crise, comme en moyenne pendant l’été.
Cette prévision pour l’automne reflète la grande incertitude qui caractérise les prochains mois. Un durcissement durable des restrictions sanitaires pourrait ainsi provoquer une nouvelle contraction du PIB au quatrième trimestre. Inversement, si la situation sanitaire se stabilisait, l’évolution du PIB pourrait être positive en fin d’année.
Au total sur l’année 2020, la prévision de contraction du PIB reste de l’ordre de – 9 %.
L’emploi et le pouvoir d’achat des ménages baisseraient en 2020, mais beaucoup moins que l’activité économique
Environ 840 000 emplois, dont près de 730 000 emplois salariés, seraient perdus en 2020. Ce net recul (de l’ordre de – 3 % en moyenne annuelle) serait cependant beaucoup moins marqué que celui du PIB, du fait tout à la fois du dispositif d’activité partielle, ponctuel ou de plus longue durée, mais aussi d’un phénomène de rétention de main-d’oeuvre de la part de certaines entreprises qui conserveraient à ce stade une grande partie de leurs effectifs malgré la contraction de leur activité.
Le halo autour du chômage, qui avait bondi pendant le confinement compte tenu des difficultés à rechercher un emploi pendant cette période, se réduirait avec pour contrepartie une forte hausse du chômage au second semestre. Le taux de chômage bondirait dès le troisième trimestre et atteindrait 9,7 % en fin d’année.
L’inflation serait nulle en glissement annuel en décembre et limitée à un demi-point en moyenne annuelle en 2020. Compte tenu par ailleurs des divers dispositifs mis en place pour préserver les revenus, le pouvoir d’achat des ménages par unité de consommation ne baisserait « que » d’un point sur l’année 2020, tout en sachant que ce chiffre macroéconomique agrège des situations individuelles très disparates.
Avec le rebond de la consommation – même atténué en fin d’année – le taux d’épargne des ménages qui avait quasiment doublé au deuxième trimestre (du fait d’une épargne forcée) reviendrait autour de 17 % au second semestre, un niveau légèrement supérieur à celui d’avant-crise.
Une situation économique contrastée, selon les secteurs d’activité et selon les territoires
L’impact de la crise dépend étroitement du degré d’exposition de chaque secteur d’activité aux mesures d’endiguement sanitaire. Cette Note de conjoncture donne quelques coups de projecteur sur ceux des secteurs qui sont particulièrement affectés.
Dans l’industrie, le secteur aéronautique a ainsi grandement contribué à la chute des exportations de biens manufacturés. Mais les services sont globalement plus affectés que l’industrie : en particulier, l’hébergement-restauration, les transports de voyageurs et les activités culturelles, qui représentent au total, dans leur partie marchande, de l’ordre de 8 % de la valeur ajoutée, apparaissent pénalisés de manière potentiellement durable et devraient concentrer au second semestre l’essentiel des pertes d’emplois.
Cette hétérogénéité sectorielle se double d’une hétérogénéité territoriale. Par exemple, si l’activité touristique des résidents français a pu cet été retrouver voire dépasser son niveau de l’an passé dans certaines régions littorales ou peu densément peuplées, les métropoles ont à l’inverse été pénalisées par le recul des dépenses des touristes français, conjugué à la forte chute du nombre de touristes étrangers.
L’épidémie a ainsi rebattu les cartes entre les secteurs d’activité et entre les territoires, mais il est trop tôt, compte tenu de l’incertitude qui subsiste, pour dire quelle part de ces recompositions sectorielles ou territoriales est susceptible d’être pérenne.