AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Libération
Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus.
«Un intellectuel, écrivait Bukowski, exprime des choses simples avec des mots compliqués. Un artiste, poursuivait-il, exprime des choses compliquées avec des mots simples.»
Il en va de même pour les médecins. Pas par mépris, pas par suffisance, mais pour être certains d’être compris. D’autant que l’anxiété, la peur, le stress, empêchent souvent le patient d’intégrer une partie de ce qu’on lui explique, d’où les nombreuses plaintes sur l’air de «Mais on ne m’a rien expliqué. On ne me l’a jamais dit». Je me souviens avoir essuyé, jeune médecin, les reproches de la famille d’un patient qui, après l’avoir accompagné pendant six mois dans un service de cancérologie, en radiothérapie et en chimiothérapie, pour, selon eux, une «tache au poumon», étaient venus taper un scandale dans ma salle d’attente parce que je leur aurais caché que leur père de famille était atteint d’un cancer.
Trémolos dans la voix
Il faut donc dire les choses, les répéter. Parce que le climat est anxiogène, et que les gens sont bombardés d’informations contradictoires. Et que presque personne n’explique à la population, malgré sa soif de comprendre, des choses extrêmement basiques. Si basiques que personne ne s’y abaisse. Les plateaux sont pleins d’experts des courbes exponentielles, qui vous traquent un R0 et un taux d’incidence comme Sherlock Holmes, mais personne à ma connaissance n’a montré comment mettre ou ne pas mettre un masque, comment le retirer, ou pourquoi une mangeoire à oiseaux en plastique n’est pas une bonne idée.Je vais donc répéter ce que j’ai écrit ici il y a plus d’un mois, le 26 août : «Vivez les fenêtres ouvertes.» Oui, je sais, nous sommes début octobre, le temps a changé, le froid étend son emprise. Mais je reste stupéfait que si peu de gens sachent qu’il est utile, voire indispensable, d’aérer fréquemment les lieux de vie.
Le Guardian titrait le 30 septembre «Les Allemands se mettent à l’aération pour repousser le coronavirus». «C’est probablement la méthode la moins coûteuse et la plus efficace pour contenir l’extension du virus», a expliqué Angela Merkel, qui a l’habitude de faire dans le factuel lorsque son homologue français, des trémolos dans la voix, en appelle à la responsabilité individuelle avec un vocabulaire guerrier. Les écoles allemandes ont pour protocole d’ouvrir les fenêtres toutes les vingt minutes. Si cette règle apparaît contraignante à l’entrée dans l’hiver, elle seule permet d’éviter un niveau de concentration du virus dans l’air pouvant le rendre infectant, transformant une salle de classe en cluster (parce que oui, contrairement aux enfants français, les petits Allemands, comme tous les enfants du monde, se transmettent le coronavirus entre eux et le transmettent aux adultes). En France, la préconisation d’aérer seulement trois fois par jour ne correspond à aucune donnée scientifique…
Mais l’Allemagne va plus loin. Alors que nous nous écharpions pendant tout l’été sur la fin de l’épidémie, l’immunité présumée déjà atteinte en Ile-de-France et dans le Grand Est, la perte de virulence du virus, le risque de s’asphyxier dans un masque et l’efficacité fantasmée de l’hydroxychloroquine du charlatan marseillais, l’Allemagne et ses ingénieurs observaient, testaient, informaient, mettaient en place des appareils de mesure de CO2 dans de nombreux lieux publics clos. A titre expérimental, des purificateurs d’air sont installés dans les classes de Hambourg. Les essais semblant très concluants, le gouvernement allemand prépare d’ores et déjà un plan d’urgence de 500 millions d’euros pour équiper ses écoles de tels appareils… En attendant, et malgré l’hiver qui approche, la recommandation est déjà en vigueur dans tous les bâtiments publics outre-Rhin : ouvrir les fenêtres pour renouveler l’air toutes les vingt minutes.
L’aérosolisation toujours pas prise en compte
En France, on ferme des cafés, des restaurants, sans jamais avoir expliqué aux restaurateurs ce qu’on attendait d’eux, sans jamais avoir exigé une aération correcte dans ces établissements. On continue à seriner le dogme de la distanciation physique, sans jamais expliquer qu’en l’absence d’aération, l’aérosolisation du virus peut engendrer des contaminations bien au-delà de la distance de 1,5 mètre si des gens parlent ou chantent pendant un long moment dans une pièce dont l’air n’est pas renouvelé. Et pourtant les premiers cas de contamination documentée par aérosolisation datent de mars, le concept est discuté depuis mai. Nous l’avons martelé dès juillet avec une tribune demandant le port de masque en lieu clos, et obtenu gain de cause malgré la frilosité des instances scientifiques censées guider l’action gouvernementale… D’ailleurs certains médecins, comme le docteur Jérôme Marty, conseillaient d’aérer les lieux de vie, les Ehpad, depuis le début du mois de mars, et accusaient le gouvernement de ne pas communiquer sur ce point essentiel car admettre l’aérosolisation, c’était reconnaître le caractère indispensable du masque FFP2 pour tous les soignants…
Mais l’Allemagne va plus loin. Alors que nous nous écharpions pendant tout l’été sur la fin de l’épidémie, l’immunité présumée déjà atteinte en Ile-de-France et dans le Grand Est, la perte de virulence du virus, le risque de s’asphyxier dans un masque et l’efficacité fantasmée de l’hydroxychloroquine du charlatan marseillais, l’Allemagne et ses ingénieurs observaient, testaient, informaient, mettaient en place des appareils de mesure de CO2 dans de nombreux lieux publics clos. A titre expérimental, des purificateurs d’air sont installés dans les classes de Hambourg. Les essais semblant très concluants, le gouvernement allemand prépare d’ores et déjà un plan d’urgence de 500 millions d’euros pour équiper ses écoles de tels appareils… En attendant, et malgré l’hiver qui approche, la recommandation est déjà en vigueur dans tous les bâtiments publics outre-Rhin : ouvrir les fenêtres pour renouveler l’air toutes les vingt minutes.
L’aérosolisation toujours pas prise en compte
En France, on ferme des cafés, des restaurants, sans jamais avoir expliqué aux restaurateurs ce qu’on attendait d’eux, sans jamais avoir exigé une aération correcte dans ces établissements. On continue à seriner le dogme de la distanciation physique, sans jamais expliquer qu’en l’absence d’aération, l’aérosolisation du virus peut engendrer des contaminations bien au-delà de la distance de 1,5 mètre si des gens parlent ou chantent pendant un long moment dans une pièce dont l’air n’est pas renouvelé. Et pourtant les premiers cas de contamination documentée par aérosolisation datent de mars, le concept est discuté depuis mai. Nous l’avons martelé dès juillet avec une tribune demandant le port de masque en lieu clos, et obtenu gain de cause malgré la frilosité des instances scientifiques censées guider l’action gouvernementale… D’ailleurs certains médecins, comme le docteur Jérôme Marty, conseillaient d’aérer les lieux de vie, les Ehpad, depuis le début du mois de mars, et accusaient le gouvernement de ne pas communiquer sur ce point essentiel car admettre l’aérosolisation, c’était reconnaître le caractère indispensable du masque FFP2 pour tous les soignants…