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SOURCE : Révolution permanente
Le gouvernement cherche à se déployer sur tous les fronts depuis le drame de Conflans, c’est le binôme Schiappa-Dupond-Moretti qui occupe le terrain contre le « cyber-islamisme », introduisant des perspectives de nouvelles mesures liberticides
La dynamique gouvernementale, en réaction à l’assassinat de Samuel Paty, se poursuit sur l’ensemble des terrains. Avec une islamophobie systématique, la volonté de frapper fort est très claire. C’est évidemment l’occasion d’un saut répressif supplémentaire, avec des d’annonces quasi-quotidiennes, ouvrant sur les politiques réactionnaires à plus moyen terme. Que ça soit sur les expulsions de personnes étrangères fichées comme « radicalisées », les dissolutions d’organismes, comme la CCIF ou Barakacity ou encore la fermeture de mosquées.
Le gouvernement distribue ainsi des thématiques à plusieurs membres de l’exécutif. Après avoir défini que l’assassinat de Conflans était issu d’une « fatwa en ligne », Darmanin a donc lancé le duo Schiappa/Dupond-Moretti sur la thématique du « cyber-islamisme ».
Dès lundi, le ministre de la Justice a réuni les procureurs généraux, avec un objectif clair : renforcer le dispositif répressif pour accompagner le tournant en comblant les « trous dans la raquette » judiciaire du gouvernement. Mais il a également annoncé la volonté d’« encadrer les réseaux sociaux ». Marlène Schiappa s’est faite le porte-étendard de ce discours sur les réseaux sociaux, notamment lors d’une émission ce mardi matin sur RTL déclarant que « les réseaux sociaux n’ont pas encore atteint ce stade de prise au sérieux de ce qui est en train de se passer en termes de discours de haine en ligne ». La ministre a réuni, dans ce contexte, lundi à Nanterre les responsables des forces de police et les patrons de police et de gendarmerie afin d’étudier de nouvelles dispositions pour renforcer la lutte contre “le cyberislamisme” avant de se rendre à la sous-direction de la lutte contre la cybercriminalité.
C’est un travail sur plusieurs volets qui est ici amorcé, à la fois renforcer les équipes de polices intervenant sur ces questions et notamment la plateforme Pharos qui supprime des contenus et déréférence des sites. Mais aussi un volet directement géré par les réseaux sociaux eux même, c’est dans cette optique que la ministre déléguée à la Citoyenneté a reçu ce mardi matin des dirigeants français des principaux réseaux sociaux dont : Facebook, Twitter, Google (pour Youtube), Tiktok et Snapchat. Elle en appelle à la responsabilité de chaque réseau pour augmenter l’efficacité des modérations qui y sont faîtes. Au-delà des questions réglementaires et des moyens, Schiappa a annoncé la volonté d’organiser un « contre-discours » de l’État sur internet.
Un retour des mesures liberticides sur fond d’islamophobie
L’agitation qui est faite relève pour l’instant de l’occupation du terrain médiatique sur ces questions, mais annonce de manière sous-jacente un débat latent sur l’encadrement des expressions en ligne, remettant sur le tapis des mesures que le gouvernement n’a pour l’instant pas pu appliquer. Le premier ministre a clairement posé leur problématique en ciblant le Conseil Constitutionnel à propos de l’avis négatif qu’il avait rendu sur la Loi Avia.
Car c’est bien cette perspective que vise le gouvernement : remettre sur la table le projet de loi Avia, qui était centré de manière plus globale « contre la haine en ligne » mais constituait déjà un dangereux outil de censure.. Suite à l’adoption de la loi par le parlement, c’est le Conseil Constitutionnel qui l’avait remise en cause, en pointant les dérives en terme de censure que cela ouvrait. A l’époque, c’est l’amateurisme du gouvernement qui avait été pointé, puisqu’il avait proposé une loi retoquée quasiment de fond en comble.
Aujourd’hui, alors que la loi était en cours de modification et que le gouvernement cherchait par ailleurs à faire passer au niveau européen ces mesures refusées par la constitution française, le duo Schiappa/Dupond-Moretti compte bien s’appuyer sur la situation pour avancer à nouveau leurs pions. Le ministre de la Justicea annoncé des propositions précises« d’ici la fin de la semaine », il s’agira d’être attentif aux possibilités qu’ouvriront celles-ci. Car les logiques sont toujours les mêmes, comme lors de la « la guerre contre les fakes-news », ces mesures s’attaquent en dernière instance à ce tout ce qui dérange le gouvernement. Lorsque l’on parle de la liberté d’expression, il ne faut jamais oublier qu’elle dépend finalement de la classe qui contrôle les instances de régulations de celle-ci.