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SOURCE : Telerama
L’HUMEUR DU JOUR – Interdire toutes photos ou vidéos des forces de l’ordre au nom d’une intention “malveillante” floue, c’est l’une des mesures de la proposition de loi sur la sécurité globale du groupe LREM. Comme disait Martine Aubry : “Quand c’est flou, y a un loup.”
C’est un vieux combat de la droite dure et une promesse de Gérald Darmanin à ses troupes. En septembre, s’exprimant devant un syndicat policier, le ministre de l’Intérieur avait affirmé son intention d’interdire la diffusion d’images de visages de policiers. Déjà étudié par les services juridiques de son prédécesseur, Christophe Castaner, ce droit à l’anonymat des forces de l’ordre vient de se trouver un véhicule législatif : une proposition de loi sur la sécurité globale, déposée par des députés LREM, et qui sera débattue dans l’hémicycle le 17 novembre. Peine encourue pour quiconque porterait atteinte « à l’intégrité physique ou psychique » des fonctionnaires en relayant des photos ou vidéos sur les réseaux sociaux : un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Des images à sens unique
Mais quel est le but de cette manœuvre : protéger les gardiens de la paix – auditionné par la Commission des lois de l’Assemblée nationale, Gérald Darmanin a cité le double meurtre de Magnanville en 2016 – ou remporter la bataille des images dans un contexte social explosif ? Parallèlement à cet embargo visuel, les caméras-piétons embarquées par les policiers pourraient, elles, servir à « l’information du public sur les circonstances des interventions ». Des images, oui, mais à sens unique donc. Depuis deux ans, journalistes indépendants et citoyens concernés ont largement contribué à rendre visibles les violences policières avec des films parfois amateurs. Cette proposition de loi risque de saper ce travail de documentation, nécessaire au débat démocratique. Inquiétant.