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SOURCE : Libération
La nouvelle réduction des effectifs au sein de la banque française, qui s’inscrit dans le cadre d’un plan d’économies de 450 millions d’euros, va être de 640 emplois. Elle se fera dans la division «Banque de financement et d’investissement».
La Société générale confirme que la branche «Banque de financement et d’investissement» (BFI) va se séparer de 640 employés sur le territoire. Dans un communiqué publié ce lundi, le groupe affirme que les mobilités et départs volontaires seront favorisés «dans le cadre de l’accord sur l’emploi signé en 2019». Ce protocole alloue un mois de salaire par semestre d’ancienneté aux salariés dont le poste sera supprimé afin de favoriser les départs.
Les activités de marché seront les plus touchées par cet aménagement, avec près d’un tiers des postes supprimés. La branche dédiée aux titres de bourse se verra également allégée de 160 postes, dont 60 dans son antenne nantaise. Les métiers de conformités seront, eux, réduits de 140 postes, les ressources humaines de 50 et la communication de 20.
Une interminable restructuration
Ce projet s’inscrit dans un large plan d’économies de 450 millions d’euros d’ici 2023, annoncé cet été par Société générale en réponse à ses résultats du deuxième trimestre plombé par la crise du Covid 19. Pénalisé par sa BFI, le groupe affichait 1,26 milliard d’euros de pertes entre mars et juin, ses pires chiffres depuis 2008. Déjà dans le rouge depuis le début de l’année, la rivale de BNP-Paribas voit ses comptes encore plombés au troisième trimestre avec un résultat opérationnel en recul de 1,49 milliard d’euros. En Bourse aussi, les affaires vont mal. Depuis le mois de janvier, la Société générale a perdu 58% de sa valeur, bien plus que ses concurrents français, la BNP Paribas (-37%) ou le Crédit agricole (-42,5%). Sans parler de la concurrence de plus en plus agressive des banques dématérialisées, qui bénéficient de moins de contraintes réglementaires en Europe.
Ces suppressions de postes interviennent un peu plus d’un an après une coupe des effectifs de 1 600 salariés, dont 750 en France. Un vaste chantier de restructuration de sa banque de détail en France, entamé il y a près de huit ans. La Générale vise notamment à préserver sa rentabilité tout répondant aux évolutions numériques.
«Aucune perspective d’avenir»
«La Société générale justifie ces coupes par l’automatisation des métiers, pourtant la charge de travail reste la même», regrette Johanna Delestre, déléguée syndicale à la CFDT Société générale. La représentante souligne l’inquiétude des salariés qui, à chaque réorganisation des effectifs, voient leur équipe se réduire. «Ceux qui restent devront travailler à flux tendu. Le groupe multiplie les plans de départ volontaire avant même que leurs tâches soient facilitées par l’automatisation», dénonce-t-elle.
«Dans certains cas, explique Nicolas (1), employé au département Risk de la Société générale, les emplois sont simplement délocalisés à Bangalore, en Inde.» Le salarié, dont la division est visée par quelques suppressions de postes, espère profiter de cette opportunité pour quitter le groupe qui n’offre selon lui «aucune perspective d’avenir». «Depuis l’affaire Kerviel en 2008, les plans sociaux s’enchaînent, là ça ne passe plus chez les salariés», avance la déléguée CFDT.
La Société générale était dans le rouge avant la crise sanitaire. En cinq ans, la banque a supprimé près de 3 500 postes et fermé près de 500 agences. A ces restructurations en série, s’ajoute l’annonce d’un projet de fusion des réseaux Société générale et Crédit du nord, un plan qui fait craindre aux salariés de nouvelles réductions des effectifs.
(1) Le prénom a été changé.