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SOURCE : Figaro
INFO LE FIGARO – En association avec le collectif Territoires gagnants, les élus réclament 1% des 100 milliards du plan de relance pour sauver les zones sensibles en voie de paupérisation accélérée.
Tous les signaux sont au rouge dans les quartiers. Le collectif Territoires gagnants, qui rassemble des maires et des présidents d’associations, vient de mobiliser 101 élus locaux pour envoyer un message d’alerte au président de la République. Dans une lettre qui sera transmise à l’Élysée samedi, les signataires proposent de réserver 1% du plan de relance, soit 1 milliard d’euros, pour répondre aux urgences constatées dans des quartiers en grande souffrance. Avec la crise sanitaire et ses conséquences économiques, les associations caritatives avaient déjà signalé une explosion des demandes d’aides(hausse de 50%) et l’apparition de nouveaux profils sociologiques parmi les bénéficiaires de la solidarité. Cette fois, élus et professionnels estiment que ces difficultés sont décuplées dans les banlieues et qu’il est primordial d’apporter une réponse avant l’effondrement.
Taux de chômage en hausse accélérée, paupérisation des emplois, croissance de l’aide alimentaire, chute des inscriptions dans les salles de sport et les associations culturelles destinées aux jeunes, baisse du nombre de licenciés, triple baisse des revenus dans les foyers, du nombre de licenciés et des créations d’association … «Nous constatons des baisses de 25% à 30%», s’inquiète Guillaume Villemot, ex-signataire de l’appel de Grigny lancé en 2017 dans le cadre des États généraux de la ville et membre du collectif Territoires gagnants.
Des maires submergés par les urgences
Aujourd’hui, quand certains départements comme la Sarthe ou les Yvelines enregistrent une progression des demandes de RSA dépassant les 17%, les acteurs de terrains constatent un effet en cascade dans les quartiers où même les bénévoles de l’humanitaire, qui sont plus souvent des seniors, commencent à manquer à l’appel à cause du confinement et des difficultés économiques. «Les maires sont pleins de bonne volonté mais ils sont submergés par les urgences», insiste encore le président de l’agence des quartiers.
Parmi les 101 maires signataires du courrier adressé au chef de l’État trois ans après son discours de Tourcoing (Emmanuel Macron avait alors soutenu l’idée d’un nouveau pacte de confiance sur la politique de la ville), on retrouve le président des maires de France François Baroin (Troyes), Guillaume Delbar (Roubaix), Frédéric Leturque (Arras), Marie-Claude Jarrot (Montceau-les-Mines) ou encore Laurent Marcangeli (Ajaccio).
Pour tous ces élus, il est donc urgent de relancer le pacte de confiance. L’État s’est engagé dans la labellisation de 120 cités éducatives mais la France compte 1400 quartiers prioritaires et la baisse des aides personnalisées au logement (APL) a eu des conséquences sur les allocataires mais également sur les bailleurs. «La mesure de chômage partiel à hauteur de 80% du salaire est certainement une mesure extraordinaire mais les 20% de revenus manquants pèsent très lourd dans les foyers 10 euros en fin de mois sont hyper essentiels», insiste Villemot.
«C’est une bombe à retardement et il n’y a pas de plan B»
Tout en ayant «parfaitement conscience» des limites de l’État en ces temps difficiles, l’initiateur de la lettre à Emmanuel Macron estime que la création d’un conseil national des solutions permettrait de cibler avec précision les urgences. Ainsi, ce milliard que les élus demandent pour les banlieues serait réparti en priorité vers le monde associatif culturel à destination des jeunes (100 millions), les aides humanitaires d’urgence (200 millions), la création de centres médicaux et maisons de santé (200 millions), la mobilisation des acteurs de l’emploi (120 millions) et le reste consacré notamment aux médiateurs, à la lutte contre l’illettrisme et à la mobilité.
«Tout est sur la table du président de la République. Il ne faudra pas s’étonner si l’aggravation des fractures dans ces quartiers entraîne un recul républicain. Si les professionnels perdent la main sur ces sujets, d’autres la prendront. C’est une bombe à retardement et il n’y a pas de plan B», prévient Guillaume Villemot avant d’envoyer son courrier de la dernière chance à Emmanuel Macron.
La liste des maires signataires