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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale
C’est par cette déclaration présomptueuse qu’Olivier Véran prenait en février la succession de la ministre Buzyn. Et depuis la compilation de ses mensonges s’est beaucoup enrichie. Même si la concurrence est rude parmi les ministres, Castex montrant l’exemple en déclarant avec aplomb dans sa dernière conférence de presse, le 12 novembre dernier : « les soignants ne nous demandent pas d’augmenter le nombre de lits de réanimation, ne serait-ce que parce qu’ils savent bien que former un médecin réanimateur ou une infirmière spécialisée ne peut se faire en six mois » . Il s’agissait de faire un point d’étape sur l’efficacité du confinement. Car le confinement est finalement la seule médecine que les gouvernements de Macron ont été capables de produire. Face à l’épidémie, la France des Castex et des Véran est surtout prête à prescrire les mesures liberticides et autoritaires, des lois d’urgence enrobées du mensonge sur l’état des moyens hospitaliers. Cela ne peut sauver personne, cela ne sauvera pas non plus leur président.
Le ministre Véran fut autrefois neurologue, aujourd’hui il traite une pandémie avec des couvre-feux à 21 heures et des amendes à 135 €. Le 3 novembre, sa nervosité est extrême quand, à l’Assemblée nationale, sa majorité de Marcheurs oublie d’être présente pour voter la prolongation, jusqu’en février 2021, de l’état d’urgence sanitaire. Il raconte aux députés ce qu’est la « réalité de l’hôpital » qu’il est en train de détruire et finit en hurlant « Sortez d’ici » à « ceux qui ne veulent pas l’entendre ». Soudain pétage de plombs qui nous en dit beaucoup sur la place de l’Assemblée nationale dans une Macronie administrée par son Conseil de défense. Certains trouveront une excuse au ministre Véran : l’épuisement. Déjà à bout, il est de surcroît, depuis le 7 juillet, visé par une information judiciaire en compagnie de l’ex-premier ministre et de l’ex-ministre de la santé, pour leur gestion de la crise sanitaire.
Mais ni le ministre épuisé, ni Macron et son prétendu Conseil de défense n’ont tiré les leçons de la première vague :
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La saturation des hôpitaux, le manque de lits de réanimation se répètent.
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Les infirmières, aides-soignantes, médecins sont épuisés et souvent sont mis en danger ou atteints de Covid ; si ils sont asymptomatiques, ils doivent continuer de travailler.
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Pas de reconnaissance en maladie professionnelle de la Covid mais arrêt en maladie classique.
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La journée de 12 heures et l’annulation des vacances réapparaissent.
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Un tri est effectué et les opérations dites « non urgentes » sont déprogrammées.
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Les masques FFP2 sont trop chers pour être à disposition dans les services non Covid d’où de nombreux clusters de patients et agents dans ces services.
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La pauvre augmentation de 183 € qui a servi d’ appât à la signature syndicale du « Ségur de la Santé » n’est pas intégrée au salaire.
Castex a beau jeu de prétexter du manque de personnel hospitalier que le Ségur de la santé a entériné et aggravé, pour refuser l’ouverture de lits.
Mais le 12 novembre le premier ministre ment. Le délai « de plus de six mois », requis d’après lui, pour « former un médecin réanimateur ou une infirmière spécialisée » est pour le moins inexact selon les représentants des soignants : « Il faut bien faire la distinction entre deux choses : les postes vacants et l’absence de pénurie. A cause de la crise du Covid, de nombreux soignants épuisés ont quitté leur poste parce qu’ils se doutaient qu’ils ne pourraient pas travailler dans de bonnes conditions par manque de soutien assez fort du gouvernement. Le nombre de postes d’infirmiers vacants dans les hôpitaux est passé de 7.500 en juin à 34.000 en septembre. Mais le personnel est là : si, demain, on propose des postes avec une charge de travail compatible avec la qualité des soins, des salaires dignes, on peut les pourvoir très rapidement ».
Pour Christophe Prudhomme,médecin urgentiste au Samu 93, délégué CGT « la grosse erreur de stratégie du gouvernement, c’est d’être revenu à 5.000 lits de réanimation au mois de mai » : « Le gouvernement dit qu’il a formé du personnel mais il aurait été bon que celui-ci reste en partie pour garder ouverts non pas les presque 11.000 lits de réanimation ouverts pendant le pic, mais au moins 7.500 lits, puisqu’on savait que le nombre de malades allait augmenter, on ignorait juste quand et à quel rythme. Là, on va atteindre 7.500lits de réanimation avec beaucoup de difficultés.»
Même si cela ne plaît pas à Macron, à Castex et à Véran, les soignants, les patients, les personnes âgées, les mal-logés, les personnes à risque, etc. tous ont besoin de l’ouverture de lits de réanimation, et de la création de 400.000 emplois pérennes dans les métiers de la santé. Pour cela, il faut une vraie revalorisation des salaires des personnels de santé permettant le retour vers l’emploi des infirmiers et aides-soignants.
Nous avons besoin de la gratuité des soins : retour à la gratuité des urgences, gratuité des masques.
Nous avons besoin de cliniques débarrassées de leurs actionnaires et des règles de rentabilité qui menacent la santé des patients.
Et pour que la recherche de vaccin ne se transforme pas en course à la spéculation au détriment des contrôles de mise sur le marché, il faut nationaliser sans rachat les groupes pharmaceutiques.
Bien sûr, tant que Macron tiendra les manettes de l’urgence sanitaire et que ses ministres alterneront aux points presse sur la pandémie les ordres de confinements, dé-confinements et couvre-feux, en assurant chaque fois que la France est prête, nos besoins ne seront pas à l’ordre du jour. Alors faudrait-il attendre 2022 comme on attend un lit de réanimation ?
Il y a une urgence, qui n’attend pas les présidentielles, qui n’attend ni les candidats ni les programmes : il y a urgence à chasser Macron.
18-11-2020.