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SOURCE : Rapports de force
Agressions sexuelles, harcèlement, viols : au travail aussi, les femmes sont la cible de violences sexuelles et sexistes. En ce 25 novembre, journée de lutte contre les violences faites aux femmes, rendez-vous devant un Mc Donald’s lyonnais pour écouter celles qui se battent contre ces violences.
Derrière elle, le grand M majuscule, emblème du fast-food, rit jaune. « Nous n’avons pas choisi de faire ce rassemblement devant un Mc Donald’s par hasard », tonne Sandrine Gammoudi-Sauzeat de la CGT du Rhône.
Après les enquêtes de Mediapart et Streetpress, compilant près de 80 témoignages de jeunes femmes victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles et mettant en cause l’inaction de la hiérarchie de l’enseigne, Mc Donald’s est devenu le symbole français du sexisme en entreprise.
Une quinzaine de salariés ont d’ailleurs fait une journée de grève cet automne au Mc Donald’s de la gare du Havre pour dénoncer la pression, le harcèlement moral et les violences sexistes et sexuelles subies par les salariées de l’entreprise, obtenant ainsi un accord avec leur direction.
Or, loin d’être limité à ce fast-food, la question des violences sexuelles et sexistes se retrouve partout dans le monde du travail. En témoigne le hashtag #balancetonpatron, sur lequel de nombreux témoignages de femmes ont été postés tout au long de la semaine, toujours pour dénoncer le même type de violences patriarcales.
Des actions diverses pour le 25 novembre
Si l’année dernière, la journée contre les violences faites aux femmes du 25 novembre avait rassemblé 150 000 personnes à travers la France, le Covid-19 en a décidé autrement et il n’y a pas eu de grosse manifestation en 2020. En remplacement, le collectif organisateur NousToutes a appelé à des actions numériques et physiques éparses.
En appelant à se rassembler devant Mc Donald’s, le collectif droit des femmes 69, a ainsi choisi de mettre au centre de ses préoccupations la question des violences sexuelles et sexistes au travail. Elles s’ajoutent aux questions de harcèlement de rue et de violences domestiques dont les derniers chiffres soulignent toujours la gravité.
Selon les enquêtes « Cadre de vie et sécurité », réalisées par l’Insee, parmi les 142 310 personnes victimes de violences conjugales en 2019, 88%% étaient des femmes. Ces violences ont conduit à ce qu’en 2019, 149 femmes soient tuées par leur conjoint ou leur ex-compagnon, soit 25 de plus qu’en 2018, d’après les chiffres de la Délégation aux victimes publiés en août. A l’heure actuelle, les chiffres de militants dénombrent 87 tuées en 2020.
« Comparativement, les violences dans la sphère du travail sont un peu un angle mort de la lutte féministe à l’heure actuelle », avance Sandrine Gammoudi-Sauzeat de la CGT. Les derniers chiffres en la matière rappellent qu’en France 30% des salariées (femmes donc) ont déjà été harcelées ou agressées sexuellement sur leur lieu de travail. Et que 70 % des victimes de violences au travail déclarent n’en avoir jamais parlé à leur employeur. Et pour cause : quand elles le font, 40 % estiment que la situation s’est réglée en leur défaveur, par une mobilité forcée voire un licenciement.
Convention 190 de l’OIT
Pourtant des leviers d’actions existent. Le 21 juin 2019, grâce à la mobilisation des femmes, l’Organisation internationale du travail (OIT) adoptait la première norme internationale contre la violence et le harcèlement dans le monde du travail : la Convention 190 de l’OIT.
Elle prévoit de nombreuses avancées en matière de protection des femmes face aux violences sexistes parmi lesquelles : « sécuriser l’emploi et la carrière des victimes de violences, que celles-ci aient un lien avec le travail ou non, en mettant en place plusieurs mesures : le droit à des aménagements d’horaires, de poste, des congés payés, la possibilité d’une mobilité fonctionnelle ou géographique choisie, ainsi que l’accès sans frais à une prise en charge médico-sociale et psychologiques pour les victimes. » Or la France n’a toujours pas ratifié cette convention. Les organisation présentes au rassemblement lyonnais exigent donc qu’elle le fasse.
« Aujourd’hui, la formation des managers en matière de violences faites aux femmes c’est la lecture d’un PDF qui prend 30 minutes suivie d’un QCM, autant dire que la question n’est pas prise au sérieux », rappelle une militante de Solidaires. « Ce qu’il faut ce sont des procédures spécifiques aux harcèlement avec une protection des femmes victimes pour qui ce n’est jamais simple de parler ainsi que des mesures de confidentialité », continue-t-elle.
« Au travail, il y a toujours un lien de subordination et des liens hiérarchiques qui rendent la libération de la parole d’autant plus compliquée », conclut Sandrine Gammoudi-Sauzeat.