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SOURCE : Blog de Jean-Marc B.
L’appel du 23 décembre signé par des responsables de la direction actuelle du NPA, devenue minoritaire, est manifestement une tentative de ratisser large, jusque dans la gauche du NPA, avec autant d’incohérence qu’ils en avaient manifesté lors de la fondation du NPA.
Le texte affirme « Notre camp social a besoin d’un parti révolutionnaire ». C’est le nom même de parti qu’il s’étaient battus avec acharnement pour l’écarter, lors de la fondation du NPA, préférant le nom actuel qui correspond à leur choix pour un « parti large ».
Cette pratique de l’ambiguïté est ancienne. Dès la fondation du NPA, les mêmes, partisans d’un « parti large », autrement dit non délimité stratégiquement entre réforme et révolution, pour s’assurer du soutien maximum à la fondation du parti, avaient accepté dans ses Principes Fondateurs des formulations qui contredisent totalement leur projet, notamment celle-ci:
« Une domination de classe ne peut pas être éliminé par voie de réformes. Les luttes peuvent permettre de la contenir, de lui arracher des mesures progressistes pour les classes populaires, pas la supprimer. En 1789, la domination de la classe privilégiée de l’Ancien Régime n’a pas été abolie par des réformes. Il a fallu une révolution pour l’éliminer. Il faudra une révolution sociale pour abattre le capitalisme. » (souligné par moi)
Rappelons que les Principes Fondateurs du NPA ont été voté avec 540 pour, 1 contre, 49 abstentions et 5 refus de vote.
Autre appel du pied: non par hasard, l’appel du 23 décembre ne fait pas mention de la stratégie de rassemblement pour lutter « dans la rue et dans les urnes », alors même que l’actuelle direction du NPA ne craint pas de mettre sous le tapis son programme dans des campagnes électorales, comme à Bordeaux récemment, ou pour les régionales a venir, au mépris des Principes Fondateurs pourtant votés lors du Congrès de fondation et qui affirment: « Nous participons aux élections pour défendre nos idées, pour rassembler très largement la population autour de notre programme.» (souligné par moi). Ajoutons que la même direction, en ignorant le programme pour faire alliance électorale avec les réformistes de la LFI, s’est assise non seulement sur les Principes Fondateurs du NPA mais en plus sur la motion expresse de l’instance supérieure du NPA, son Conseil Politque National.
Mais le ratissage échoue totalement car l’appel refuse de discuter les choix d’orientation. C’est pourtant ce qui intéresse les militants révolutionnaires, NPA et bien au delà. Les signataires osent en effet affirmer, à propos des difficultés du NPA :« nous sommes paralysés par les luttes internes et les projets de fractions aux orientations sectaires ». Le libre débat sur les orientations, ce qui définit pourtant un parti démocratique, devient pour eux des « luttes internes ». Et les analyses des courants majoritaires du NPA deviennent des « orientations sectaires ». Lancer une telle accusation, sans dire un mot sur le fond, relève du mépris des militants dans le NPA et bien au delà.
Les signataires auraient-ils peur des analyses de la gauche du NPA, devenue majoritaire, sur la remontée des luttes contre le capital à un niveau international ? Sur les perspectives d’auto-organisation et de mobilisation et de soulèvement, en France aussi, de notre classe ? Sur la pertinence de la grève générale active ? Sur la nécessité, face à la barbarie qui vient, de construire un parti révolutionnaire, pas seulement en parole ? Sur la nécessité de défendre partout, y compris dans toute campagne électorale, la perspective d’une révolution sociale et de civilisation ? Sur le rôle de collabo du capital des politiciens et de leur affidés syndicaux ?
Pourquoi juste une insulte et pas une seule critique de fond des analyses et des orientations partagées par de plus en plus d’acteurs des luttes ? Pourquoi stigmatiser l’héritage marxiste révolutionnaire, dans toute sa richesse et ses composantes ? Pourquoi enfin refuser de faire un bilan de la politique de construction de “partis larges”, assis entre deux chaises, prônée depuis si longtemps et qui a conduit partout à des échecs ?
L’appel affirme enfin: « Nous souhaitons dès maintenant, comme la LCR l’avait fait en son temps, lancer un projet de dépassement ou de refondation du NPA. » Chacun sait que bien des membres de la direction actuelle du NPA, en fait de dépassement, car ils sont minoritaires, préparent une scission.
La majorité des militants du NPA, et des milliers d’autres organisés ailleurs ou sans parti, souhaitent par contre une refondation, bien au delà du NPA, pour se rassembler dans un parti révolutionnaire. Le moment est venu. C’est urgent.
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