Convention citoyenne pour le climat : une trahison en béton

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SOURCE : Télérama

L’adoption de la taxation sur les engrais chimiques, que la Convention citoyenne appelait de ses vœux, est différée.

L’HUMEUR DU JOUR – Réduction des émissions de CO2, interdiction des vols intérieurs courts, taxation sur les engrais chimiques… Censé reprendre “sans filtre” les propositions des cent cinquante citoyens de la Convention Climat, le projet de loi présenté ce mercredi les aseptise, voire les enterre.

Dans son interview sur Brut, le 4 décembre dernier, Emmanuel Macron avait martelé qu’il ne faisait pas « des lois pour dans dix ans mais pour aujourd’hui ». En découvrant le projet de loi issu de la Convention citoyenne pour le climat présenté ce mercredi en Conseil des ministres avant d’être discuté fin mars par le Parlement, on ne peut que lui donner raison. Ce projet a tellement réduit la voilure que les cent cinquante citoyens de la Convention climat lui avaient donnée qu’on ne peut que s’incliner devant la détermination du président de la République, et du gouvernement de Jean Castex, à satisfaire les intérêts immédiats des industries polluantes des secteurs du transport, des grandes surfaces, de l’agrochimie et de la publicité. Leurs demandes pressantes, leur lobbying assidu, ont donc été entendus, comme le montre la récente enquête de l’Observatoire des multinationales.

La promesse de reprendre « sans filtre » les propositions de la Convention pour les présenter à la discussion du Parlement, elle, s’est muée en bidouillage juridique rabotant, édulcorant et même javellisant les conclusions des citoyens, leur ôtant au passage toute chance de réduire d’au moins 40 % les émissions de CO2 d’ici à 2030. C’était donc vrai, le gouvernement fait bien des lois « pour [les électeurs d’]aujourd’hui », pas pour les générations futures. Qu’il ait osé écrire ce projet de loi dans un style plein d’épate et de lyrisme, où l’emphase ne parvient pas à masquer la modestie des engagements réels par rapport aux problèmes environnementaux présents ou à venir, ajoute à l’insulte.

Sur douze mesures, une seule retenue telle quelle

Mais les gros pollueurs lui disent merci. Le transport aérien ? Adieu la taxe sur les billets, et l’interdiction ferme des vols intérieurs pour les destinations d’une durée inférieure à deux heures et demie. La taxation sur les engrais chimiques ? On verra plus tard. L’arrêt de l’extension des zones commerciales ? On pourra continuer à bétonner des terres agricoles, pourvu que leur superficie reste inférieure à 10 000 mètres carrés. L’option végétarienne dans les cantines ? Elle restera… optionnelle, justement. Quant à la publicité sur les produits polluants, sur les douze mesures proposées, une seule a été retenue telle quelle.

En 1970 ou 1980, le fait de remettre à plus tard les décisions qui fâchent, de reculer devant l’obstacle, de jouer la montre – bref, d’attendre les prochaines élections – était déjà d’une très grande stupidité. En 2021, avec tous les signaux d’alarme sur le climat bloqués sur le rouge, avec toutes les explications sur l’accélération de la dégradation de la biodiversité publiées par les chercheurs, le manque d’ambition de ce projet de loi est tout simplement inexcusable. En matière écologique, Emmanuel Macron et Jean Castex font des lois pour aujourd’hui, trahissent la parole d’hier et hypothèquent les conditions de vie des générations futures.


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