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SOURCE : Révolution permanente
Un rassemblement à la Défense contre la signature du PSE de la raffinerie de Grandpuits, qui prévoit la suppression de 700 emplois, a eu lieu ce mardi. Près de 300 personnes ont répondu présentes, dont de nombreux soutiens, de Philippe Martinez à François Ruffin. Entre action écolo et tentative d’envahissement, la détermination était au rendez-vous après un mois de grève.
« On est devant l’une des tours du groupe Total, avec des raffineurs, des étudiants, des écolos, des gens de sanofi qui perdent aussi des emplois pour manifester notre mécontentement face à la casse sociale. » raconte Mathieu, raffineur, au micro de Révolution Permanente.
Ce mardi 9 février, les raffineurs en grève et leurs soutiens se sont réunis devant la tour Total Michelet à la Défense. Ce sont près de 300 personnes donc qui, sous la neige et à la chaleur de la batucada ont, en plein quartier d’affaires, fait un boucan d’enfer pour marquer leur présence lors du dernier CSE central avant la proposition du PSE pour signature.
« On est là pour soutenir votre grève exemplaire », Philippe Martinez et plusieurs centaines de soutiens témoins d’une lutte emblématique
Pour l’occasion, un arc très large de soutiens s’est mobilisé autour des grévistes. Notamment d’autres travailleurs en lutte comme les grévistes de l’Ibis Batignolles ou les Sanofi qui ont réaffirmé leur soutien ferme aux raffineurs : « il y a quelques jours nous étions devant le siège de Sanofi et nos camarades de la raffinerie de Grandpuits étaient présents, la bataille est identique chez Sanofi et chez Total, ce sont les entreprises les plus bénéficiaires de France et ce sont celles qui sacrifient des emplois au nom de la rentabilité financière. On va continuer la lutte avec vous ! ».
Les organisations écologistes, syndicats et figures politiques étaient également mobilisées et ont pu s’exprimer lors de prises de paroles sur un toit de la place Michelet. En parallèle, les organisations écologistes ont mené une action de collage sur la façade de la tour.
Contre le discours de la multinationale qui tente de se repeindre en vert, les écolos se placent aux côtés des raffineurs contre le projet de Total. « On n’accepte pas que Total utilise le greenwashing pour faire de la casse sociale, ce plan n’a qu’une logique de profit […] Total supprime des emplois pour faire du bio mais compte bien continuer à développer des projets pétroliers et gaziers. Au Mozambique c’est un projet gazier à 20 milliards de dollars, en Ouganda ils sont en train de construire le plus long pipe-line chauffé » dénonce Cécile Marchand des Amis de la Terre. « On a absolument besoin d’être ici ensemble pour dénoncer ce projet » poursuit Jean Francois Juillard pour Greenpeace.
En outre, la gauche politique s’est aussi rassemblée en soutien autour des Grandpuits de Cécile Duflot à François Ruffin en passant par Clémentine Autain ou encore le NPA et Nathalie Arthaud, tous étaient là pour afficher un soutien aux grévistes. Tous insistent sur le caractère inédit de la grève d’un mois déjà, et l’ampleur des liens tissés avec leur nombreux soutiens. « Votre lutte est absolument emblématique […] Total a organisé le caractère défectueux de la raffinerie pour ensuite vous mettre devant le fait accompli. Son seul objectif : toujours plus de profits en mettant en concurrence les salariés aux quatre coins du monde » affirme Clémentine Autain. « L’objectif de Total c’est de faire des dividendes, mais aussi discréditer l’écologie. Vous avez réussi à éviter ce piège, avec Greenpeace, Les Amis de la terre et la CGT, et ça c’est inédit » ajoute François Ruffin.
La gauche syndicale aussi, présente lors de ce rassemblement, témoigne de l’exemplarité de la lutte que les raffineurs sont en train de mener. Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, explique notamment : « On est là pour soutenir votre grève exemplaire. Nous n’opposons pas fin du monde et fin du mois, on ne peut pas avoir le choix entre garder son boulot et sauver la planète et vous faites la démonstration par votre lutte qu’on peut faire les deux ». « Vous êtes en train de nous montrer la voie » a ajouté Olivier Terriot de la CGT RATP.
« Nous ne vous laisserons pas faire ! », après un mois de grève, un rassemblement sous le signe de la combativité
Si cette journée marquait la fin des négociations entre la direction et les organisations syndicales, elle n’annonce aucunement la fin de la lutte des Grandpuits. En effet, c’est encore une fois, malgré la fatigue accumulée après un mois de grève reconductible, la combativité qui a été mise à l’honneur lors de ce rassemblement. « On sait que Total ne veut pas nous laisser faire, il ne voudrait pas qu’une victoire à Grandpuits fasse tache d’huile, que partout dans le mouvement ouvrier les piquets de grève se rallument et qu’on leur fasse payer la misère et le chômage qu’ils nous mettent jour après jour dans la gueule. […] Nous ne vous laisseront pas faire de Grandpuits un Lubrizol, nous sommes déterminés à ne pas nous laisser faire ! » clame Adrien Cornet du haut de la tribune
Pour Anasse Kazib, militant Sud Rail et au NPA-Révolution Permanente, l’accent doit être mis sur la nécessité de tenir dans un moment charnière de la grève, alors que Total pense que la lutte va se terminer à la fin des négociations. « Pour l’instant la boite continue à faire la sourde oreille. A l’image de ce rassemblement, il faut aller chercher le second souffle. Si vous montrez à Total que la deuxième mi-temps sera plus chaude que la première, après 30 jours avec les soutiens et les médias que vous avez rassemblés autour de vous, si vous leur montrez la détermination, je vous assure, Total reculera. Tant que vous ne démantelez pas cette usine, Total est bloqué parce que derrière leurs beaux bureaux, ils ne savent pas démanteler une raffinerie. Ce sont les ouvriers qui décideront le jour où la raffinerie pourra être démantelée et je vous conseille de le faire uniquement le jour où vous obtiendrez satisfaction »
Et alors que la poursuite de la grève fait débat parmi les organisations syndicales, Paul Feltman, raffineur en grève et syndiqué CGT a affirmé : « je ne suis pas prêt à mettre ma vie sociale de côté pour un chèque, je vais lutter pour l’emploi jusqu’à la fin. Tant qu’on aura pas de l’emploi on partira en guerre » et d’ajouter, « Le round 1 est terminé, les négociations sont finies mais on ne lâche rien parce que le round 2 s’ouvre et notre objectif c’est de mettre la pression sur la DIRRECTE car c’est elle qui a le pouvoir homologuer le plan social. » enfin, « Notre décision c’est l’AG qui va la décider. Mon avis personnel et celui de la CGT c’est qu’il ne faut pas signer les Mesures Sociales d’Accompagnement, les salariés sont inquiets sur la question de la signature par les organisations syndicales contre l’avis des grévistes. »
Une détermination qui s’est également exprimée lorsque les raffineurs ont imposé leur droit à s’approcher au plus près de la tour Total, en dépit du dispositif policier sur place.
Des dizaines de jeunes étaient également présents. Ces jeunes qui vivent aujourd’hui une situation de détresse et de précarité sans précédent ont tenus à montrer leur solidarité aux raffineurs en lutte. A l’image de Julie, étudiante en arts et militante au NPA-Révolution Permanente, qui a fait le lien entre l’absence de perspectives d’avenir pour les jeunes et les dizaines de milliers d’emplois menacés par des grands groupes comme Total. « C’est une victoire énorme ce que vous êtes en train de faire. Votre combat dépasse les murs de Grandpuits. Dans un moment où la jeunesse a peur et angoisse, vous le message que vous donnez c’est que c’est possible de s’organiser, c’est possible de faire des assemblées générales décisionnaires. Ça c’est une leçon pour tout notre camp social et pour la jeunesse ».