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SOURCE : L'Humanité
Il y a maintenant cinquante ans, le syndicalisme étudiant en crise se recomposait. L’Unef se scindait en deux. Cette division allait perdurer pendant trente ans jusqu’en 2001. Les deux Unef nées de cette scission tinrent chacune un congrès en février-mars 1971. À Dijon pour l’une, celle qui deviendra l’Unef indépendante et démocratique ; à Paris pour celle qui affirmait la nécessité d’un renouveau du syndicalisme étudiant et, pour cette raison, qualifiée d’Unef Renouveau, puis d’Unef Solidarité étudiante.
L’histoire de cette dernière est devenue invisible et est pratiquement absorbée par l’histoire de sa rivale. Les aléas des déménagements multiples, les conditions de la réunification en 2001 ont abouti à une disparition de l’essentiel de ses archives, les références à son histoire et à son apport original au syndicalisme étudiant sont quasi inexistantes. Et pourtant, cette histoire fut d’une extrême richesse : affirmation de la nécessité d’un syndicalisme étudiant qui ne soit pas seulement un prétexte à la politique partisane, engagement dans les grandes luttes contre les réformes universitaires conduites par la droite et ses ministres Alice Saunier-Séïté en 1976, Devaquet en 1986 – victoire historique –, participation au mouvement contre la réforme des retraites en 1995, contre les réformes Jospin… mais aussi contribution à l’élaboration de propositions alternatives comme lors des discussions sur la loi Savary en 1983 ou lors des états généraux de l’enseignement supérieur en 1987…
Le temps a passé et il est devenu possible de travailler à écrire sereinement cette histoire qui rassembla des dizaines de milliers d’étudiants : communistes, socialistes, en particulier du Ceres de Chevènement, catholiques de gauche, mais surtout des étudiants sans appartenance qui voulaient défendre leurs intérêts et déployer toute une politique de solidarité.
À l’initiative d’Emmanuel Lyasse, un groupe de 400 anciens de l’Unef s’est constitué sur Facebook, de toutes les générations, de toutes les sensibilités, de toutes les trajectoires pour sauver cette mémoire et écrire cette histoire. Pas question de rejouer les débats d’antan, mais de contribuer à transmettre une expérience qui fut pour beaucoup, malgré parfois les affrontements, un moment merveilleux. Un site Internet est né, Unef.org, qui se donne pour objectif de publier le maximum de documents. Un appel est lancé à rejoindre cette initiative, à repérer les archives locales qui ont été déposées dans des structures publiques, mais surtout à numériser des archives personnelles et à en communiquer les fichiers. Ce travail se fait en coopération avec la Cité des mémoires étudiantes.
Au-delà du site Internet, en cette année d’anniversaire, l’ambition est grande. Il est question d’une journée d’étude, d’un recueil de documents, d’un livre. La pandémie limite les rencontres, mais déjà des relations ont été renouées, différentes générations se découvrent. Il ne s’agit pas d’une amicale d’anciens combattants, plutôt d’un travail historique pour empêcher que cette tradition ne soit perdue à jamais, tradition originale qui apporta au syndicalisme étudiant et au syndicalisme en général.