Plan cancer: la santé environnementale marginalisée

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SOURCE : Reporterre

Plan cancer : la santé environnementale marginalisée

Le président Emmanuel Macron a présenté jeudi 4 février 2021 le quatrième plan cancer. Décliné sur dix ans, en deux phases, il va bénéficier de crédits supplémentaires et s’est donné comme objectif de diminuer, notamment, de 60.000 le nombre de cancers évitables. Au cours de cette journée, le directeur général de l’Institut national du Cancer a jugé le bilan positif pour le 3e plan cancer 2014-2019.

Un optimisme que ne partage pas nombre d’associations. Comme le rappelait en automne dernier Reporterre, la situation est dramatique. On compte 1.000 nouveaux malades chaque jour en moyenne. 3,8 millions de Français ont eu un cancer ou en souffrent, l’allongement de la durée de vie et les facteurs de risques liés à nos modes de vie conduisant à penser que « demain, le poids des cancers va s’accroître dans notre pays », de l’aveu même du président de la République.

« La France est en mauvaise place », rappelle le Réseau santé environnement et son président André Cicolella dans un communiqué paru le 19 février. Selon les estimations du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) — un institut dépendant de l’Organisation mondiale de la santé — la France se situe au 9e rang au niveau mondial (5e rang pour les hommes, 12e rang pour les femmes), mais au 4e rang pour le cancer du sein — 1er cancer féminin — et au 7e rang pour le cancer de la prostate — 1er cancer masculin. Selon le CIRC, le nombre de nouveaux cas de cancer en France passera en 20 ans de 478.000 à 579.000 (+21%) et le nombre de décès de 186.000 à 252.000 (+35%).

Les perturbateurs endocriniens à peine évoqués

Si l’on compare avec les pays les moins touchés comme le Bhoutan, pays suffisamment développé pour avoir une collecte de données fiable, le taux français est 4,8 fois plus élevé pour les hommes de manière générale et 100 fois plus élevé pour le cancer de la prostate. Il est 3,7 fois plus élevé pour les femmes et 20 fois plus élevé pour le cancer du sein.

Pour le Réseau santé environnement, les causes environnementales de ces cancers ne sont pas assez prises en compte. « Le plan décennal, construit sur la même logique que les plans précédents, n’apparaît pas à la hauteur de l’enjeu, souligne André Cicolella. L’accent y est en effet mis sur le soin, ce qui est nécessaire mais manifestement pas suffisant et, une fois traité tabac et alcool, l’environnement reste marginal », dit-il. Par exemple, les perturbateurs endocriniens, dont le rôle est pourtant déterminant dans les cancers les plus fréquents (sein et prostate), sont à peine évoqués.

Le réseau regrette également que la société civile et les citoyens ne soient pas plus consultés par les pouvoirs publics sur ces questions. Dans une lettre commune, publiée le 11 février, un collectif de 29 associations demandaient au gouvernement de faire de la santé environnementale « un pilier du système de santé français » : « La crise sanitaire doit conduire à repenser notre politique de santé pour soulager notre système de soin du poids croissant des maladies chroniques », écrivent-elles. Ils appellent à « la création d’un véritable Parlement de la santé environnementale impliquant les associations citoyennes de défense de l’environnement, des consommateurs, des usagers de santé, des associations familiales et de professionnels ainsi que des syndicats de professionnels de santé ».


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