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SOURCE : Révolution permanente
Un chercheur a été licencié du Centre National d’Études Spatiales où il travaillait, à Toulouse, en raison de ses liens supposés avec « l’extrême gauche radicale ». Malgré l’annulation du licenciement par la justice il y a plusieurs mois, celui-ci n’a toujours pas été réintégré. Ce cas nous permet de pointer du doigt les atteintes en cours à la liberté d’opinion et d’enseignement, que la bourgeoisie justifie par des accusations « d’islamo-gauchisme ».
Crédit photo : FMES
C’est Nantes Révoltée qui a dénoncé ce cas dans un article paru ce 18 février.
Le chercheur avait été licencié en juin 2019 suite à une alerte lancée par la Direction générale de la sécurité intérieure dans une note, selon laquelle le chercheur était connu pour être « apparu en 2010 et 2017 en relation avec le mouvement de l’ultra-gauche radicale ». Finalement, la justice lui a donné raison en janvier 2020 en considérant qu’il existait trop peu d’éléments justifiant un tel licenciement. Pourtant, il n’a toujours pas été réintégré et continue à être évincé par sa direction.
Ce cas illustre parfaitement l’objectif de la bourgeoisie de traquer et museler les idées contestataires qui visent à critiquer le pouvoir en place, notamment dans un contexte marqué par une forte offensive islamophobe et réactionnaire. En effet, la dernière sortie de Frédérique Vidal au sujet de « l’islamo-gauchisme » qui gangrènerait les universités, a provoqué un tollé important, notamment au sein de l’enseignement supérieur.
Cette offensive qui vise à s’attaquer aux enseignants de gauche (notamment aux études anti-racistes, décoloniales, féministes, etc) qui présenteraient une menace pour la société et seraient alliés aux islamistes radicaux, permet de créer un consensus autour de prétendus « ennemis de la république », et ce, afin de masquer la gestion catastrophique et criminelle de la crise économique et sanitaire en cours. Cette offensive s’est aussi matérialisée par la dissolution d’associations comme le CCIF, par l’adoption de décrets visant à renforcer le fichage des individus, ou encore par la loi sécurité globale qui prévoit par exemple un renforcement du fichage des manifestants au moyen de drones, pour ne citer que quelques exemples.
Cet arsenal législatif vise notamment à simplifier ce type de licenciements, à renforcer ces missions de « police politique, qui s’intéressent aux opinions présumées des gens »comme l’expliquait l’avocat du chercheur, Raphael Kempf.
Ce contexte répressif et liberticide constitue un terreau propice à de tels licenciements arbitraires fondés sur l’opinion. C’est dans le même sens que Vidal expliquait il y a quelques jours vouloir mettre en place des enquêtes pour contrôler que les professeurs ne véhiculent pas des idées trop contestataires du pouvoir en place. On imagine donc tout à fait que ce type d’attaques à l’encontre de chercheurs ou d’enseignants risque de se multiplier.
Face à cette offensive, il convient de se mobiliser largement pour organiser la riposte et refuser en bloc toutes ces lois sécuritaires et réactionnaires qui constituent des atteintes importantes aux libertés d’opinion, d’enseignement, d’organisation. Une pétition en ligne a été lancée pour soutenir le chercheur licencié, que nous vous encourageons à signer et à relayer !