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SOURCE : Révolution permanente
Baisse des allocations pour 840.000 chômeurs dès juillet, durcissement des critères d’accès au chômage dès octobre, la réforme de l’assurance chômage promet de faire payer la crise aux travailleurs. Pourtant les directions syndicales brillent par leur absence d’initiative à la hauteur. Pour faire reculer Macron c’est un vrai plan de bataille qu’il nous faut !
Cette réforme constitue une pièce importante du paquet de réformes de casse social que Macron cherche à mettre à place depuis 2017, dans la droite lignée de la réforme des retraites. Le premier volet sur le mode de calcul des indemnités journalières. En effet, alors que le montant de l’allocation était jusqu’ici calculé à partir des jours travaillés sur une période de 12 mois, désormais une période de 24 mois sera prise en compte, incluant les jours travaillés ou non.
Par conséquent 840.000 chômeurs verront leur allocation baisser dès le mois de juillet, selon les chiffres de l’Unedic.
Deux autres volets figurent également dans le décret mais entreront en vigueur en plusieurs temps. D’abord les modifications de critères pour pouvoir prétendre à bénéficier de l’assurance chômage entrera en vigueur le 1er octobre. La réforme prévoit ainsi qu’il faudra désormais avoir travaillé et cotisé six mois sur les 28 dernier mois plutôt que quatre mois sur 24 comme prévu actuellement.
Enfin, le dernier volet du décret concerne la dégressivité des allocations à partir du septième mois de chômage pour les salaires supérieures à 4.500 euros, et est lui repoussé à « un retour à bonne forutne du marché du travail » selon Le Figaro.
Si le gouvernement joue sur le rythme de la mise en application de la réforme c’est parce qu’il marche sur des œufs. D’abord pour rendre cette réforme acceptable à l’opinion publique, il ne peut plus s’appuyer sur l’argument des « économies ». En effet, celle-ci ne viseraient à économiser qu’un milliard par an, au moment où 30 milliards ont été dépensé par l’assurance chômage pour financer le chômage partiel afin de permettre au patronat d’amortir les frais de la crise. Pour légitimer cette attaque historique contre le monde du travail, la macronie promet donc sur le papier de tenir compte de l’évolution du taux de chômage tout en imposant dans la réalité une réforme profondément antisociale, alors même que rien ne permet de croire aujourd’hui que le marché du travail ira mieux demain, puisqu’en 2020 le taux de chômage a augmenté de 7,5% avec un nombre de demandeurs d’emploi qui avoisine les 4 millions selon la DARES, et que 800.000 emplois ont été supprimés ou sont menacés depuis le début de la crise sanitaire.
Du côté des directions syndicales : refus de la réforme sur le papier, mais aucune perspectives de lutte
L’ampleur de l’attaque est tellement importante que l’ensemble des organisations syndicales ont avaient affirmé dans un communiqué commun le 23 février leur « profond désaccord » avec des mesures qui « pèseront lourdement sur le quotidien des femmes et des hommes qui perdent leur [poste] ». Le négociateur de la CGT, Denis Gravouil, déclarait ainsi à la veille de la dernière réunion avec le gouvernement et le MEDEF : « On s’attend à être mis devant le fait accompli, avec un gouvernement qui va faire passer en force la réforme qu’il voulait faire passer. Les concertations depuis septembre étaient du pipeau, ils n’ont rien voulu entendre ».
Pourtant cela n’a pas empêché la CGT et l’ensemble des confédérations syndicales de participer jusqu’au bout au « dialogue social » avec la ministre du Travail et le patronat. L’intersyndicale a en effet participer à toutes les « concertations » qui n’avaient en fin de compte même pas pour objet le fond, mais seulement la forme et la temporalité de la mise en place des mesures contenues dans le décret, sans proposer à aucun moment de plan de bataille pour construire le rapport de force à même de défendre les droits des salariés. Et depuis l’annonce de l’entrée en vigueur d’une partie de la réforme dès le 1er juillet, aucune confédérations n’est sortie de son mutisme.
Macron déterminé à faire payer la crise aux chômeurs et aux travailleurs : construisons la riposte dans la rue et dans les entreprises !
Philippe Martinez, Yves Veyrier, et Laurent Berger ont beau versé des larmes de crocodiles, l’intersyndicale ne propose pas l’ombre d’une initiative pour construire la riposte dans la rue et dans les entreprises. Pourtant crier au scandale à l’instar du secrétaire général de la CGT en tournée syndicale à Valence le 2 mars dernier, ne suffira pas pour faire reculer Macron. Pas plus que la menace de saisir le Conseil d’Etat, comme le propose Laurent Berger.
Pourtant face à ce gouvernement déterminé à faire payer la crise aux chômeurs et aux travailleurs, c’est bien par la lutte et le rapport de force qu’il sera possible de défendre nos droits. C’est pourquoi il s’agit dès maintenant d’interpeller les directions syndicales afin d’exiger un véritable plan de mobilisation, dans la rue et sur les lieux de travail contre la réforme de l’assurance chômage et les licenciements. A l’image de l’appel à manifester contre le chômage et la précarité le samedi 20 mars 2021 à l’initiative du mouvement national des chômeurs et précaires qui doit être un premier point d’appui. Il s’agit de construire le front le plus large possible pour construire la riposte à la base contre le projet anti-social de Macron, car ce n’est pas aux travailleurs de payer la crise.