A bas la réforme de l’assurance-chômage ! Encourageons les occupations !

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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale

Il est impossible que l’image du théâtre de l’Odéon occupé n’évoque pas un moment de la grève générale : l’occupation de ce même théâtre en mai 1968. Mais on aurait tort de ne pas voir dans l’occupation qui a débuté le 4 mars dernier des différences de taille avec la précédente occupation. Même si le forum qui anime le foyer de l’Odéon fait alterner des lectures et prestations théâtrales, avec des déclarations politiques, ce sont les revendications des travailleurs du spectacle qui donnent le tempo. Et parmi celles-ci, le retrait de la « réforme » de l’assurance chômage prend toute sa place. On est loin du temple des illusions où s’auto-célébrait le « pouvoir étudiant ». Ici et maintenant on veut le droit au travail, la réouverture des salles de théâtre, de concert, la réouverture sans délai de tous les lieux de la culture.

L’occupation de l’Odéon était aussi, en 68, l’occupation d’un symbole de la centralisation parisienne de la culture. Aujourd’hui de nombreux théâtres luttent pour vivre dans toutes les villes, ils ont été contraints de fermer à nouveau leurs portes depuis octobre dernier. Ces troupes, ces travailleurs intermittents, qui ont, un court moment, espéré une réouverture négociée avec Madame la Ministre de la Culture sur un « calendrier résilient », n’ont de choix que la mobilisation. De fait les appels à l’occupation de lieux culturels se multiplient. Le jeudi 4 mars, les travailleurs du spectacle manifestent dans les rues d’une trentaine de villes. Depuis, à Paris le théâtre de la Colline est occupé, à Pau celui de Saragosse, à Strasbourg, le TNS , à Nantes et dans un nombre croissant de salles, les travailleurs du spectacle sont en train de décider de leur mouvement.

Ils ne sont pas seuls : déjà, à l’Odéon, ils ont reçu le renfort et le soutien des salariés de l’événementiel et de la restauration. C’est de la précarité de l’emploi qu’il s’agit. Toute la jeunesse, nombreuse dans ces professions, en est victime. Et pour eux cela tournerait à la catastrophe si la contre-réforme du régime général de l’assurance-chômage, voulue par Macron, devait entrer en application.

Le 6 mars, après trois jours d’occupation, la ministre Bachelot vient à l’Odéon. Elle dit son empathie et sa volonté de préserver les emplois artistiques mais les occupants, soutenus par la CGT du spectacle, lui demandent des choses précises :

«  –    Un retrait pur et simple de la réforme de l’assurance-chômage ;

  • Une prolongation de l’année blanche, son élargissement à tous les travailleurs précaires, extras et saisonniers entre autres, qui subissent les effets, à la fois de la crise et des politiques patronales, ainsi qu’une baisse du seuil d’heures minimum d’accès à l’indemnisation chômage pour les primo-entrant.es ou intermittent.es en rupture de droits.

  • De toute urgence, des mesures pour garantir l’accès à toutes les travailleuses et travailleurs à l’emploi discontinu et autrices et auteurs aux congés maternité et maladie indemnisés;

  • Un financement du secteur culturel passant par un plan massif de soutien à l’emploi en concertation avec les organisations représentatives des salarié.es de la culture;

  • Des moyens pour garantir les droits sociaux -retraite, formation, médecine du travail, congés payés, etc. – dont les caisses sont menacées par l’arrêt des cotisations. Pour porter ces revendications, nous exigeons, dans les plus brefs délais, une réunion du CNPS (Conseil National des Professions du Spectacle) avec le Premier Ministre;

  • Enfin, nous, occupant.es de notre théâtre de l’Odéon, demandons le libre accès à la place et au bâtiment. »

Mais la Ministre Bachelot n’a d’autre réponse que ses protestations d’amour des arts et de la culture et cela renforce la détermination de tous à l’Odéon « à reconduire l’occupation. Et encourager la mise en place d’autres actions partout où cela est possible ! »

Non seulement l’occupation se poursuit depuis six jours maintenant, mais le mouvement prend de l’ampleur et représente à présent une colère qui dépasse celle du seul secteur culturel.

« Six chômeurs sur dix non-indemnisés », « Gouvernement disqualifié », « Macron-Castex-Bachelot, non essentiels », les constats des précaires de la culture posent une question claire :

Peut-on laisser détruire l’assurance chômage en s’occupant à peaufiner des équipes et des programmes présidentiels que cette nouvelle destruction de droits emportera dans la poubelle de 2022 ? Les travailleurs du spectacle ont répondu : Encourageons d’autres occupations !

Le 10-03-2021.


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