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SOURCE : Frustration
Quand on dit que Le Pen et Macron, c’est la même chose, on nous répond parfois que « oui, mais au moins, sous Macron, on a encore la liberté syndicale, celle de s’organiser politiquement et surtout de penser ! » Ces droits – fort théoriques puisqu’il est devenu très compliqué d’être syndiqué sans voir ses conditions de travail durablement affectées – vont vous attirer des problèmes, car il fera l’objet de fichage politique.
Vendredi, trois décrets ont été publiés au Journal Officiel, révélés par le site Next INpact, pour étendre les possibilités de fichage des personnes « susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, à l’intégrité du territoire, ou des institutions de la République. Ou encore de constituer une menace terroriste »…. Ce qui fait potentiellement beaucoup de monde, surtout si c’est la police qui doit apprécier ce périmètre.
Techniquement, le gouvernement a modifié l’article R 236-13 du code de la sécurité intérieure pour remplacer « des ACTIVITÉS politiques, philosophique, religieuses où syndicales » par « des OPINIONS politiques, des convictions philosophiques, religieuses ou une appartenance syndicale ». Le fichage était déjà possible sur ce que l’on faisait, pas sur ce que l’on pensait.
Ces nouvelles données sur les opinions politiques, les convictions philosophiques, religieuses, ainsi que les comportements et habitudes de vie, les pratiques sportives, etc., viendront compléter trois grosses bases de fichage politique et personnel utilisées par les autorités : le fichier de Prévention des atteintes à la sécurité publique (PASP), le fichier Gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique (GIPASP) et le fichier Enquêtes administratives liées à la sécurité publique (EASP). Ce dernier fichier est utilisé pour réaliser les enquêtes administratives préalables à certains recrutements dans la fonction publique… Autant dire qu’il va falloir être au garde-à-vous pour servir l’Etat.
Ces fichiers sont gérés directement par la police. L’intervention d’un juge n’est pas requise pour les abonder et les consulter. Le fichage est donc étendu à la seule appréciation de la police, directement au service du pouvoir. Elle est où « la séparation des pouvoirs » ? Et « l’Etat de droit » ? Et la liberté d’expression, alors ? C’est seulement pour faire des caricatures pour se moquer des musulmans ou des pauvres ?
Clairement, sous le macronisme, l’Etat de droit et les libertés individuelles n’existent que quand on est blanc et aisé. Alors là, tout baigne. Mais pour peu qu’on soit salarié, racisé, en colère et révolté, alors là, ne comptez plus là-dessus : les salariés de Monoprix – ces gens en « première ligne » que tous les bourgeois applaudissaient au premier confinement et qui se font écraser dans l’indifférence générale lors du deuxième – qui ont protesté pour avoir leur prime covid ont été condamné pour avoir « nuit à l’image de l’entreprise ».
Sur le plan des libertés et des grands principes républicains donc, seuls les bien portants vivent encore dans une bulle d’ »Etat de droit ». Et c’est pour cela qu’ils ne bougeront pas le petit doigt pour lutter contre notre Etat autoritaire (sauf quelques journalistes quand l’exercice de leur profession est trop attaqué). Leur antifascisme, nous le disons ici depuis des années, n’est que théorique : dénoncer ce qui ressemble à du fascisme, mais applaudir ce qui en est mais n’en a pas la couleur. Le CAC 40 vient de clôturer en bourse son meilleur mois depuis trente ans. Les droits sont piétinés, les profits se portent au mieux. La liberté, c’est pour eux, le fascisme, c’est pour nous.