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SOURCE : NPA
Le Monde revendique sa censure d’une tribune initialement publiée sur son site :
Cette tribune pointe l’importance de la transmission du virus dans les transports en commun, une réalité inacceptable pour Macron et les médias à la botte ! Pas question de remettre en cause le pouvoir patronal ! Pour ces ordures, il n’est absolument pas dangereux de prendre les transports bondés… Par contre sortir dehors le soir se promener est très dangereux et doit donc être réprimé sévèrement !
Cette tribune censurée a été mise en ligne par la commission santé/sécu du NPA
TRIBUNE
Les consultants Joël Hazan et Ugo Deschamps pointent, dans une tribune au « Monde », les inconnus autour de la question de la mobilité des salariés qui reste un enjeu crucial pour assurer un déconfinement durable.
Publié le 12/12/2020
e De quoi les Français ont-ils le plus de mal à se priver pendant cette période de restrictions ? De se rendre sur leur lieu de travail… Tous les chiffres le confirment. Le 29 octobre, avant l’instauration du couvre-feu, la fréquentation des musées, magasins et restaurants était en baisse de 34 % en Ile-de-France par rapport au niveau pré-crise, alors que la fréquentation des bureaux ne reculait que de 17 %.
Une fois le deuxième confinement engagé en novembre, cette fréquentation des lieux de travail baissait de seulement 31 %, alors qu’elle avait chuté de 56 % lors du premier confinement. Déjà, avant la crise, seuls 7 % des salariés français pratiquaient régulièrement le télétravail… alors même que l’amélioration de la productivité et de la satisfaction des employés a été maintes fois démontrée.
Cet apparent besoin de se retrouver sur le lieu de travail aggrave-t-il la propagation du virus ? Très probablement. D’abord, tout le monde le reconnaît, à cause des contaminations entre collègues qui représentent plus d’un quart des clusters identifiés. Ensuite, et c’est moins largement admis, à cause des trajets domicile-travail.
L’heure de pointe expose à un risque de contamination
Si les images de quais et rames de métro bondés enflamment régulièrement les réseaux sociaux, certains, s’appuyant sur les rapports de Santé publique France, ont cru pouvoir annoncer que les transports n’avaient que peu d’impact : « Moins de 1 % des clusters sont détectés dans les transports en commun. » C’était sans compter que les clusters identifiés ne représentent que 10 % des cas de contamination.
Les entreprises et les rassemblements familiaux ne sont pas les principaux lieux de transmission : ils sont les seuls que nous savons retracer. Si rien ne peut être prouvé, tous les indices convergent cependant. En Ile-de-France, 65 % des trajets domicile-travail se font en transports en commun, durent en moyenne 1 heure 24 et continuent à s’effectuer à 71 % en heure de pointe malgré les risques afférents.
»
Malgré une fréquentation moyenne en baisse de 30 % en octobre, la promiscuité de l’heure de pointe expose à un risque important de contamination, comme l’indique le professeur Yves Buisson, membre de l’Académie de médecine et responsable de la cellule de veille sur le Covid-19 : « Si vous restez plus de dix minutes entassés les uns sur les autres dans les transports en commun et qu’un porteur du virus se trouve au milieu, la contamination peut arriver. »
Réduire de plus de 30 % les déplacements pendulaires
Il est donc probable que lors des deux vagues, les trajets domicile-travail ont largement contribué à la propagation du virus. Et qu’il en sera probablement de même après le déconfinement à venir. Est-il possible de limiter la fréquentation des transports de telle sorte qu’ils ne contribuent pas à l’accélération de la diffusion du virus ? Et qu’ainsi nos voisins arrêtent de railler l’inconstance de nos politiques ?
Les mesures évidentes n’ont pas suffi. Les invitations de la ministre du travail au télétravail n’ont convaincu ni les entreprises ni leurs salariés. Le télétravail forcé n’est, quant à lui, pas constitutionnel. Le développement de l’usage du vélo, pourtant très bien exécuté par la ville de Paris, ne peut pas suffire : son usage se révèle saisonnier et plus adapté aux loisirs qu’aux trajets professionnels. Des négociations sont engagées entre les organisations patronales et syndicales sur le télétravail ; elles prendront du temps.
Reste qu’il faut résorber ce foyer de contamination, le plus vite possible et pour de bon. A court terme, seules les entreprises peuvent agir : inciter au télétravail, vérifier que cette incitation est respectée, décaler les horaires de travail…
A moyen terme, il faut donner une incitation financière aux entreprises qui permettront à leurs employés d’éviter les transports aux heures de pointe. A long terme, nous devons rendre nos villes résilientes, grâce à des stratégies de coopération territoriale, de développement du coworking et d’échanges d’emplois. Ensemble, ces mesures ont le potentiel de réduire de plus de 30 % les déplacements pendulaires.
Ugo Deschamps(Consultant au Boston Consulting Group/ BCG) et Joël Hazan(Directeur associé au Boston Consulting Group/ BCG et chercheur associé du BCG Henderson Institute)