AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Révolution permanente
La RATP montre à nouveau le peu de considération qu’elle porte pour la santé de ses salariés comme des usagers. Alors que la crise sanitaire se poursuit, avec l’apparition inquiétante de variants du Covid, la régie des transports parisiens suspend différentes mesures visant à limiter les contaminations.
Encore une fois, la RATP a mal choisi son tempo face à la pandémie. Il semblerait qu’elle n’ait toujours pas digéré les mesures qui lui ont été imposées par les élus CSSCT, la médecine et l’inspection du travail, à coups de procédures et de mises en demeures, pour limiter le risque de contamination des salariés comme des usagers des transports parisiens. Ainsi, alors que la crise sanitaire montre peu de signes d’amélioration, avec le bond alarmant de la présence des variants du Covid19 en Île-de-France, l’entreprise s’empresse de lever des mesures barrières dans ses bus, prétextant les pressions d’Île-de-France Mobilités et de sa présidente Valérie Pécresse. Dès ce lundi 15 février, la vente de tickets à bord des bus, suspendue depuis des mois, reprendra avec la levée des protections mises en place pour mettre les usagers à distance des chauffeurs : retrait des plexiglass et ouverture des deux portes avant du bus. Autrement dit, c’est à nouveau la logique de la rentabilité qui l’emporte sur celle de la santé, alors que l’on sait les transports en commun être l’un des vecteurs du virus.
L’inspection du travail opposée à cette levée de gestes barrières dans les bus
L’inspection du travail s’est pourtant opposée à cette reprise de la vente, dans un courrier du 8 février adressé à la direction du département bus RATP : « L’abandon de ces mesures de protection apparaît préoccupant dans le contexte actuel de circulation de nouveaux variants du virus plus contagieux. L’Académie nationale de médecine le 22 janvier 2021 a appelé à des gestes barrières renouvelés dans les transports en commun (…). Ainsi, les raisons qui ont conduit à l’arrêt de la vente des billets à bord et à l’isolement physique du conducteur n’ont pas disparu et se sont aggravées. Aussi, la décision de reprise de la vente des billets à bord et de suppression des plexiglass apparaît, en l’état, incompréhensible puisqu’elle est de nature à exposer les conducteurs à un risque de contamination augmenté ». Dans un mail du 12 février, une médecin du travail adresse à la RATP un avis tout aussi explicite : « Il me semble raisonnable de suspendre le processus de reprise de la vente des billets ».
Comme nous l’explique Ahmed Berrahal, délégué CGT au dépôt de bus RATP Flandre à Pantin, et secrétaire CSSCT, la protection des salariés face au Covid a été une bataille de longue haleine : « Ce combat a été mené sur le terrain dès le début de la pandémie. Face à une direction qui nous disait que le masque ne servait à rien, les machinistes ont dû prendre leurs propres initiatives – port de masques, pose de rubalise – pour établir un minimum de protection. C’est comme ça, et avec notre travail au sein de la CSSCT, conjointement avec la médecine et l’inspection du travail, qu’on a pu faire stopper la vente de tickets, fin mars 2020. Mais aujourd’hui, malgré des avis négatifs des élus CSSCT, de l’inspection du travail et même d’un médecin du travail, ils reprennent la vente de tickets dans les bus. Tout ça montre bien que la direction n’en a rien à carrer de notre santé ».
Un appel à la grève dans les bus d’Île-de-France, pour préserver des protections face au Covid19
Face à cette mise en danger, la CGT a donc appelé les chauffeurs de bus RATP à la grève. Dans un tract, la CGT RATP Flandre dénonce le « cynisme » de l’entreprise : « la direction préconise d’aérer la cabine de conduite pour reprendre la vente en toute sécurité… en fin de compte elle nous donne 2 options : crever du Covid ou de froid ! » Pour Ahmed, « Tout ça n’a pas de sens ! On ne peut pas fermer cafés, coiffeurs et théâtres, et nous dire que la vente de tickets dans les bus est une activité essentielle. Les agents sont angoissés, ils ont peur de ramener le virus dans leurs familles et ils voient bien que leur santé ne fait pas partie des priorités de la direction, qui elle garde ses plexiglass dans ses bureaux quand elle n’est pas en télétravail ! Ils sanctionnent des agents qui portent mal leur masque, et à côté de ça ils retirent des gestes barrières. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu au moins 12 morts du Covid à la RATP, et si les contaminations ont freiné c’est bien grâce aux mesures qui ont été prises. Et encore, même avec ça tous les jours des salariés sont contaminés ».
Pour Ahmed, l’objectif de la direction de la RATP est clair : « La réalité c’est qu’ils préparent l’ouverture à la concurrence et que pour ça il faut renflouer leurs poches le plus possible. Donc au bout d’un moment il faut dire stop à toute cette mascarade ! Notre employeur doit être garant de notre sécurité. Au niveau des instances du personnel on a tout essayé. On a aussi fait tourner une pétition contre la reprise de la vente, qui a été massivement signée par les agents. Face à une direction bornée qui passe en force, aujourd’hui on n’a plus que la grève comme recours pour faire stopper tout ça. Et plus tard, la RATP devra rendre des comptes devant la justice pour mise en danger de ses salariés, car on ne va pas s’arrêter là ».