AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : Arguments pour la lutte sociale
Quelques faits illustrent le moment précis où nous en sommes.
1°) Il y a bel et bien eu une manifestation de 2000-2500 personnes à Paris pour le « retrait total » du projet anti-retraites de Macron le jour de l’ouverture des « débats » à l’Assemblée nationale. Ceci démontre que si l’intersyndicale CGT/FO/FSU/Solidaires avait appelé, et si elle appelait à présent, à une montée en masse, la réponse ne ferait aucun doute : nous serions des millions.
La coordination de délégués d’AG et d’interpros à l’origine de cette manifestation se réunit à nouveau dimanche 23.
2°) Passé le « temps fort » du jeudi 20 février, appelé avant le 17 février pour le contourner, l’intersyndicale (ainsi que l’UNEF et les organisations lycéennes) appelle maintenant à un prochain « temps fort » le mardi 31 mars. Ainsi serait aussi contournée une montée en masse, discutée dans certaines AG et groupes de Gilets jaunes, le 14 mars, ainsi que les élections municipales. Surtout, « on s’installe dans la durée », n’est-ce pas ?
On doit noter que l’appel intersyndical annonçant l’initiative du 31 mars, paru le 20 février au soir,ne comporte pas l’usage direct par l’Intersyndicale du mot « retrait ». Il fait dire que « Les travailleuses et les travailleurs ne baisseront pas les bras aussi longtemps que le gouvernement ne retirera pas son projet » tandis que l’Intersyndicale s’activera à tenir sa « propre conférence sur le système de retraite ». Il appelle à « faire échec » au projet de loi. Ce n’est certainement pas pinailler que de s’inquiéter du détail des formulations.
Il a été annoncé que la CGT quittait la « conférence de financement » : Catherine Perret, présentée comme n°2 du Bureau confédéral, en charge du dossier retraite, l’a annoncé mercredi matin 19 février. Cette bonne nouvelle a été démentie : le communiqué confédéral du jeudi 20 au soir indique : « nous sommes dans l’attente d’une réponse du gouvernement » ….aux propositions développées par la délégation CGT à la séance inaugurale. Le 19 février également, la Commission Exécutive confédérale de la CGT-FO déclarait que celle-ci n’est « pas dupe » de l’opération « conférence de financement » … et laisse en conséquence le Bureau confédéral « décider d’en sortir le moment opportun ».
C’est si difficile que ça de ne pas retourner à la conférence de financement ? Oui, car cela tient aux mêmes raisons que le refus acharné de lever le verrou contre une montée nationale à Paris : ne pas affronter centralement Macron et donc craindre de gagner.
Voila pourquoi nous devons nous inquiéter de toujours voir le mot « retrait » dans les communiqués de l’intersyndicale : sa disparation à l’improviste pourrait couvrir un glissement vers la « mise en débat des propositions à faire », en relation éventuelle avec le « débat » parlementaire dépourvu de toute issue possible. La direction de la CGT entend justement mettre en route des sortes d’assises sur les « contre-propositions », des « contre-conférences de financement », en sortant de celle-ci … ou pas. Lesquelles doivent se tenir le 24 mars. « Tenir dans la durée » … pour lâcher le mot d’ordre de retrait ?
3°) Ce même lundi 17 février, la grève a été faible à la RATP, témoignant de la fatigue et de l’absence de conviction que, sans appel intersyndical, une grève massive pouvait à nouveau se produire. Cela doit aussi être pris en compte.
4°) Conclusion provisoire : la vague en profondeur et en extension n’est pas terminée, mais de « temps forts » en « temps forts » les directions nationales de l’intersyndicale sont parvenues à faire refluer le mouvement sous les formes sous lesquelles il avait été engagé le 5 décembre. Ce qui ne veut pas du tout dire retour à la case départ. Une appréciation réaliste doit tenir compte que la « durée » obligée, en raison des obstacles politiques mis par les directions nationales, est intégrée à la base aussi, et qu’on n’y est pas décidé à baisser pavillon, juste à se reposer un peu pour repartir. La grève de masse qui bloquerait le pays et chasserait Macron rougeoie toujours sous la cendre, une montée de millions à Paris à l’Assemblée Nationale en ouvrirait concrètement la perspective.
Cela va donc rebondir, en combinaison avec la crise du régime dont les élections municipales vont faire partie, comme l’a montré l’ « affaire Griveaux ». Le débat politique pour aider à maintenir et approfondir les formes d’auto-organisation portant cette volonté de combat est plus que jamais nécessaire.
Le 21-02-2020.