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SOURCE : Regards
Interview de Thomas Porcher, l’ancien colistier de Glucksmann. L’économiste évolue bien ! Il envisage même désormais une sortie de l’euro.
En pleine crise du COVID-19, les places financières vacillent. La Bourse de Paris a chuté de 8,39%. Du jamais vu depuis 2008. Thomas Porcher, économiste et auteur de Les Délaissés, est l’invité de #LaMidinale.
ET À LIRE…
Sur l’impact du Coronavirus dans l’économie
« On a une triple crise : sanitaire, boursière et économique. »
« Il y a deux temporalités pour traiter cette crise : la première, c’est de faire en sorte que l’économie reparte vite. La deuxième, c’est de s’interroger sur la fragilité de notre modèle économique et la mondialisation. »
« La crise boursière est liée à l’incertitude de la propagation du coronavirus. »
« Si on endigue la propagation du virus, les bourses vont repartir. »
« La crise économique est due au coronavirus et affecte les PME, les restaurateurs, les PME du tourisme, les transports et là il faut trouver des mesures de soutien pour que ça reparte. »
« Le but aujourd’hui, c’est de se concentrer sur la crise sanitaire et d’oublier les déficits. »
« Aujourd’hui, la question des déficits doit être oubliée : la vraie question est sanitaire. Tous les esprits doivent être concentrés là-dessus. »
« Le plus important, ce n’est pas la crise économique, c’est la crise sanitaire. »
Sur l’impact économique du virus sur les salariés
« Le problème, c’est que si les PME n’arrivent pas à tenir, avant de fermer, elles vont devoir licencier. Et avec les lois travail, on peut licencier plus facilement. »
« Il faut des mesures pour que les PME puissent survivre et faire en sorte que la crise boursière ne se propage pas à l’économie réelle parce que quand vous avez une baisse du profit, on compresse la masse salariale. »
Sur la capacité des « délaissés » à constituer une force majoritaire
« Sur l’économie, malgré les différences géographiques, culturelles, sociales, les délaissés peuvent se rendre compte qu’il faut un autre modèle économique qui les serve tous. »
« Si les Italiens n’ont pas la capacité à soigner, c’est parce que ça fait dix ans qu’ils pratiquent une austérité sur les services publics et sur l’hôpital. Et nous en France, on en est pas loin. »
« Il faut réunir toutes ces classes, les délaissés, autour d’un modèle économique qui les serve plutôt que d’opposer les pauvres. »
« On a 85%-90% de personnes qui sont délaissées à différents niveaux : des cadres aux gilets jaunes, en passant par les agriculteurs ou les quartiers populaires. »
« L’intérêt du cadre, même si dans son vote il ne le matérialise pas, c’est de ne pas s’identifier aux 1% les plus riches mais plutôt aux gilets jaunes ou aux habitants des quartiers populaires. »
« Il faut faire de ces gens [gilets jaunes, cadres, agriculteurs, quartiers populaires] une force majoritaire. »
Sur l’énarchie au sommet de l’Etat
« Aujourd’hui, vous avez des hauts-fonctionnaires qui pondent des rapports pour casser de la catégorie B ou C ; ou pour casser les retraites et flexibiliser le marché du travail ? »
« Les hauts fonctionnaires sont des lobbys au coeur de l’Etat. »
« Il n’y a plus d’Etat stratège aujourd’hui : la seule stratégie de l’Etat c’est de casser les entreprises publiques et de les privatiser. »
« L’Etat stratège a pour but de détruire l’Etat social et de libéraliser une grande partie des entreprises publiques. »
Sur la sortie de l’Union européenne
« Aujourd’hui, on a une matrice qui est pourrie de l’intérieur. »
« Chez les jeunes, vous avez une majorité de gens qui vous disent que l’Europe n’est plus une démocratie. Sur les questions climatiques, ils vous disent à 80% que l’Europe n’est pas à la hauteur (…). La jeunesse est très lucide. »
« L’Union européenne a pour but de fabriquer de l’austérité budgétaire, de casser les services publics. »
« Pourquoi on ne ferait pas un rapport sérieux pour avoir un scénario de sortie de la zone euro ? »
« La France a le poids économique pour prendre le lead. »
Sur la financiarisation de l’économie
« La politique industrielle est soumise à la fluctuation des marchés financiers. »
« Le marché est une vision à court terme (…). On a besoin d’une stratégie de long terme. »
« Il faudrait séparer l’activité des marchés financiers – qui pourraient couler sans problème – de l’activité de financement de l’économie réelle dans les banques. »
« Il faut mettre dans les conseils d’administration des banques des usagers, des politiques, l’Etat. Dans ceux des entreprises, il faut mettre des salariés mais aussi des collectivités locales. La décision ne peut pas être seulement dans la main des actionnaires. »
Sur la probabilité de Le Pen en 2022
« Si on ne change pas de modèle économique, on va finir par avoir Le Pen ou quelqu’un d’autre du même genre. »