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SOURCE : Le Monde
Ce chiffre dépasse l’envolée des demandes d’allocation-chômage qui avait suivi la crise financière de 2008 aux Etats-Unis. Une nouvelle assurance fédérale permettra de verser 600 dollars par semaine aux chômeurs.
L’envolée est inédite. 3,283 millions d’Américains se sont inscrits au chômage en une semaine. Ce chiffre dépasse l’envolée des demandes d’allocation-chômage qui avait suivi la grande crise financière de 2008, alors que l’économie est à l’arrêt, en particulier les services, premiers pourvoyeurs d’emplois : restaurants, commerces, écoles, transports, salons de coiffure, musées, dentistes.
Ce chiffre a été révélé jeudi à 8 h 30, heure de New York, par le ministère fédéral du travail. Il porte sur la semaine s’étant achevée le 21 mars, lorsque la crise du coronavirus a paralysé économiquement les Etats-Unis. Il marque une hausse de 3 millions d’inscriptions au chômage supplémentaires par rapport à la semaine précédente, qui avait enregistré 282 000 nouvelles demandes, selon les chiffres du bureau du travail.
Marché contrasté
Cette crise met fin à une hausse ininterrompue de l’emploi depuis 113 mois, ayant conduit à la création de 22 millions d’emplois (sur une population active de 165 millions d’Américains). En février, le taux de chômage était à 3,5 %, niveau historique jamais atteint depuis la fin des années 1960. La participation à l’emploi réaugmentait de manière satisfaisante, eu égard au vieillissement de la population. Le taux de chômage pourrait rapidement dépasser les 10,8 % atteints en 1982, à la sortie de la récession provoquée par la révolution iranienne de 1979 et le combat de la Reserve fédérale contre l’inflation. Le chômage avait atteint 9,9 % en 2009, au pire de la crise financière.
Le marché du travail est contrasté, avec des entreprises à l’arrêt, comme General Electric, qui va se séparer de 2 500 personnes, ou Ford. Mais les géants de la distribution (à distance ou non) ou de la pharmacie comme Amazon, Walmart ou CVS veulent embaucher 500 000 personnes.
Devant l’afflux des inscriptions chômage, les administrations locales cherchent à recruter, par exemple dans l’Illinois, la Louisiane ou le Massachusetts. Leurs serveurs informatiques ont parfois défailli en raison de l’afflux des demandes. L’inscription est indispensable pour que les Américains puissent toucher leur assurance chômage.
Celle-ci va jouer un rôle inédit dans cette crise. Le Sénat a voté dans la nuit de mercredi à jeudi un paquet de 2 000 milliards d’aides à l’économie, dont 250 milliards dollars à une nouvelle assurance chômage fédérale.
« Si vous avez été licencié, vous allez recevoir 600 dollars par semaine de plus » pendant quatre mois, a précisé le sénateur progressiste du Vermont, Bernie Sanders. Pour la première fois, les travailleurs ayant un statut d’indépendant, comme les chauffeurs Uber, y auront droit. Cette somme viendra en complément des 200 à 550 dollars payés chaque semaine par les Etats fédérés pour une période de trois à sept mois. En moyenne, fin 2019, cette couverture était de 368 dollars par semaine, soit 45 % du dernier salaire.
Cette mesure a longtemps fait débat, mercredi 25 mars au soir, quatre sénateurs républicains contestant un système qui permettrait à certains de gagner plus au chômage qu’en travaillant, encourageant les Américains à quitter leur travail. « Je ne crois pas que cela va créer des incitations négatives », a déclaré Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor. « Ce que la plupart des Américains veulent, c’est garder leur emploi. »
S’y ajoute une intervention directe de 500 milliards de dollars du Trésor américain. Les ménages vont recevoir un chèque de 1 200 dollars par personne, à condition de gagner moins de 75 000 dollars par an pour une personne, et 150 000 pour un couple, ainsi que 500 dollars par enfant. La mesure, dégressive au-delà, permet de donner du pouvoir d’achat immédiat aux ménages, dont beaucoup sont privés de leur travail du jour au lendemain. Elle doit être versée d’ici à trois semaines, selon M. Mnuchin.