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SOURCE : Le Comptoir
S’il était, par civisme et esprit du bien commun, impératif de respecter le confinement ces deux derniers mois, quel que soit son âge, la presse a déjà pu se faire l’écho de plusieurs dérapages de gendarmes et de policiers faisant du zèle. Confondant confinement et détention, la période actuelle permet de mettre à jour un glissement dangereux des forces de l’ordre vis-à-vis de la population.
Les gilets jaunes avaient déjà pu le remarquer : les gaz lacrymos, les tirs de LBD, les grenades de désencerclement, n’étaient pas des moyens de maintien de l’ordre. Il s’agissait de punitions corporelles (voire de mutilation) infligées sans jugement. Pire, en obtenant le privilège de ne pas être concernés par la réforme des retraites, les forces de l’ordre ont obtenu une prime pour les violences infligées au peuple. Cette répression violente, arbitraire, qui n’a fait l’objet d’aucune retenue, d’aucune conséquence auprès des forces de l’ordre, les ont transformés psychologiquement en petits caïds imposant leur loi.
Il ne fallait donc pas s’attendre à de la mansuétude et de la pédagogie de la part de ces derniers dans la mise en application de la loi concernant le confinement. Bien au contraire, à plusieurs reprises, la presse s’est faite l’écho de ces dérapages. Des gens verbalisés pour donner à boire à leurs chevaux, pour parler à travers une vitre à un parent malade, des paniers de courses jugés comme non nécessaire… Malgré la bonne foi des citoyens, un jugement incontestable et arbitraire s’applique de la part d’agents qui punissent davantage la population qu’ils ne la protège.
Par moment, comme dans cette vidéo au sujet de saisonniers en caravane, on peut même entre-apercevoir la jouissance d’utiliser l’intimidation sur des personnes incapables de répondre. Si nous pouvons en rire pour le moment, cette psychologie profondément délétère et malsaine, augure un bien triste avenir.
C’est ainsi que petit à petit s’installe dans la population la peur du gendarme, non comme représentant de la loi, mais comme force violente et arbitraire face à laquelle, désarmé, nous sommes impuissants. Dans les campagnes, certaines personnes en viennent à rester chez eux par peur n’ont pas de la maladie mais des forces de l’ordre. Au dernier pointage, les forces de l’ordre auraient procédé à 12,6 millions de contrôles dans le cadre du confinement et relevé 762 106 infractions, soit 6% de citoyens ne respectant pas les règles du confinement. Société à deux vitesses encore une fois, quand on sait que ces 12,6 millions de contrôles auraient été beaucoup plus utile en test virologique.
Une menace qui s’étend
La délation, quant à elle, a explosé. L’auteur de cet article a pu lui-même observer une délation auprès de la régie dans son immeuble. Dans certaines agglomérations, les délations représentent 70% des appels à la police. Non content d’être fliqué par hélicoptère dans la mer et en montagne, une partie de la population que nous espérons minoritaires, pense nécessaire d’aider le bâton à battre l’âne.
Même la presse se fait le relais de ces délations comme en témoigne la fake news au sujet de l’office religieux réalisé dans l’église de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Utilisation d’image n’ayant aucun rapport avec les faits, des détails mensongers comme la soi-disant présence de fidèles, absence de corrigé dans les médias… Tout cela montre une valorisation de la dénonciation calomnieuse.
À certains endroits, les élus locaux et les préfets trouvent même de bons tons de réduire encore plus les libertés individuelles en instaurant des couvre-feu. Le Président de la République a dû les rappeler à l’ordre lors de sa dernière allocution télévisuelle. Dans les grandes villes, les quais et bords de mer ont été fermés. Il est clair qu’un espace large et aéré semblait bien plus dangereux pour la propagation du virus que des rues étroites… Comble du ridicule, à Paris, il a été interdit de courir de 10h à 19h, créant un contre-coup monstre en déversant tous les joggeurs dans la rue à 19h en profitant des derniers rayons de soleil.
Dérive inquiétante, le préfet de Seine-et-Marne souhaitait réquisitionner les chasseurs pour surveiller les sentiers… Même si les autorités ont fait marche arrière, la simple venue à l’esprit de cette idée dans la tête d’un préfet en dit très long sur l’absence de limite et le manque d’esprit républicain des représentants des institutions.
Une démocrature
L’entreprise de Mark Zuckerberg déploie un nouvel outil pour prévenir ses utilisateurs des fakes news auxquelles ils auraient pu être exposés. L’auteur de cet article ayant lui-même été notifié, il a pu s’apercevoir de la partialité totale du traitement de ces soit-disant fausses informations. En effet, un article sourcé de RT France apparaissait alors dans ces avertissements. Comme cité plus haut, la fake news sur l’église « pleine de fidèle » n’a par contre jamais été débunkée. On peut malgré tout leur laisser le bénéfice du doute. Aux États-Unis le niveau de l’intelligence critique, s’approchant d’Idiocraty, pourrait compromettre la sécurité des individus comme lorsque qu’un couple s’est auto-médicamenté avec de la chloroquine pour aquarium. C’est ici que l’on peut se rendre compte de l’importance de l’éducation, et de l’acquisition d’un esprit critique. Son absence détruit toute forme d’autonomie, les rendant parfaitement contrôlable.
Si les instruments numériques de traçage venaient à être imposé à la population en vue du déconfinement, cela ressemblerait à s’y méprendre au bracelet électronique des prisonniers en détention à domicile. Ajouté aux délations, l’intimidation des forces de l’ordre, l’interdiction de rassemblement prolongé… Il se dessine une menace de plus long terme que le virus. Nous courons le risque de n’être plus libres, ni citoyens. Nous serons épiés et jugés sommairement. Malgré les nécessaires mesures actuelles, il convient donc de rester prudent et de ne pas prendre la pente psychologique dangereuse où tout cela deviendrait acceptable sur le long terme. La politique citoyenne et républicaine doit continuer même en ces temps difficiles où même la liberté d’expression est bridée. C’est ainsi que récemment, une jeune femme a fini en garde à vue pour avoir déposer une banderole à caractère politique devant chez elle.
Desserts
- L’absence de limite entraîne des bavures répugnantes : Ici, un policier tire sur un de ses voisins trop bruyant
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- Le Président de la commission des lois à tout de même fini par réagir