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SOURCE : Arguments pour la lutte sociale
Avant le confinement, l’affrontement montait dans les lycées, opposant élèves et personnels au ministère et à la police contre les « E3C » du faux Bac-Blanquer, et il se préparait dans les campagnes et les quartiers contre les mesures dites de carte scolaire (suppressions de postes et fermetures de classes voire d’écoles).
Le confinement a été le temps du mensonge. Mensonge de la « continuité pédagogique » : Blanquer fait croire que l’école en n’allant plus à l’école, c’est toujours l’école. Il sait très bien ce qu’il fait par ce redoutable précédent. La vérité est qu’à leurs frais et avec leur matériel, les enseignants ont assuré une certaine continuité humaine et sociale, avec des aspects pédagogiques, en sachant que les inégalités entre élèves étaient en train de s’aggraver.
Mensonge des « mesures budgétaires exceptionnelles ». La crainte de mobilisations en zones rurales, y compris en plein confinement, a conduit Blanquer à lâcher 1800 postes et à décider que les maires des communes de moins de 5000 habitants peuvent, cette année, s’opposer à des fermetures de classes. Mais ces postes ne sont pas des postes en plus : le « plafond » est respecté et ils sont pris ailleurs, sur l’ensemble du ministère et sur les zones urbaines, en particulier sur les écoles en REP+ (éducation prioritaire, qui ne l’est plus vraiment du coup).
Arrive à présent le mensonge de la « reprise du 11 mai », décidée par Macron sur demande du MEDEF, contre l’avis du Conseil scientifique pourtant nommé par lui. Il aurait fallu organiser progressivement la reprise de contacts directs avec les élèves en commençant par les plus en difficultés, pédagogiques, sociales, familiales, et en situation de handicap. Il n’en est rien : ce travail est empêché par la reprise généralisée des écoles, puis, en « zones vertes », des collèges, et peut-être des lycées. Particulièrement scandaleux est l’abandon de fait des enfants handicapés avec qui les « gestes barrières » sont exclus, et celui des contractuels précaires qui les accompagnent, les AESH, « oubliés » par le ministère qui n’a publié un protocole sanitaire pour eux que… le 15 mai, et qui s’en remet au « local » pour les équipements de protection …
Mensonge encore que de faire croire à la « pédagogie » par l’« apprentissage des gestes barrières » imposé, pour commencer, aux petits de Maternelle !!!
En réalité, les choses « tiennent », avec toutefois des dizaines de cas avérés ou suspectés de contamination, pour deux raisons seulement : la débrouille des personnels et la faiblesse du nombre réel d’élèves présents. A quoi on peut ajouter les ponts du mois de mai …
Mais sur la base du mensonge sur un fonctionnement de l’école qui n’aurait jamais cessé, avant et après le 11 mai, alors qu’il est très profondément perturbé, Blanquer prépare la suite : un Bac au contrôle continu avec des notes revues localement, une rentrée de septembre reposant sur « trois piliers » : « présentiel », « distanciel » et périscolaire. Comme avec la télémédecine, les écrans sont présentés comme pouvant remplacer dans la durée le regroupement physique dans une classe, ce qui évite de créer les postes pour que les effectifs par classe ne dépassent pas … 15 (ils sont à 35 en lycée en moyenne !), puisque 15 est le nombre officiel pour éviter la contagion !
Et les communes, avec leurs maires pas encore installés ou leur second tour peut-être fin juin, seraient contraintes de financer largement le « périscolaire », alors que la « réforme des rythmes scolaires » lancée il y a douze ans s’est terminée par la renonciation à toute obligation car la plupart n’en avait pas les moyens ! A présent, Blanquer, fan des sigles, préconise le « 2S2C », sic, « Sport-Santé-Civisme-Culture ». D’ores et déjà, le « 2S2C » menace de se substituer, dans le cadre des protocoles de « reprises » des collèges, aux disciplines que sont l’EPS (Éducation Physique et Sportive) et les enseignement artistiques et musicaux. Enfin, « se substituer » est une formule gentille : comme la plupart du temps il n’y a RIEN, le « 2S2C » signifie la suppression pure et simple de ces enseignements. Pour la rentrée, Blanquer veut donc diminuer les heures d’enseignements au profit du « 2S2C ».
Pour la majorité des personnels de l’école publique, Blanquer est le pire ministre qu’ils aient eu, devant Allègre et quelques autres. Chasser ce ministre, et son gouvernement, était au cœur des mobilisations depuis juin dernier. Cela va revenir, mais cette-fois comme une question de survie : l’école publique est sans doute l’un des domaines où le gouvernement, acculé, ne voulant pas augmenter les moyens et dédoubler les classes, va avoir la pire politique de « déconfinement ». Nécessairement, la mobilisation des personnels, des parents et des défenseurs de l’école publique va se renouer, et elle va être frontale.