AVANT-PROPOS : les articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » ne représentent pas les positions de notre tendance, mais sont publiés à titre d’information ou pour nourrir les débats d’actualités.
SOURCE : L'Express
Une mutation du virus SARS-CoV-2 a-t-elle rendu le Covid-19 plus contagieux mais moins virulent ? C’est en tout cas l’hypothèse soulevée par plusieurs chercheurs. Selon une étude publiée dans la revue Cell, la variante du virus qui domine aujourd’hui dans le monde infecte plus facilement les cellules que celle qui est apparue à l’origine en Chine, ce qui la rend probablement plus contagieuse entre humains.
Mutation génétique
Après sa sortie de Chine et son arrivée en Europe, une variante du nouveau coronavirus, qui mute en permanence comme tout virus, est devenue dominante, et c’est cette version européenne qui s’est ensuite installée aux États-Unis. La variante, nommée D614G, concerne une seule lettre de l’ADN du virus, à un endroit contrôlant la pointe avec laquelle il pénètre les cellules humaines.
Alors qu’au premier mars la variante D614G n’était observée que dans 10% des séquences génétiques du virus étudiées par les chercheurs, celle-ci se retrouvait dans 78% des séquences à la mi-mai, indiquent les auteurs de l’étude publiée dans Cell. Or selon, Paul Tambyah, consultant senior à l’Université nationale de Singapour et président élu de la Société internationale des maladies infectieuses, ces données coïncident avec une baisse des taux de mortalité, rapporte l’agence Reuters. Cela suggère selon lui que cette mutation est aussi à l’origine d’une variante moins meurtrière du nouveau coronavirus.
“Peut-être que c’est une bonne chose d’avoir un virus plus infectieux mais moins meurtrier”, souligne-t-il auprès de l’agence de presse. “C’est dans l’intérêt du virus d’infecter davantage de gens mais sans les tuer, puisqu’un virus dépend de son hôte” pour survivre, ajoute-t-il.
Un impact sur l’immunité ?
Cette hypothèse pourrait en partie expliquer la situation surprenante dans certains pays, et notamment la France, où le rythme des contaminations augmente plus vite que celui des hospitalisations. Reste qu’il faut faire preuve de prudence, selon le professeur Patrick Berche, membre de l’Académie de médecine et ancien directeur général de l’Institut Pasteur à Lille.
“Attention, cette explication par la mutation génétique n’est encore qu’une hypothèse. Une autre explication possible est que le virus se propage désormais dans des populations plus jeunes et donc plus résistantes. Cependant, cette évolution récente me rend plus optimiste pour l’avenir qu’il y a quelques semaines”, indique-t-il dans Les Echos.
L’impact de cette mutation sur l’immunité humaine ne devrait par ailleurs pas altérer l’efficacité d’un potentiel vaccin selon Sebastian Maurer-Stroh, directeur exécutif adjoint de l’agence singapourienne pour la science, la technologie et la recherche. Ces “variants sont presque identiques et ne modifient pas les zones généralement reconnues par notre système immunitaire, donc cela ne devrait faire aucune différence pour les vaccins en cours de développement”, explique-t-il à l’agence Reuters.