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SOURCE : bALLAST
Juin 1973. Des travailleurs de l’usine horlogère Lip de Besançon découvrent, dans la serviette d’un administrateur, que la direction entend « dégager » près de 500 salariés. C’est donc sans tarder que l’usine est occupée, et la production — des milliers de montres — réquisitionnée par celles et ceux qui les fabriquent. L’assemblée générale se prononce en faveur de la reprise de l’activité, mais sous la forme de l’autogestion ouvrière : « C’est possible : on fabrique, on vend, on se paie ». Le soutien populaire est massif et un certain Valérie Giscard d’Estaing lâchera : « Les Lip vont véroler tout le corps social. Il faut les punir. Qu’ils soient chômeurs et qu’ils le restent ! » En sa qualité de dirigeant syndical CFDT, Charles Piaget est alors l’un des principaux visages de la lutte. Il est né en 1928. Nous le retrouvons à Besançon ; sa mémoire des événements est intacte. Trois heures durant, il nous parle avec enthousiasme et humilité de la désormais fameuse « affaire Lip » — pour mieux poursuivre : une société socialiste, oui, c’est encore « possible ».