« Mais pourquoi les agents RATP ne font pas une opération “transports gratuits” au lieu de nous prendre en otage ? », peut-on entendre régulièrement.
Des raisons propres à la RATP
Si les travailleurs/ses de la RATP – mais aussi de la SNCF – choisissent la grève, c’est parce que c’est leur seule arme véritable car :
- une majorité des usager.e.s des transports possèdent un abonnement. Une opération « transports gratuits » ne les concernerait donc pas et ne serait pas un manque à gagner pour la RATP.
- le chiffre d’affaire de la RATP ne dépend plus du nombre de tickets ou abonnements vendus. Elle n’est plus financée en fonction du nombre d’usager.e.s ni même du nombre de validation mais en fonction du nombre de km commerciaux contractualisés (KCC) : chaque année la RATP (et la SNCF pour certains RER) s’engage auprès d’Île-de-France Mobilité (IdFM) à faire un certain nombre de kilomètres par ligne, sous peine de pénalités. C’est d’ailleurs ce quota de KCC à effectuer coûte que coûte qui les pousse à faire rouler bus et trains à tout prix, même défectueux. Tant que trains et bus roulent, même vides ou remplis de « fraudeurs », la RATP gagne de l’argent parce que ce qui compte, c’est qu’elle fasse le nombre de km/ligne qu’elle s’est engagée à faire.
- les agent.e.s RATP s’exposeraient à de lourdes sanctions. En gare, les animateurs agents mobiles sont là pour assurer le bon fonctionnement du matériel et s’exposeraient à des licenciements pour faute grave s’ils désactivaient les systèmes de validation. Dans les bus, outre que les conducteurs/trices ne pourraient pas empêcher les contrôleurs/euses de verbaliser les usager.e.s, illes seraient aussi en faute professionnelle en incitant à la fraude et des agents de la Brigade de Surveillance du Personnel peuvent passer à tout moment…
Les atouts de la grève
Mais au-delà de ces arguments internes à leur mode de fonctionnement, les transports en commun sont aussi pour la majorité des travailleurs/ses, la seule manière de se rendre sur leur lieu de travail : les travailleurs/ses du rail occupent donc une place centrale dans l’économie. En paralysant les transports publics, illes fragilisent toute l’économie du pays. Et ralentir voire en paralyser la production capitaliste, cela prend la bourgeoisie au portefeuille…
Enfin, la grève ne permet pas seulement de bloquer l’économie capitaliste, elle permet aussi d’avoir du temps pour débattre collectivement, décider au quotidien des suites de la mobilisation bref, de s’auto-organiser. L’argument n’est pas des moindres pour nous qui portons le projet d’une société émancipée où les travailleurs/ses décident elleux-mêmes de leur sort au quotidien.
Luttons pour que la bataille qui s’engage contre le projet de réforme des retraites ne permette pas seulement d’imposer le retrait mais qu’elle permette aussi de consolider l’auto-organisation des travailleurs/ses et ainsi de poser les jalons d’une société autre. Société où enfin ne décident pas celleux qui possèdent les moyens de production mais celleux qui les font fonctionner.