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SOURCE : La Tribune
Le collectif Bordeaux Debout, soutenu par la France Insoumise, et le NPA ont finalement réussi à faire leur jonction, ouvrant un nouvel espace, de la gauche à l’extrême gauche, pour la prochaine élection municipale en mars à Bordeaux, avec la liste Bordeaux en luttes, dont le chef de file, Philippe Poutou s’est présenté le 24 janvier avec plusieurs militants. Bordeaux en luttes agrège des écologistes mais aussi un courant Gilets jaunes, en particulier du collectif “Mutilé pour l’exemple”, en la personne d’Antoine Boudinet.
Ce jeune homme originaire de Bayonne a eu la main droite arrachée lors d’une manifestation des Gilets jaunes à Bordeaux, suite à la déflagration d’une grenade lacrymogène explosive chargée en TNT (en plus d’être assourdissante), de type GLI-F4. Figure de proue de lutte syndicale contre la fermeture de l’usine Ford Aquitaine Industries (FAI), à Blanquefort (Gironde/Bordeaux Métropole), qui n’a finalement pas pu être sauvée, Philippe Poutou refait surface par le biais des municipales à Bordeaux, à un endroit où on ne l’attendait presque plus.
Avoir des élus à la mairie, une bonne chose
Jérôme Agostini, coordinateur de la France Insoumise, a finalement réussi à former une nouvelle alliance dont les représentants ont martelé leur positionnement à la gauche de Pierre Hurmic, l’opposant écologiste à la mairie de Bordeauxqui est en passe de devenir l’une des têtes de Turc de Bordeaux en luttes. Après avoir estimé que les élus à la mairie de Bordeaux sont actuellement tous plus ou moins réactionnaires, Philippe Poutou a enchainé sans transition.
“Si nous pouvons avoir des élus à la mairie, on prend ! Nous ne sommes pas là pour faire de l’agitation une seule fois. C’est pourquoi nous avons besoin d’élus au parlement de Bordeaux, a lancé le candidat. Il faut, en plus des élus, un cadre militant plus large au quotidien”.
L’ex-candidat NPA à la présidentielle a cité quelques axes de campagne, le programme étant en cours d’élaboration, de même que la liste. Il a en particulier mis en avant sa volonté de livrer bataille dans le champ de la lutte sociale, en évoquant un meilleur partage des richesses, avant de souligner l’importance de l’axe écologique de la future campagne de Bordeaux en luttes. A cette occasion, Philippe Poutou a décidé de ne pas se cantonner à la préservation des fleurs et des arbres, mais d’inclure à cette équation écologiste la gratuité des transports en commun. Revendication qui est une priorité absolue pour le collectif Bordeaux Debout.
Un bloc NPA-France Insoumise à près de 10 % des voix
Philippe Poutou a ensuite reparlé de l’accueil des migrants, soulignant que personne ne devait dormir dehors, avant d’en appeler à la réquisition des logements vides. Comme l’a pointé en octobre dernier le sondage La Tribune/Elabe, qui a été le premier à éclairer la scène politique bordelaise d’avant municipale, l’extrême gauche -représentée en l’occurrence par Philippe Poutou-, était alors créditée de 3,5 % des voix aux prochaines municipales, quel que soit le scénario envisagé. Tandis que dans le même sondage la France Insoumise, représentée par son député Loïc Prudhomme, était de créditée de 6 %. Autrement-dit, sur le papier, l’alliance NPA et Bordeaux Debout a un potentiel de 9,5 % des voix. A partir de 10 % c’est la qualification pour le second tour.
“Nous visons 15 % des voix”, surenchérit Jérôme Agostini. Cette volonté de faire un score à la prochaine élection municipale s’accompagne d’un constat sans appel : les candidats de la liste Bordeaux en luttes vont devoir se retrousser les manches. “Sur un axe ouest/nord-ouest qui est celui des quartiers bourgeois dans la ville, les électeurs se mobilisent comme un seul homme pour aller voter. Alors que dans les quartiers populaires on ne vote pas”, a diagnostiqué Philippe Poutou.
Pierre Hurmic n’a pas la côte à Bordeaux en luttes
Autrement-dit faire basculer la ville va demander un énorme travail de porte à porte. Considérant la candidature de Pierre Hurmic, opposant EELV (Europe Ecologie/Les Verts) à la mairie et candidat à la municipale notamment allié au PS, crédité par les sondeurs d’une réelle capacité à bousculer le maire Nicolas Florian, Philippe Poutou commente : « il y a des questions qui se posent, nous sommes là pour en discuter ». Evoquant le trio de tête Nicolas Florian-Pierre Hurmic-Thomas Cazenave (LREM), pointé par les sondeurs, Philippe Poutou pose une question intéressée.
“Qu’est-ce qui sépare ces trois candidatures ? Hurmic devra faire la preuve qu’il est une véritable référence. Nous, nous pensons que ce n’est pas le cas”, a tranché presqu’aussitôt le chef de file de Bordeaux en luttes. La position de Pierre Hurmic qui ne réclame pas la gratuité des transports en commun mais un tarif dégressif en fonction des revenus ne saurait être du goût de Bordeaux en luttes. D’où la charge de Philippe Poutou, qui ne va pas faire rire chez les Verts. “Il ne faut pas confondre : l’écologie ce n’est pas de l’environnementalisme ! Nous ne sommes pas dans l’anthropocène mais bien dans le capitalocène”, a attaqué ce dernier.
Vincent Feltesse inquiète encore
Les participants à cette réunion fondatrice ont concentré leurs critiques sur Pierre Hurmic, attaqué pour n’en avoir pas assez fait sur le plan d’Airbnb, avec des mesures “qui n’ont servi à rien”. Et puis Philippe Poutou a posé la question du futur de l’ex-candidat Vincent Feltesse, crédité de 9 à 9,5 % des intentions de vote par notre sondage selon les cas de figure, et qui s’est retiré de la course au Palais Rohan. “Oui, Vincent Feltesse aurait arrêté mais il pourrait bien resurgir au côté de Pierre Hurmic et à ce titre c’est un adversaire comme les autres” a tranché Philippe Poutou, avant d’enfoncer un nouveau clou qui, c’est sûr, va faire mal au candidat écologiste.
“En plus c’est un produit de la cogestion, de la communauté urbaine puis de la métropole, entre les forces de droite et de gauche. Ils mangent ensemble, ils sortent ensemble… “, a pilonné l’ancien candidat NPA.
Sûr qu’avec ce type d’attaque Pierre Hurmic, qui a quasiment toujours été le seul à dénoncer la cogestion à l’assemblée de la métropole, risque de s’étrangler avec sa tartine de pain bio. Les 65 noms de cette liste devraient être connus le 20 février prochain.