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SOURCE : NPA
Le 14 janvier 1918, des grèves commencèrent à Vienne et s’étendirent rapidement à toute l’Autriche et à d’autres parties de l’empire austro-hongrois. Dans les motifs se mêlaient le rationnement alimentaire et l’aspiration à la fin de la guerre. Le parti social-démocrate (SDAPÖ)1 était un parti puissant, doté de théoriciens de valeur (notamment sur la question nationale), mais durant toute la période qui suivit, l’attitude de ses dirigeants fut gouvernée par l’attente du « bon moment » pour la prise du pouvoir.
Concessions de façade
Dans un texte écrit en 1923, Otto Bauer, qui était en 1918 un des dirigeants de la gauche du parti, insiste sur l’espoir qu’avaient les masses « de pouvoir transformer immédiatement la grève en révolution, de s’emparer du pouvoir et de gagner la paix ». Le gouvernement impérial semblait impuissant et, pourtant, les dirigeants de la social-démocratie autrichienne, la droite mais aussi la gauche du parti, s’employèrent à canaliser le mouvement, à le faire (non sans mal) rentrer dans son lit en arrachant des concessions de façade au gouvernement.
À l’automne 1918, la monarchie austro-hongroise se disloqua. Plutôt que de revendiquer le pouvoir pour les conseils d’ouvriers et de soldats qui se développaient, les sociaux-démocrates acceptèrent de diriger un gouvernement de coalition issu de l’Assemblée nationale provisoire. Les conseils étaient un lieu de débat politique mais aussi de prise en charge de besoins concrets de la société dans une situation de crise de l’État : ravitaillement, gestion du logement, soutien aux chômeurs ; ils prirent le contrôle de quelques entreprises. Il n’y eut pas d’évolution vers une situation de double pouvoir, notamment du fait de l’hégémonie social-démocrate en leur sein et de la confiance que les travailleurEs, même ceux favorable à une issue révolutionnaire, leur témoignaient : les élections aux conseils donneront moins de 10 % des voix aux communistes.